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A Mirnoïé, en Russie, tout paraît flotter hors du temps : maisons isolées, à moitié en ruines, peuplées de veuves octogénaires dont les maris sont morts dans les combats contre le nazisme.
Nous sommes au milieu des années soixante -dix. Un jeune thésard venu de Leningrad, narrateur de ce récit, y fait la connaissance de Véra, dont le mystère l'intrigue. Il l'a vue un soir d'août retirer un lourd filet de pêche plein d'anguilles dans un lac de forêt, il l'aperçoit aussi de temps en temps quand elle ouvre, pleine d'espoir, sa boîte aux lettres. Mais pourquoi s'est-elle enterrée ici, parmi ces vieilles ? Est-il possible d'attendre le même fiancé pendant trente -ans ? Qui la retient d'aller vivre à Moscou ? Son coeur, ou bien le regard des autres idéalisé dans une sorte de serment légendaire pour un soldat disparu ? Si Véra se dissipait, si Véra faisait l'amour, c'est un peu comme si toute la macabre construction des valeurs sacrificielles du communisme était réduite à néant. Cette histoire celle d'une femme qui a fait de sa vie une attente infinie est à nouveau un pur joyau. Elle pourrait avoir été écrite par Tolstoï. On dirait, à la lire, que le principal aboutissement du communisme serait l'emprisonnement du Temps : isbas inhabitées, paysages paléolithiques, et derrière toute cette rudesse qui n'attend rien, un incroyable frisson de grâce.
Une chose est sûre : Andreï Makine est déjà un écrivain classique.
Véra attend.
Elle attend le retour de son amour, son soldat parti pour la guerre, depuis 30 ans.
Elle l'attend sans faiblir, dans une volonté à la fois naïve, à la fois désespérée.
Dans ce petit village perdu de Russie, près de la Mer Blanche, débarque un jeune universitaire. 24 ans. Il vient recueillir les vestiges d'un folklore à l'agonie.
Mais fasciné par cette femme, par cette attente obstinée et muette, par son destin absurde, entre le fiancé jamais revenu et ces vieilles femmes qu'elle accompagne jusqu'à la mort, comme un devoir, le narrateur nous embarque dans sa quête. Percer le mystère Véra. Plus on s'approche, plus il semble s'épaissir...
Est-il besoin de dire le talent de Makine pour exprimer les ambiguïtés, les désirs d'humanité ? L'éveil des sens dans un monde loin de tout, mais pas de la nature. La grande, et puis la sienne propre également.
C'est beau comme une page arrachée, un soir d'été, pour ne garder que le meilleur.
Comme une attente. Très longue. Qui n'en finirait pas de promettre.
S’éloignant du régime de l’union Soviétique des années 7O pour en écrire une satire, un journaliste qui se présente tel l’intellectuel est fasciné par une femme qui attend par tous les temps, froid, neige, brouillard. Nous sommes en Sibérie, au bord de la mer Blanche. Mirnoië, petit village peuplé de vieilles femmes seules, a conservé les stigmates de la seconde guerre mondiale. Parmi elle, Vera, l’institutrice attend toujours le retour de Koptev parti au front trente ans plus tôt.
Qui est donc cette femme ? « Une femme dont on a fait un monument aux morts ambulant. Une fiancée immolée sur le bûcher de la fidélité. Une Andromaque paysanne… ». Le journaliste s’interroge avant de revêtir le costume du prédateur.
Dans un contexte pesant, au sein de ces splendides paysages gelés parfois masqués par les brouillards se jouent les scènes d’une histoire ambigüe.
D’une plume délicate mais néanmoins percutante, Andréï Makine scrute à la fois l’état d’une société fermée, isolée, ainsi que la profondeur des sentiments des personnages pour en révéler la complexité.
Une très belle et tragique histoire d’amour, un très beau roman à lire absolument.
Elle, c’est Véra, qui depuis la fin de la guerre, attend son amoureux, son promis... elle a choisi cette vie isolée, dans un de ces villages reculés perdu entre une forêt et un lac, pas loin de la Mer Blanche. Elle attend depuis 30 ans le retour hypothétique de celui qui est parti à la guerre et n’en est pas revenu... le narrateur, un jeune homme aux idées anti-parti, est fasciné par cette femme, tente de la comprendre, de percer son secret..
D’une écriture musicale, qui fait la part belle à la nature, aux corps, aux saisons, l’auteur nous embarque dans ces contrées aux conditions extrêmes (qu’elles soient climatiques ou politiques) et dans des réflexions profondes ....j’aime décidément lire Makine....
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