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La figure symbolique du diable ou de ses avatars s'est construite en fonction de la situation et de l'évolution sociopolitique : sa montée en puissance à l'aube des Temps Modernes s'essouffle peu à peu pour retomber vers la fin du xviiie siècle.
Instrumentalisé dans un contexte de crise, le diable est convoqué pour conforter la position d'un auteur ou d'un parti.
Il exprime les thèses de l'ennemi et justifie ainsi le bon droit de le combattre. Dans les controverses politiques et/ ou théologiques, il devient un redoutable contradicteur. Quand il sort du monde réel, le diable trouve place dans le domaine artistique. Le merveilleux qui l'entoure est recyclé dans l'imaginaire théâtral ou musical, où il symbolise le mal et permet de susciter la surprise et l'effroi chez le spectateur.
La diabolisation de l'Autre révèle l'impossibilité des occidentaux de comprendre une culture ou une pensée qui n'est pas la leur et, paradoxalement, les conforte dans le bien-fondé de leur mission civilisatrice, alors qu'ils se sentent euxmêmes traqués par un diable voyeur qui menace à tout instant de dévoiler leurs travers cachés.
Aussi le diable, dans ses multiples métamorphoses, apparaît-il comme une production de l'imaginaire collectif.
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