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Une femme s'apprête à faire un voyage. Elle n'a pas besoin de bagage, elle ne part que pour une nuit. Une seule chose l'obsède : emmener Ida, sa fille de 18 mois, à la mer. C'est nécessaire, vital presque. Ida n'existe pas, Ida n'a jamais existé. Des voix ne cessent de le lui répéter. Pourtant, elle l'a porté ce bébé, serré contre elle, changé, nourri au sein. Elle l'aime d'un amour animal. Un amour comme ça, on n'y est pas préparé.
C'est trop puissant un amour comme ça. Ida n'existepas est une plongée dans la psychologie trouble d'une mère prête à commettre l'irréparable, mais aussi l'histoire d'un corps féminin qui cherche à se libérer de ses démons, d'une féminité complexe en quête d'apaisement.
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Un palmarès pour découvrir de belles pépites
"Ida n’existe pas" est un tabou giflé en pleine face
Une femme en proie à un malaise grandissant, décide de se libérer d'un poids devenu trop lourd pour elle. Elle part avec sa fille de quinze mois dans une pulsion maladive et destructrice. Un voyage qu'elle effectue au bout d'elle-même, de son amour et de ses démons...
Quand on débute ce livre, il est trop tard, il n'y a plus d'Ida. Comment sa mère en est arrivée là, l'aimer, la haïr, la nier, jusqu'à l'acte aussi inconcevable, qu'irréparable ?
Il faut remonter le fil conducteur de son histoire pour digérer et comprendre ce qui s'est passé dans sa tête et à l'intérieur de ses tripes. La source est Gabonaise, celle de sa déconstruction, au milieu de ces femmes qui l'ont humiliée et meurtrie. Son rapport au corps est faussé et abîmé. Son déni de grossesse parle pour elle et d'une certaine manière, nous anéantit.
On est peiné et révolté par l'isolement qu'elle ressent et qu'elle s'impose. Ses émotions sont intenses et mêlées d'ambivalences qu'elle semble avoir bien du mal à accepter. Elle dit le secret, le tribale, l'indicible en bouleversant tous nos clichés ou idéaux. On entend au-delà de la confession, la souffrance muette et insupportable. Il y a une dimension totalement torturée et animale qui se dégage de ce récit.
L'écriture est affolante, ponctuée de phrases courtes et incisives. Et on se laisse submerger par cette cruelle vérité. Les démarcations entre fantasme et réalité sont floues, intimant un mélange étourdissant.
On dit l'impossible, doublé de la nécessité de purification. Inspiré d'un fait réel, ce roman capture la psyché de l'écorchement maternel. Tout nous est délivré sans honte, sans fausse-pudeur. Après la lecture que l'on reçoit comme un uppercut dans l'estomac, on en ressort sonné et on n'a surtout pas envie de juger.
Témoins d'un drame hypnotique, on intègre l'acte comme une intime et déflagrante déclaration. Un roman grave, âpre et suave, "Ida n'existe pas" est tout cela à la fois !
Merci à Lecteurs.com qui m'a fait une surprise en m'envoyant ce roman (quand même pas facile à lire). Extraits de ma chronique de lecture.
Adeline Fleury écorne l’image des « femmes à la maternité flamboyante » (p. 40) et l’image de la mère parfaite. Les chapitres sont courts, c’est percutant, brut, brutal même…
Ce roman cru est en tout cas fort dérangeant… Je ne saurais dire si je l’ai aimé ou pas mais je peux vous dire une chose, c’est qu’il est très bien écrit et ça, c’est un bon point.
https://pativore.wordpress.com/2021/06/03/ida-nexiste-pas-dadeline-fleury/
Un choc, un coup dans le ventre, un malaise... on ne ferme pas ce livre indemne, on en sort grandi.
Car on a vécu une expérience immersive forte dans la vie d’une personne qu’on aurait préféré détester complètement.
Pourrait-on dire que ce texte est dense ou condensé? Et bien les deux mon capitaine. L’impression d’un concentré de parfum au rayon des eaux de Cologne. Un texte court, mais il n’en fallait pas plus, tout est là. L’horreur et l’humanité, le traumatisme et l’amour, la folie et la réalité crue.
Le roman est librement adapté d'un fait divers : en 2013 des pécheurs à la crevette découvrent sur une plage du nord de la France un cadavre d'un bébé de 15 mois. Très Intelligente, cette mère infanticide sera déroutante lors de son procès.
A travers ce roman, Adeline Fleury rentre dans la peau de cette mère avec beaucoup d'humanité et nous livre une histoire plus dense . Un texte poignant.
Un livre choc ,dur sans appel sur la finalité impalpable mais qui a ce remarquable talent de nous faire comprendre l'inacceptable.
