"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Mars 2011. La campagne présidentielle bat son plein, plus d'un an avant les élections. Le capitaine Gabriel Prigent débarque à la brigade criminelle de Paris après avoir vécu un drame à Rennes. Obsédé par l'éthique, il croise sur son chemin le lieutenant Christian Kertesz de la brigade de répression du proxénétisme, compromis avec la mafia corse et tourmenté par un amour perdu.
Alors qu'éclate une sordide histoire d'assassinats de prostituées mineures, ils plongent tous les deux dans une affaire qui rapidement les dépasse, entraînant dans leur chute une ribambelle d'hommes et de femmes qui cherchent à sauver leur peau - flics dépressifs, politiciens salaces, médecins corrompus, gangsters imprévisibles et macs tortionnaires.
Poursuivis par leurs propres obsessions et les fantômes qui les hantent, Prigent et Kertesz vont se livrer un duel sans merci, au coeur de la barbarie et des faux-semblants du monde contemporain.
Préface de Caryl Férey Lauréat du Prix découverte polar Sang-froid, Benjamin Dierstein signe ici son premier polar. Dans le civil il est agent de musiciens et directeur artistique d'un label spécialisé dans les musiques électroniques.
Benjamin Dierstein, j’ai eu le plaisir de le découvrir – en tant que jurée du Prix du Meilleur Polar des Lecteurs Points 2024 – avec le dernier opus de sa gigantesque trilogie (échos des années grises) : « La Cour des mirages ». Un roman bluffant et bouleversant, particulièrement « trash » … J’ai immédiatement décidé d’en savoir plus sur ses principaux protagonistes et me suis offert les deux précédents volets.
Mars 2011. Gabriel Prigent (quarante-six ans) sa femme (Isabelle) et sa fille de quinze ans (Élise) ont quitté Rennes (ville témoin de leur tragédie) pour Paris. Le Capitaine Prigent débarque au prestigieux « 36 » (le jour du pot de départ d’un dénommé Michel Morroni) et intègre le groupe de son remplaçant, Franck Beauvais …
Ses nouveaux collègues (la Capitaine Laurence Verhaeghen, le Lieutenant Patrice Gabach dit « Patoche », les Brigadiers Frédéric Daigremont et Nesrine Bensaada) ne sont pas tous heureux de sa présence. À leurs yeux, Gabriel Prigent est une « balance » qui a dénoncé des flics « véreux » à sa hiérarchie. Le Lieutenant Christian Kertesz de la BRP (lui-même louche dans sa façon d’appréhender sa fonction policière …) et son acolyte Gérard Berthelot ont également été conviés.
Christian Kertesz a des relations peu fréquentables, dans le milieu corse du banditisme corse de la capitale … Il va d’ailleurs s’investir (moyennant rétribution dans une affaire « parallèle » peu conventionnelle de façon totalement illégale) et se lancer à la recherche d’une petite fugueuse de seize ans, Clotilde Le Maréchal, dont le père est un homme « haut placé » … Marignan est un « boeuf-carotte » qui veut impérativement les peaux de Christian Kertesz et de Gérard Berthelot. Pour se faire, il a besoin de la coopération du Capitaine Prigent qui lui veut – en échange – la tête de Patrice Gabach …
Gabriel Prigent, dont une des jumelles (Juliette) a disparu le soir du 13 juillet 2006 (à l’âge de dix ans) alors qu’il se trouvait en sa compagnie dans le métro rennais, est au bord de l’explosion conjugal. Pendant que son épouse et son adolescente de quinze ans (qui a été « amputée » de son alter-égo) tentent de se reconstruire, lui-même plonge allègrement dans une dépression. (Et dans une enquête glauque de prostitution de mineures, dont certaines ont – hélas – été assassinées …)
Voilà, le décor est planté ! Un roman particulièrement noir (dont les détails sont parfois à peine supportables) mais complètement addictif ! Coup de coeur également pour ce long prologue qui mêle politique, criminalité, corruption et rivalité professionnelle … Il me reste donc à connaitre « l’entre-deux » de cette sordide » intrigue, dans un avenir proche
Caryl Ferey nous l'annonce en préambule, c'est de l'écriture de vieux briscard à laquelle nous allons avoir droit. Et en effet, dès les premières pages, on est happé par le récit, pas un temps mort durant plus de 600 pages...
