"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Entre 1870 et 1914, dans la société française, la figure de la prostituée est construite en miroir de la haine exprimée à l'encontre de "la" femme coupable ; plus tard, à l'égard de son double perçu comme son dégradé, l'homosexuel. Des hallucinations. Un large courant scientifique participe de cette construction de la femme fautive et ultérieurement, de « l'inverti ». Il alimente les politiques d'enfermement de la prostituée jusqu'à la faire disparaître du champ social, tandis que, fascinés, les romanciers naturalistes insistent sur sa chute irrémédiable. Puis au tournant de 1900, la diffusion du mal syphilitique s'amplifie. Pour tous, le mal est un virus. Et comme tout virus, il s'échappe. En se répandant partout dans la société, il révèle que le mal ne relève pas de la seule responsabilité des femmes mais s'étend aux comportements masculins, nourrissant culpabilité et haine généralisées. Or, dans l'ombre de la prostituée et d'une société ravagée par les préjugés et les méfiances, se découpe une nouvelle silhouette, celle de l'homosexuel - que d'aucuns réduisent à la prostituée quand d'autres le dénoncent comme un vice allemand.
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