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Jean-Michel Frank (1895-1941) et une figure mythique des arts décoratifs.
Cousin d'Anne Frank, auteur du célèbre journal, ce décorateur est un personnage de roman noir, d'une guerre mondiale à l'autre, du suicide de son père à Paris au sien à New York en 1941. Son style qualifié de " Mixe pauvre " est tout aussi paradoxal que sa vie qui s'est déroulée dans une apparente futilité et un certain mystère, entre fêtes et solitude, avec des amitiés fidèles pour des poètes comme René Crevel, des artistes comme Giacometti, Dali ou Bérard, mais aussi des clients, gens du monde, de la mode ou intellectuels.
Contraignant ses commanditaires à se défaire de leurs meubles et tableaux, Frank a inventé pour eux des lieux propices à la méditation et au rêve. Dans ces décors irréels, le mobilier n'a plus de place assignée. D'une simplicité parfaite, il présente des affinités avec le néoclassicisme du XVIIIe siècle, le mobilier Ming ou encore les arts premiers. Des analogies qu'il réinterprète avec subtilité et mélange avec des matières sophistiquées, du cuir de chez Hermès, du parchemin ou du galuchat, du chêne qu'il sable ou arrache à la gouge et qu'il n'hésite pas à mêler à du plâtre, de la paille ou de la toile à sac.
Indifférent aux grands débats de la première moitié d'un XXe siècle, déchiré entre les aspirations sociales du mouvement moderne et les tenants de la tradition, Jean-Michel Frank n'a cherché ni à construire un nouveau monde ni à s'accrocher à un passé nostalgique. Avec élégance, il a cassé les conventions, nettoyé les lieux de leur histoire. Peut-être est-ce ce mélange de légèreté et de rigueur, de rêve et de poésie, ce détournement très actuel des objets et des matériaux qui ont amené tant de décorateurs et de designers à se réclamer de lui, sans comprendre souvent qu'une telle oeuvre est indissociable de l'être.
Publié à l'occasion d'une exposition organisée par la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent où seront rassemblées les oeuvres les plus significatives du décorateur et des artistes ayant travaillé avec lui, ce catalogue retrace le parcours de l'artiste, évoque ses liens avec les surréalistes, ses amitiés avec Louis Aragon, René Crevel, Drieu La Rochelle ou François Mauriac, le rôle que jouèrent pour lui les Noailles dont le fumoir, décoré en 1925, s'impose comme l'un des symboles esthétiques du Paris de l'entre-deux-guerres.
Ce catalogue et aussi l'occasion de confronter le style minimalisfe du décorateur aux grands débats artistiques suscités par le mouvement moderne, d'appréhender la dimension surréaliste de ses décors au regard de ses collaborations avec Salvador Dali, Emilio Terry, Christian Bérard et surtout Alberto Giacometti avec qui il travailla pendant près de dix ans.
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