Sur fond de campagne présidentielle -nous sommes en 2011- et de scandales politiques, c'est 4 mois au sein de la police que nous allons vivre.
D'un côté, Gabriel Prigent, capitaine fraîchement promu à la brigade criminelle du Quai des Orfèvres, assoiffé de justice. Sa voix, à la première personne, alterne avec celle de Christian Kertesz, à la deuxième personne, flic corrompu de la brigade de répression du proxénétisme. Finalement, les événements prouveront qu'ils ne sont pas si opposés que ça, ce sont tous deux des flics qui se perdent, dans leurs névroses, leurs obsessions.
Il y a du Olivier Marchal dans ce roman, le célèbre 36, les acronymes bien connus des amateurs de polar français, le parler policier... Il y a également du James Ellroy dans ces personnages, dans le rythme du roman.
L'écriture est efficace, suivant le rythme de l'action, saccadée lors des scènes d'action, syncopée, ne laissant pas à certaines phrases le temps de se finir. Malgré quelques invraisemblances ça et là, le lecteur est emporté dans cette enquête effrénée.
Pour un premier roman, c'est une vraie réussite, et Benjamin Dierstein prouve que le polar français peut se placer sans rougir à côté des meilleurs polars américains.
Capitaine Gabriel Prigent ; lieutenant Christian Kertesz : deux flics qui tentent de survivre avec leur fractures et leurs névroses. Le premier a mis la justice au-dessus de tout, au point d'en négliger sa famille et de ne pas hésiter à franchir les lignes rouge pour punir les méchants. Le second a basculé du coté de la pègre pour tenter d'effacer un dette. Tout les oppose, et ils tenteront de s'annihiler, jusqu'à ce qu'une cause commune les réunissent : Gabriel veut identifier les meurtriers de plusieurs jeunes prostituées ; Christian veut sauver l'une d'entre-elle, qui semble avoir échappé aux tueurs, mais qui reste introuvable. Leurs enquêtes se croisent, avant de se rejoindre, dans les milieux interlopes du grand banditisme corse, des réseaux de prostitution venant de l'Europe de l'est, de la politique, et des flics ripoux.
Pour son premier roman, Benjamin Dierstein nous raconte une histoire assez improbable, mettant en scène les caricatures du flic justicier et du flic ripoux, de la mafia corse et du nouveau proxénétisme venant de l'Europe de l'est. Les plus sympathiques, ce sont peut-être les corses, avec une forme de naïveté "à l'ancienne" qui les perdra.
Que reste-t'il alors pour rendre la lecture attractive ? D'abord, le rythme échevelé de l'action et de la narration, avec l'alternance des points de vue des deux héros, le justicier et le ripoux. Ensuite, l'écriture, précise, directe, sans fioriture, où les mots sont parfois tronqués pour accélérer le rythme. Enfin, l'étude psychologique des deux flics dont l'action est en grande partie dictée par les traumatismes du passé. Peut-être peut-on terminer en reprochant, parfois, une violence inutile.
En 4ème de couverture, Caryl Férey écrit : "Du DOA sous amphets, précis, nerveux, sans fioritures." J'ai envie de le paraphraser en écrivant : "Noir et violent comme le Férey de Zulu, Utu, Haka ou Mapuche, mais sans la dimension ethnologique."
Oh, p... ! Ça, c'est du polar ! Le souffle court, le coeur qui monte dans les tours, la tête fracassée, tu plonges dans ce tourbillon infernal où s'affrontent des flics, des gangsters, des politiciens, sur fond de proxénétisme et de pornographie, sans songer un seul instant à faire une pause, à souffler. Tu ne peux tout simplement pas.
