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Comment s'articule dans le socialisme réformiste de Paul Brousse la question de la propriété collective avec celle des services publics ? Selon quel statut, quel rôle et quelles finalités pour ces derniers ? Quelle vision de l'État cela suppose-t-il ?
L'enjeu philosophico-politique de La Propriété collective et les Services publics est bien celui de la souveraineté du peuple dans l'égalité entre citoyens.
Les services publics deviennent alors le moyen d'organiser socialement le principe républicain d'égalité, l'outil politique de l'auto-émancipation du prolétariat pour une citoyenneté active où l'État n'est pas absent mais mis à distance par la municipalisation de certains services (régies de distribution de l'eau ou du gaz, de l'éclairage, les transports etc.). Donc, la commune chez elle et l'État chez lui.
Dès lors, les services publics sont-ils l'incarnation de l'État, sa manifestation sociale au niveau de la commune, ou bien sa pure et simple négation politique et économique par absorption locale ? Question de fond lancinante de ce texte qui s'inscrit pleinement dans les débats conflictuels entre socialistes de son temps : face aux guesdistes en France et face aux marxistes au sein de la Première Internationale au moins, également sensibilisée depuis 1874 à la question des services publics par la contribution du socialiste collectiviste belge César de Paepe.
C'est surtout contre les monopoles nés de la concentration capitaliste (mais aussi contre la conception d'un État-patron prestataire de services publics), que l'intervention de l'État et des collectivités locales devient nécessaire selon des missions monopolistiques respectivement partagées : à la commune la charge de l'unité sociale par la démocratie directe et du monopole du travail ; à l'État l'unité politique de la République et, face au monopole du capital, le monopole sur le domaine foncier, les grandes industries et l'enseignement intégral (ceci dans la nation, mais aussi d'autres services publics, internationaux, devront être dévolus à la Confédération des peuples : chemins de fer, postes et télégraphes etc.).
Plus amplement encore, au-delà de la tentative de réconciliation paradoxale entre l'anarchisme et l'État, le possibilisme de Brousse ne tente-t-il pas, dans La Propriété collective et les Services publics, de dépasser l'alternative et même l'opposition, exacerbée par les marxistes, entre réformistes et révolutionnaires, pour prolonger graduellement, par-delà les clivages, le républicanisme bourgeois en République sociale, dans la lignée du socialisme jaurésien ?
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