"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Rien ne destinait Rose, parisienne qui prépare son déménagement pour le pays Basque, à rencontrer Younès qui a fui le Niger pour tenter de gagner l'Angleterre. Tout part d'une croisière un peu absurde en Méditerranée. Rose et ses deux enfants, Emma et Gabriel, profitent du voyage qu'on leur a offert. Une nuit, entre l'Italie et la Lybie, le bateau d'agrément croise la route d'une embarcation de fortune qui appelle à l'aide. Une centaine de migrants qui manquent de se noyer et que le bateau de croisière recueille en attendant les gardes-côtes italiens. Cette nuit-là, poussée par la curiosité et l'émotion, Rose descend sur le pont inférieur où sont installés ces exilés. Un jeune homme retient son attention, Younès. Il lui réclame un téléphone et Rose se surprend à obtempérer. Elle lui offre celui de son fils Gabriel. Les gardes-côtes italiens emportent les migrants sur le continent. Gabriel, désespéré, cherche alors son téléphone partout, et verra en tentant de le géolocaliser qu'il s'éloigne du bateau. Younès l'a emporté avec lui, dans son périple au-delà des frontières.
Rose et les enfants rentrent à Paris. Le fil désormais invisible des téléphones réunit Rose, Younès, ses enfants, son mari, avec les coupures qui vont avec, et quelques fantômes qui chuchotent sur la ligne... Rose, psychologue et thérapeute, a aussi des pouvoirs mystérieux. Ce n'est qu'une fois installée dans la ville de Clèves, au pays basque, qu'elle aura le courage ou la folie d'aller chercher Younès, jusqu'à Calais où il l'attend, très affaibli. Il vient de l'appeler au secours. Toute la petite famille apprend alors à vivre avec lui, le temps qu'il reprenne ses forces. Younès finira par réaliser son rêve : rejoindre l'Angleterre. Mais qui a vraiment besoin d'aide pour changer de vie ? Et qui parviendra à faire de sa vie chaotique une aventure voulue et accomplie ?
Etrange roman, on ne sait pas trop quel en est le message. Il se lit très bien, on s’attache au personnage de Rose, bien qu’elle reste difficile à cerner. Lors d’une croisère avec ses enfants, cette femme, Rose, rencontre un jeune migrant, Younès. A son retour, elle va essayer de l’aider à rejoindre l’Angleterre. L’histoire avec Younès n’est pas vraiment crédible mais le récit est bien construit. Il y a deux parties dans le roman : le bateau, puis la maison. Les relations et les activités de Rose sont pleines de fausses pistes, l’ambivalence de son attachement à ce jeune africain est suggérée, mais on ne va jamais au fond des choses, elle sont survolées. J’ai cependant pris du plaisir à cette lecture, parce qu’il y a un petit côté décapant, non conventionnel, qui m’a plu, l’écriture est soignée, vive et souvent drôle.
Je rejoins hélas l’avis de nombreux commentaires. Un beau titre qui laissait présager une façon originale d’appréhender le problème des migrants. J’ai été déçue. Le personnage de Rose dans sa qualité de petite bourgeoise est bien décrite et je salue l’autrice. Mais justement , elle ne m’a pas inspirée d’empathie. C’était peut-être ce qui était recherché. Dans ce cas, c’est une réussite.
Un roman sur les migrants... C'était bien parti, mais. Et tout est dans ce mais. Une fois descendue du bateau, je n'ai plus guère trouvé d'intérêt. J'attendais d'un roman traitant de ce sujet tirer matière à réflexion ou tout au moins être touchée. Or il n'en est rien. Les personnages comme les situations me semblent artificiels, plats. J'avais été touchée par la sensibilité et la langue de Maylis de Kerangal dans le magnifique "A ce stade de la nuit", par l'humanisme de Baudouin dans "La Roya est un fleuve", dérangée par le terrible "Encore" d'Hakan Günday. de "La mer à l'envers", il ne me restera que la beauté du titre et ce qui aurait pu être, mais.
Est-ce que c’est toujours comme ça : les riches vivant en haut et les pauvres en bas ? En haut des nombreux ponts d’un bateau de croisière lorsque les migrants se débattent dans leurs embarcations de fortune en bas ? En haut dans les bars branchés des bords de Seine de la capitale alors que les sans-papiers campent sur les quais en bas ?
Alors quand cette fatalité rencontre la vie bien tranquille de Rose, psychologue parisienne quarantenaire, sa vie va changer, lentement peut-être, mais inexorablement sans aucun doute.
Et parce que le fluide qui circule dans ses mains et qu’elle échange avec le jeune Younès, un Nigérien repêché en Méditerranée, crée une osmose entre sa culture d’origine basque et la culture africaine, elle ira au bout de la confiance qu’il lui offre pour lui permettre de rejoindre l’Angleterre.
Il faut adhérer à l’écriture très particulière de Marie DARRIEUSSECQ, avec ses changements de temps, ses phrases sans verbe, ses mots posés comme des sensations, pour apprécier cette belle histoire d’une prise de conscience bouleversante.
Au-delà de son expérience unique, j’ai eu du mal à m’attacher au personnage trop branché de Rose, mais il fallait certainement ce contraste pour donner la mesure de son engagement.
Ce roman nous donne envie de croire que l’on a en nous cette capacité d’abnégation et l’on se prend à rêver de se trouver confronté, un jour, à une telle rencontre.
Lors d’une croisière de luxe, des migrants sont secourus par l’équipage.
Rose, psychologue en vacances avec ses enfants, donne à l’un de ces migrants le téléphone de son fils.
Un lien sera créé entre eux.