Difficile de croire que c'est un premier roman, tant la narration est maîtrisée. Un phrasé mitraillette à la James Ellroy qui t'emporte sans te lâcher, et des originalités d'écriture qui accentuent le rythme ( les mots coupés sans ponctuation pour marquer une interruption, j'adore, c'est tellement parlant !)
Et cette narration à deux voix ! C'est trop malin, trop bien fait, tu es obligé(e) de continuer à lire parce que tu veux savoir si l'un va arriver avant l'autre au bout de l'histoire.
Si "La sirène qui fume" ne devient pas un film, c'est à n'y rien comprendre !
#livres #chroniques #thriller #polar #lecture #sirène #BenjaminDierstein
Le quatrième de couverture :
Mars 2011. Une série de meurtres de prostituées mineures ébranle la PJ parisienne. Fraîchement muté au 36, le capitaine Gabriel Prigent, hanté par son passé et sa soif de justice, est bien décidé à découvrir la vérité, quitte à faire tomber des têtes. D'autant que cette affaire semble avoir un lien avec son pire ennemi, le lieutenant Christian Kertesz, compromis dans un business juteux. Entre tourments intérieurs et obsessions dévorantes, la quête de la vérité ne les laissera pas indemnes. Car dans le jeu de la rivalité, Prigent et Kertesz courent à leur perte.
Benjamin Dierstein est agent et directeur artistique d'un label spécialisé dans les musiques électroniques. La Sirène qui fume est son premier polar.
"Du DOA sous amphét'", rien que cette phrase m'a titillé et donné envie d'ouvrir ce roman, tout d'abord parceque j'aime DOA mais aussi ne serait-ce que pour voir si le propos est exagéré ou non. Caryl Férey cite lui le grand Bukowski : "Un putain de bon roman". Je me méfie toujours de ce genre de phrases "marketing" utilisées à outrance pour harponner le lecteur... Alors, exagéré ou non ?
Pour moi, absolument pas, et l'auteur, dont c'est le premier roman (il faut le souligner compte-tenu de la qualité de ce premier livre), nous livre ici une petite bombe. L'histoire est déroulée à un rythme infernal, une fois le nez dedans, impossible pour le lecteur d'en sortir.
C'est addictif, nerveux, violent, sombre. On trouve du déjà vu comme les flics ravagés par leur travail et se gavant de médicaments, la corruption...Le trait est forcé, ce n'est pas nouveau, et pourtant il y a ici un quelque chose différent, un style qui va immerger complètement le lecteur et le mener par le bout du nez tout le long de sa lecture.
L'auteur alterne entre deux personnages principaux à chaque chapitre avec pour les distinguer l'emploi de la première personne du singulier pour l'un et l'emploi de la deuxième personne du singulier pour l'autre. La narration est intelligente et l'auteur joue particulièrement de certains effets : chapitre avec phrases très courtes pour des parties intenses et violentes, bloc de texte sur plusieurs pages sans paragraphes pour retranscrire des moments de grande confusion...Bref, c'est propre, soigné et intense.
Peut-être que l'on peut y trouver deux trois défauts quand même, la répétition de certains éléments devenant parfois un peu lourdes (je ne compte plus le nombre de mots pour dire que nos deux flics prennent des médocs') ou encore le côté très jargonneux de milieu policier bien mis en avant, très réaliste mais on peut parfois s'y perdre.
Mais ce ne sont que des détails anecdotiques au vu des nombreuses qualités de ce livre.
Pour ma part, j'ai adoré cette ambiance, ce style, ce rythme et je conseille donc cette petite pépite sans hésiter vous ne devriez pas le regretter. Et moi je n'ai plus qu'à attendre le suivant en espérant qu'il y en aura bien un !
