"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les humains m'ennuient sauf dans la douleur. Très peu m'intéressent. Mais les maris privés de femmes et les enfants privés de mères. Pour un Corbeau sentimental, ils font un nid délicieux à protéger. Je les distrais, les fais rire grâce à ma vulgarité de corvidé primaire, qui est en réalité un programme de soins très réfléchi. Quand il n'y aura plus de désespoir à traquer, mon travail sera fini.
Derrière ce titre énigmatique, se cache un écrit plein de vie, n'ayez pas peur !
C'est un premier roman court (128 pages) totalement atypique, quelquefois déstabilisant, dans sa forme et son style, entre roman et poésie, entre conte onirique et slam. (J'en ai d'ailleurs lu de nombreux passages à haute voix)
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Un homme et ses deux fils confinés dans le chagrin du deuil de leur épouse et mère voient débarquer chez eux un Corbeau doué du langage qui va les aider sur le chemin du deuil et de la reconstruction.
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"Il y a une plume sur mon oreiller.
Y a plein de plumes dans les oreillers, couche-toi.
C'est une grosse plume noire.
Viens dormir dans mon lit.
Il y en a aussi une sur ton oreiller.
On va les laisser et dormir par terre."
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Les "chapitres", sont très courts et intitulés Papa, Les garçons et Corbeau. Et ils expriment à tour de rôle, parfois de façon très saccadée à coup de mots juxtaposés, la douleur, le chagrin, la colère, la révolte, l'incompréhension devant la mort et le torrent d'émotions qu'elle déclenche. Corbeau peut-être terriblement provocateur tout autant que poétique et consolateur. Peu à peu le père et ses garçons iront vers la lumière et la scène de la fin du roman lorsqu'ils iront disperser les cendres de leur épouse et maman est magnifique...
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"J'étais excuse, ami, deus ex machina, blague, symptôme, fiction, spectre, béquille, jouet, revenant, bâillon, psychanalyste et baby-sitter. "
Déroutant au début de la lecture, mais on se laisse embarquer par cette écriture
Lien : http://livresselitteraire.blogspot.fr/2017/05/la-douleur-porte-un-costume-de-plumes-max-porter.html
Un homme, écrivain, et ses deux enfants viennent de perdre celle qui était le pilier de leur tribu : une épouse, une mère. Un corbeau imaginaire va alors faire irruption dans leur vie.
Contrairement à l’image que l’on a du corbeau, celui-ci ne sera pas « l’oiseau de mauvais augure » mais un compagnon - certes curieux, extravagant et narquois - pour ces trois hommes désormais seuls.
Trois voix, trois émois, une seule douleur celle d’une femme décédée donc qui a laissé dans leur solitude infinie mari et enfants. Comment survivre à la perte ? Comment se relever lorsque le sol se dérobe sous nos pieds ?
Voilà le défi de l’ami Corbeau, symbole de la mort. A sa manière, parfois maladroitement, avec humour (anglais bien sûr), mais toujours avec bienveillance, il tentera d’adoucir le quotidien de ces héros en leur racontant des histoires, en leur faisant vivre des aventures rocambolesques.
Ce court livre n’est assurément pas un roman, c’est un conte, un poème bouleversant accompagnateur de la douleur.
Max Porter brise ainsi les tabous du deuil avec finesse, acidité et drôlerie (si tant est que l’on soit sensible à l’humour anglais). Oui il y a bien sûr de la cruauté dans ce livre puisque la mort d’un être cher est cruelle mais il l’utilise avec humilité et intelligence.
A tour de rôle, le père, les fils et Corbeau prennent la parole à cœur ouvert. Leurs mots porteront le poids de la mort laissant le lecteur ému par les sentiments qui s’entrechoquent dans le cœur de ces orphelins.
Et qu’importe si cet oiseau, considéré comme oiseau de malheur, soit réel ou non, son but est ailleurs. Son but est de personnifier cette douleur et ce vide immense, ces manques qui s’immiscent dans le cœur, ces colères qui enveloppent. Son but est de faire s’envoler ces plumes noires pour tenter de renaître ou tout au moins trouver un peu de lumière pour poursuivre le chemin.
La douleur porte un costume de plumes est une œuvre singulière qu’il faut oser lire, dans laquelle réel et fantaisie s’entremêlent harmonieusement. Les mots et l’imaginaire comme remède contre la douleur et le deuil. Et pourquoi pas ?
Un livre assez déroutant sur le deuil, qui enchaine des passages très beaux, délicats, sensibles, poétiques et d'autres un peu plus nébuleux où parfois l'intervention du corbeau reste inaccessible (en tout cas pour moi..)
Si les pages de ce livre se tournent à une vitesse folle, il m’aura pourtant fallu un peu de temps pour apprécier ce premier roman à sa juste valeur. Sans nul doute, il bouscule, sans nul doute, il dérange. Mais il offre finalement aux lecteurs des pages pleines d’audace qui au-delà de la question du deuil et de la perte d’un être cher nous apprennent lentement à faire s’envoler toutes les plumes noires un peu trop lourdes sur nos oreillers.
La chronique: https://aumilieudeslivres.wordpress.com/2016/04/23/la-douleur-porte-un-costume-de-plumes-max-porter/
Trois voix : Papa, les garçons, Corbeau.
