"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Vous qui souhaitez devenir invisible, sachez que la route est longue et semée d'embûches. D'abord, il vous faudra apprendre à distinguer l'indigo.
Car vous ne l'avez jamais vu. Peut-êtrecroyez-vous l'avoir déjà vu, mais tel n'est pas le cas.
Au sceptique, je ne dirai qu'une chose : regardez le spectre ! Remarquez-y le rouge, l'orange, le jaune, le vert, le bleu, et admettez que votre oeil passe du bleu au violet sans enregistrer de véritable dégradé entre les deux...
Et pourtant, l'indigo existe bel et bien. Mais vous qui vous apprêtez à franchir les portes de la perception, attention aux dangers qui vous attendent. La folie et la mort ne song jamais très loin... Ensuite..."
Alors, quand j'ai vu au départ la couverture, je me suis dit : "Oula, un truc avec des loups-garous ou quelque chose s'en rapprochant". Autant dire que ça ne m'intéressait pas. Puis j'ai lu le synopsis et je me suis dit "Pourquoi pas, ça a l'air pas mal, et puis c'est jamais qu'un euro le livre". Et j'avais déjà entendu le nom de Graham Joyce, je me suis donc dit que c'était l'occasion pour moi de découvrir l'une de ses œuvres.
Le synopsis, donc. Il m'a plu car il n'indique rien de l'histoire, hormis que ça tournera autour de l'Indigo, cette fameuse septième couleur qu'on ne perçoit pas dans le spectre lumineux. J'ai trouvé l'idée relativement originale. Cependant, j'ai trouvé que l'histoire desservait en grande partie le côté mystérieux du synopsis en nous servant une histoire prévisible, même si Jack est un personnage relativement intéressant (il est assez faible au final, ce qui change par rapports à d'autres personnages principaux qu'on a plus l'habitude de rencontrer).
On suit donc Jack, le fils d'un homme qui a passé la plus grande partie de sa vie à chercher l'Indigo et qui, selon ses dires et écrits, l'aurait finalement trouvé. Cet homme est mort, et Jack est chargé d'accomplir les vœux testamentaires de celui-ci, afin qu'il puisse toucher de l'argent (il ne l'aimait pas, ainsi l'argent est sa seule source de motivation). Parmi ses vœux, la publication d'un livre relatant ce qu'il faut savoir de l'Indigo et des étapes plus ou moins dangereuses qu'il faut passer pour pouvoir toucher au but et enfin l'apercevoir. Pour devenir invisible (pas au sens où on l'entend, du moins pas comme l'homme invisible ou comme lorsqu'on est caché dans l'ombre). Ainsi, entre les chapitres dédiés à l'histoire, nous avons le droit à quelques passages dudit livre, qui sont selon moi le principal intérêt de ce roman, car se rapprochant plus du style du synopsis. En fait, ça m'a donné envie de tester moi aussi ce qu'il dit de faire, par curiosité, mais je ne l'ai pas encore fait (et peut-être ne le ferai-je jamais).
Je m'attendais à ce que le père soit placé encore plus au centre de l'histoire, mais pendant une grande partie de celle-ci, on a le droit à une relation entre Jack et Natalie, une femme qui recèle aussi du mystère, mais qui s'essouffle finalement très vite et m'a complétement déçu.
Je suis partagé, car au final, l'auteur nous laisse sur la possibilité que le père est encore en vie, ce qui est finalement incohérent (car sa fille l'a vu pour la dernière fois alors que le cercueil se refermait sur lui). Et en même temps, il nous laisse penser que finalement, l'Indigo n'est (peut-être) rien d'autre (même si c'est déjà beaucoup) que l'espoir, la volonté d'accomplir quelque chose, d'atteindre un objectif, d'avoir un but dans la vie. Que l'Indigo est aussi l'amour entre deux êtres. Mais ces "explications" sont trop vite expédiées à la fin, un peu comme s'il ne savait pas trop comment terminer son roman. Bref, l'ensemble reste mystérieux (ce qui n'est pas plus mal, laissant libre court à nos propres idées), mais je trouve que l'auteur n'est pas allé assez loin dans son idée et aurait pu mieux exploiter le tout.
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