J'ai lu ce livre dans le cadre de la sélection des lecteurs pour le "Prix du Meilleur Polar Points2019". Merci à eux de m'avoir sélectionnée.
Un polar pur et dur : des meurtres sanglants, de la prostitution, des bons flics et des ripoux, des gangs, de la corruption. de l'action ... et encore de l'action ...
Mars 2011, la PJ parisienne est confrontée à une série de meurtres de prostituées mineures. le capitaine Gabriel Pringent, fraîchement affecté au 36 est décidé à découvrir la vérité coûte que coûte. Mais son rival et ennemi le lieutenant Christiant Kertesz ne l'entend pas de cette oreille. Une enquête difficile pour ces deux hommes tourmentés, détruits par leurs obsessions respectives.
Pas de temps mort ni de répit pour le lecteur : beaucoup d'actions, des meurtres sanglants, des passages au 36 où personne ne dort jamais, des filatures à travers tout Paris, des prostituées, des gangs en guerre, des bussiness illégaux...
Benjamin Dierstein signe un premier polar nerveux, à l'écriture précise. de belles descriptions pour les actions menées tambour battant et ses nombreux personnages aux caractères bien affirmés.
Dans les différents chapitres, le héros s'exprime par JE, tandis que l'anti-héros utilise le TU !!! Loin de me gêner, je trouve au contraire que cette construction donne de la puissance aux personnages et à l'histoire.
Seul bémol pour ma part : une fin assez invraisemblable.
Un bon polar bien écrit dans lequel je ne me suis pas ennuyé une minute.
Ce livre est une véritable tuerie . L'accord parfait entre personnages qui vous marquent , un récit complètement dingue - émotions garanties - et un rythme de damnés .
Une histoire de flics grandeur nature :
- le premier , le lieutenant Christian Kertesz de la Brigade de Répression du Proxénétisme est plutôt du type ripou . Il baigne dans toutes les combines qui peuvent rapporter gros quitte à utiliser sa force et sa haute stature pour faire le coup de poing avec ses amis de la mafia corse locale .
- le deuxième, le capitaine Gabriel Prigent de la Brigade Criminelle , vient d'être muté de Rennes au 36 Quai des Orfèvres pour une sombre affaire qu'il tente d'oublier à grands renforts d'anxiolytiques et d'antidépresseurs de tout poil . La justice et l'intégrité sont ses deux leitmotivs quelque soit la circonstance .
En somme deux profils que tout oppose.
Mais leurs enquêtes respectives vont les emmener tous les deux sur la piste d'un énorme trafic de prostitutions de filles de l'Est et aussi de mineures dirigé par un mystérieux Deda.
Ce trafic transfontalier est un business hyper lucratif et il implique de probables connivences policières mais aussi politiques du plus haut niveau .
Ces jeunes filles dont certaines ont été retrouvées torturées rappellent cruellement à Prigent la disparition de sa fille jumelle Juliette dont il est toujours sans nouvelles.
Leurs investigations vont peu à peu tourner à l'obsession pour les deux hommes ; notamment celle de retrouver vivante l'une de ces jeunes prostituées dont un tatouage représente une sirène qui fume ..
Ce premier roman de Benjamin Dierstein est une vraie réussite.
Il nous embarque dans cette descente aux enfers progressive de ces deux policiers que le destin va faire se croiser . Hormis ces deux protagonistes principaux l'auteur breton nous dresse un savoureux bestiaire de second rôles pour lesquels on hésite souvent entre faux gentils ou vrais méchants .
Le style est également (d)étonnant, nous proposant une narration à la première personne pour Prigent et à la deuxième personne pour Kertesz , laissant une grande place aux dialogues ce qui donne au récit un air de scénario de cinéma ..Pour les amateurs de scènes épiques j'ai beaucoup apprécié ces longues phrases sans points qui apportent une fulgurance et une dramaturgie supplémentaire au récit , mettant le lecteur dans le feu de l'action . C'est vraiment bluffant !
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