Maman vient de mourir, Papa est « aussi vidé qu'un pendu », détruit, anéanti. Les garçons n'y comprennent rien.
Devenus orphelins, ils proclament : « Nous remplirons cette maison de livres et de jouets et nous sangloterons comme si on nous avait oubliés à la garderie. »
Elle n'est plus là et le père hurle de douleur : « Elle me manque tant, c'est une immense stèle d'or, une salle de concert, un millier d'arbres, un lac, neuf mille bus, un million de voitures, vingt millions d'oiseaux et plus encore. La ville entière est ce qu'elle me manque. » Hyperboles de douleur. Il regrette « la dentelle délicate de nos chamailleries ». Et les garçons ont remarqué : « Papa nous racontait des histoires et les histoires ont changé quand papa a changé. »
Mais, la porte s'ouvre et l'oiseau de malheur entre. CHHHHHHHHHHT. Que vient-il faire ? Non, l'oiseau, c'est complet, il n'y a plus de place pour le malheur, il s'est répandu partout : sous les lits, sur le canapé, dans l'air : ils le respirent le malheur, l'oiseau, laisse-les tranquilles. « Chaque surface Maman est morte, chaque feutre, tracteur, manteau, botte, tout couvert d'une pellicule de douleur. » Va-t-en l'oiseau, laisse-les en paix...
Mais l'oiseau murmure à l'oreille de Papa : « Je ne partirai pas tant que tu auras besoin de moi. », il soulève la couette et fait « un baiser eskimo » et « un baiser papillon » à Papa endormi. Le Corbeau, le méchant Corbeau, vient panser les plaies, soigner le corps et l'âme, offrir « une petite pause dans le chagrin. » Il murmure à Papa : « Je te donnerai de quoi occuper tes pensées. »
Mwolloooa, mwolloooa, a-t-il ajouté.
Etrange et irrésistible roman-fable ou poésie-théâtrale qui met en scène un corbeau « psychanalyste » et « baby-sitter » (pratique non?), qui s'installe dans la maison et « feuillette des livres d'images et des recueils de poèmes » et surtout veille sur le Papa et les petits, une espèce de corbeau-poule (si,si!) qui raconte des histoires sans queue ni tête, ni bec ni ongles et qui joue avec les mots, dans des termes parfois un peu vulgaires, souvent poétiques et si tendres. Mots qui apaisent et qui soignent. On se sent à la fois chez Ionesco et les surréalistes. Le rire est toujours à portée de main même quand l'émotion nous anéantit.
|Étrange petit texte qui gagne à être lu et relu (signe d'une grande richesse) et à être dit peut-être aussi car les voix s'entremêlent, et se croisent, se superposent et se méditent.
L'oiseau de malheur apporte la paix, fait diversion, amuse les garçons.
Accueillez-le, écoutez-le. Il donne de bons conseils. Il dit : « Soyez sage et écoutez les oiseaux. »
Il sait partir quand il est temps.
Croyez-moi, on a tous besoin d'un corbeau chez soi !
lireaulit: http://lireaulit.blogspot.fr/
Je suis restée complètement hermétique à ce texte. Pour moi, la douleur ne porte pas un costume de plumes (elle en porte un autre).
Le procédé ne m’a pas parlé ; le corbeau non plus.
J’ai en revanche découvert la poésie de Ted Hugues. Tout n’est pas perdu.
http://alexmotamots.fr/?p=2246
Voilà un livre qui aura fait parler de lui, un livre singulier, unique et d'une grande originalité !
Si au début de ma lecture j'étais extrêmement surprise du style de l'auteur, de sa façon de narrer son histoire, du caractère fantastique que prenait le récit; c'est au fil des pages que je suis tombée sous le charme de ce conte pour adultes. Après tout face à la question du deuil tout le monde est logé à la même enseigne, il n'y a pas de moyens de se préparer à cela : et si la littérature pouvait nous permettre de guérir (ne serait-ce qu'un peu) ?
Dès lors si la première partie du roman vous déconcerte, persévérez et lisez ce court roman jusqu'au bout ! Est-ce un roman ? Je pense qu'il transcende les genres, c'est un conte, une fable, un roman, un recueil de nouvelles et de poèmes à la fois. Son originalité est sa force et sa faiblesse, c'est ce qui en fait un livre d'une sensibilité aigüe, un roman qui a une couleur, une âme qui plaira aux uns et rendra sceptiques les autres.
J'ai préféré lorsque la parole était donné aux garçons et à leur père, tout simplement parce que leurs sentiments et pensées sont d'une force émotionnelle rare, on comprend petit à petit l'impact de la perte sur leur vie. Le Corbeau quant à lui permet à l'écrivain de faire jouer les mots et la langue : c'est un véritable exercice de style et je vous invite à lire ces passages à voix haute. En effet pour moi ce livre est aussi une pièce de théâtre, imaginez les protagonistes jouer devant vous et vous verrez cela sous une autre perspective.
En définitive, un court instant d'existence, de poésie et d'originalité... Ce livre se différencie de tout ce que j'ai pu déjà lire et il mérite d'être salué pour cela !
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