Que dire ?
C’est pas mal mais j’ai trouvé cela très long à lire.
Les rapports du couple, de la famille, ne sont pas assez approfondis à mon goût.
On saute soudainement quelques mois, quelques années dans la vie des personnages.
Une sensation de décousu, de fouillis.
Pourtant Marie Darrieussecq a bien pensé son histoire.
L’idée est bonne.
Alors qu’est-ce qui me chiffonne dans ce livre ?
Rose s’est embarquée avec ses deux enfants pour une croisière en Méditerranée. Une nuit, leur énorme paquebot se porte au secours de migrants, perdus en pleine mer à bord de leur vedette surchargée. Emue par un jeune Nigérien de l’âge de son fils, Rose lui offre des vêtements et le téléphone portable de son aîné. Rentrée chez elle, elle pensera ne garder de cette histoire qu’un prénom, Younès, et des factures de portable qu’elle continuera à régler. Elle sera loin de s’imaginer où vont la mener son geste et ce lien désormais établi à travers ce téléphone.
J’ai été totalement séduite par la première partie du roman, à bord du bateau de croisière. Le récit est enlevé, empli d’un humour sarcastique sur le tourisme idiot, tandis qu’il nous fait découvrir des personnages convaincants et réalistes, dans tous leurs doutes et leurs ambiguïtés. L’on se prend de sympathie pour Rose, pour son sentiment de gêne et de culpabilité dont elle pense se tirer à bon compte, une fois reprise par le tourbillon de son quotidien, comme pour tout un chacun pas si facile.
Le livre prend ensuite un rythme moins marqué, où l’humour se fait plus discret au fur et à mesure que Rose se retrouve confrontée à de vraies décisions. Si le souffle du récit n’est plus le même, le questionnement qu’il nous soumet prend tout son sens : et vous, jusqu’où laisseriez-vous un enfant qui n’est pas le vôtre bouleverser votre existence ? Sans misérabilisme ni manichéisme, Marie Darrieussecq met le doigt sur l’embarras de notre société face à l’afflux de réfugiés que les politiques migratoires ne parviennent pas à gérer. Elle nous interroge aussi sur nos priorités et nos tracas quotidiens, si centrés sur nous-mêmes, notre famille et notre travail. Enfin, elle insiste sur l’importance du « toit » et du « chez soi », ces centres de gravité qui nous équilibrent, nous protègent, et nous identifient.
Malheureusement, cette seconde partie du récit m’a agacée par l’inutile et improbable évocation des pouvoirs de magnétiseuse de Rose, et déçue par la facilité presque naïve du dénouement, dont j’attendais bien davantage eu égard à la gravité des thèmes abordés. Ce qui commençait comme un livre coup de coeur s’est ainsi mué en une jolie lecture, sympathique et très actuelle, mais d’une profondeur par trop inégale pour convaincre totalement.
Marie Darrieussecq aborde ici le thème de notre rapport aux migrants. Je ne ferai pas le pitch du livre : il a déjà été largement présenté dans tous les médias. Est-ce pour cela d’ailleurs que j’ai eu le sentiment de ne pas être surprise par cette lecture ? L’auteur aborde son sujet de façon certes intéressante en faisant parler Rose, une mère de famille française, qui croise la route d’un migrant, alors que les protagonistes des livres écrits sur ce thèmes sont souvent des migrants… sur lesquels des auteurs non-migrants se projettent...
De nombreux points m’ont pourtant paru un peu trop attendus, voire caricaturaux. Oui, il est souvent difficile pour une famille, même relativement aisée, de se loger à Paris. Oui, il est plus facile d’avoir de bonnes intentions que de les mettre en pratique. Et oui, au-delà de la volonté réelle d’aider autrui, la vie est aussi faite de contraintes et de devoirs. En clair, la vie n’est pas manichéenne.
Marie Darrieussecq nous interroge donc sur notre courage et notre rapport à l’inconnu, alors que nous sommes (passivement ou de notre plein gré) conditionnés par une société de consommation et ultra-connectée qui donne l’illusion de tout est plus facilement réalisable mais qui peut socialement isoler. Et oui, et peut-être est-ce ce le message que j’ai préféré dans ce livre, Marie Darrieussecq cherche à démontrer que c’est face à l’imprévu, dans la spontanéité, et quand nous acceptons que notre vie soit potentiellement "à l'envers" que nos élans d’humanisme parviennent à prendre le dessus. Tout n'est donc pas perdu !
https://accrochelivres.wordpress.com/2020/01/04/la-mer-a-lenvers-marie-darrieussecq/
La Mer à l’envers montre comment une croisière pour riches, suite à la collision avec un bateau de migrants, va mettre « la mère à l’envers ». Le livre parvient assez bien à éviter le grand danger du sujet : les bons sentiments. Ainsi Rose n’est-elle héroïque que « de temps en temps », et surtout, progressivement.
Au départ, le contraste entre ces migrants qui sont dépossédés de tout et cette famille qui vit dans la surconsommation est bien dressé. De retour à Paris, puis à Cleves, Marie Darrieussecq évite aussi le piège du mari décevant qu’on quitte et des enfants monstres d’égoïsme.
Éviter les esquifs, c’est bien, mais ça ne suffit pas pour faire de la littérature. Car ici, ce qui pèche, c’est vraiment le style. Ça se lit facilement, c’est sûr... Le lecteur n’a pas d’effort à faire. Mais comme souvent pour les œuvres faciles, le souvenir de ce livre s’effacera vite, comme ce serait effacé celui de cette croisière sans la rencontre avec cet autre monde, celui des migrants.
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