« Assis sur mon petit tabouret, je me sens torturé par le doute devant l'oeuvre en cours. Je ressens avec mélancolie ce qui me semble être une détérioration de la pureté de ce ciel encore ensoleillé. [.] Ce sont ces pensées un peu noires qui font sortir de mon esprit les deux démons qui le torturent. Démons que j'ai baptisés du nom de « Poète » le tendre et « Macho » le révolté. Ils espèrent, surtout cet idiot de Macho, concernant les faits exposés, que nos lecteurs prendront conscience de cette bêtise qui consiste à vouloir lutter contre des éléments intouchables. En effet, si la méthode a aujourd'hui changé, le résultat semble, lui, être sous des apparences trompeuses, toujours le même. Si le pot de terre n'est plus brisé avec autant de vigueur que par le passé, il fi nit, malgré tout, par tomber en poussière, usé par le pot de fer. » C'est avec un triple regard, toujours décalé et critique donc, que J.-P. Chanal considère les mésaventures du passé, ses accidents et ses luttes. Trois entités se partagent ainsi la parole au sein de ce texte qui tient à la fois du récit de vie et de l'ouvrage introspectif.
« L'artiste », tout d'abord, cet homme qui contemple un monde dont la beauté est peut-être comptée. « Macho », ensuite, fi gure volontaire, obstinée, rationnelle, masculine. « Poète », enfi n, plus tempéré, plus libre. Trois voix appartenant à un seul narrateur qui, entre gravité et légèreté, dit ses combats, ses passions, analyse ses impulsions, et tente, peut-être, de réconcilier ses multiples facettes.
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