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Dans son « rapport sur le service actif 1914-1918 », que le général Wille écrivit après la guerre, on note ce passage se rapportant à la guerre secrète : « On constata bientôt que les cas d'espionnage militaire contre la Suisse étaient rares. Les institutions militaires, dont la connaissance pouvait présenter quelque intérêt pour l'étranger, étaient trop patentes chez nous ou trop faciles à connaître pour qu'on eût besoin d'y entretenir un service de renseignements spécialisé et compliqué. Par contre, le service d'espionnage entre les Puissances belligérantes prit rapidement des proportions gigantesques et menaçantes pour la neutralité et la sécurité de la Suisse ». Pendant les hostilités en effet, les services de renseignements des différents belligérants ont opéré dans le pays, agissant les uns contre les autres, ou contre la nation hôte. Un auteur confirme que la Suisse « était la véritable Terre Promise des différents services d'espionnage des pays belligérants. Tous les portiers d'hôtel, les garçons de café, les chauffeurs, les grooms, tous travaillaient pour le compte, soit des Alliés, soit des Puissances centrales et, bien souvent, pour les deux à la fois ». Émile Thilo, greffier au Tribunal fédéral, écrivit quant à lui en 1936 : « Pendant la guerre mondiale, la Suisse a été la Terre Bénie des espions. Ils y pullulaient, et ce n'est certes pas la peur de la Cour pénale fédérale, avec ses condamnations anodines, qui les empêchait de travailler à plein rendement, de soudoyer des douaniers, des agents de police et même des officiers, de contrôler consulats et légations, de faire sauter des coffres-forts, d'acheter une usine entière pour en faire une centrale d'espionnage, de monter une imprimerie clandestine pour la fabrication de faux, de se livrer au rapt de personnes, d'administrer des soporifiques ou d'appliquer un masque avec du chloroforme ». Or cet espionnage - militaire, politique, diplomatique ou économique - a exposé la Confédération à plusieurs dangers mortels. Il a notamment mis en cause sa neutralité, a porté atteinte à sa capacité à se défendre ; il a enfin poussé des citoyens suisses à la délation et quelques-uns, malheureusement, à la traîtrise.
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