On est dans la tête de la jeune maman de Ida jusque dans sa psyché meurtrie qui conduira à l'impardonnable du fait de ses blessures qui seront à nouveau à vif suite à sa maternité tellement energetivore .
Le style est pur ,sensible lumineux et fou à la juste jonction entre la morale et l'obscur .
Un roman qui ne laisse pas indifférent et qui nous introduit à mon sens dans les méandres de la psychose puerpérale et ce qu'elle a de plus violent .
Adeline Fleury nous hape littéralement avec ce roman court mais efficace comme un harpon qui vous plante en plein coeur.
Un de ces romans qu'il faut aborder quand on est trop sclérosée dans sa zone de confort.
Adeline Fleury ne m'a jamais déçue ! Une auteure engagée, dont j'aime l'écriture belle, parfois directe, souvent poétique, toujours forte et adaptée.
Un roman que j'ai lu d'une traite, envoûtant, qui nous parle de la condition féminine pour certaines petites filles qui subissent des horreurs indicibles, qui sont meurtries dans leur chair et leur féminité par des hommes abjects, égoïstes, méprisables et pervers, mais aussi, et c'est peut-être encore plus grave, par des femmes censées les protéger.
Un texte puissant, à l'aune de Je, tu, elle, qui m'avait également bouleversée sur des thématiques qui nous touchent toutes et tous : les traditions, le viol, la pédophilie, la maltraitance, la difficulté de se construire et de devenir à son tour mère dans ces conditions. Et en toile de fond la folie.
En outre, pour un livre qui traite de la maternité, farouche et obsessionnelle (réelle, fantasmée ?), le choix du titre me paraît capital : le mont Ida, c'est la grotte (matrice) où Rhéa accouche de Zeus pour essayer de le sauver car son père Cronos veut le tuer. Elle n'empêchera pas qu'il soit précipité dans le Tartare, mais s'arrangera pour qu'il soit nourri par la nymphe Ida, avec l'aide de la célèbre chèvre Amalthée.
Un ouvrage qui relie et touche d'autant plus qu'il est basé sur une histoire réelle.
Mon avis à la page 100
D'abord gênée par la plume de l'auteure, phrases très courtes et donc une lecture très hachée, j'ai été malgré cela profondément touchée par les mots, les sentiments, l'intimité dans laquelle nous plonge la narratrice. Les pages défilent révélant l'histoire de cette femme, épouse puis mère ma foi bien tourmentée mais d'une force majestueuse.
Je remercie Lecteurs.com qui, au titre des Explorateurs de la rentrée littéraire 2020 m'a donné l'occasion de découvrir Adeline Fleury et l'univers qu'elle met en mots.
Le livre s'ouvre et se ferme sur le même constat : « Ida n'existe pas. Ida n'a jamais existé ».
Dans une style élégant et sobre, Adeline Fleury donne la parole à la mère d'Ida.
Ce récit à la première personne du singulier aux allures de confession ou de thérapie explore sans jugement l'âme d'une mère pour tenter de mettre à jour ses motivations. Si Ida n'est pas le fruit d'une névrose, si elle est bel est bien faite de chair et de sang qu'est ce qui peut bien pousser une femme à commettre un infanticide ? L'acte semble d'autant plus incompréhensible qu'il émane d'une jeune femme « éduquée » ; fille de diplomate, elle a suivi un cursus universitaire et travaille comme relectrice dans une maison d'édition. Elle n'a pas le « profil » attendu.
Ce très court roman est librement inspiré d'un fait réel : en 2013 Adélaïde (dite « Ada »), âgée de 15 mois est retrouvée morte par un pêcheur de crevettes sur une plage de Berck-sur-Mer. « Ida » est la jumelle littéraire de « Ada ». Elles ont le même âge. Ida sera elle aussi retrouvée par un pêcheur de crevettes sur le sable mouillé mais sa plage à elle, par un trait d'humour noir, se nomme « Ecoeurville-Plage ». Comme la plage de Berck elle semble choisie pour la tonalité désagréable du nom.
« Ida n'existe pas » est l'histoire d'une femme en crise, de sa longue descente aux enfers et de sa tentative désespérer pour se libérer de ses démons, de ses hallucinations visuelles et sonores, de ses blessures d'enfance même si le prix à payer est une plongée dans la démence.
C'est l'histoire d'une femme tourmentée, en manque de repères, en quête d'identité à la maternité possessive et sauvage.
La construction du récit m'a fait penser à celle de la « Chanson douce ». Tout comme Leila Slimani, Adeline Fleury prend le parti de commencer l'histoire par son dénouement. Tout le récit va constituer à remonter le temps, à détricoter les motifs, à décortiquer les événement qui ont précédé la découverte macabre du « visage ensablé d'un bébé ».
L'une des crises traversées par la narratrice est une crise identitaire. Sa mère est gabonaise, issue de la tribu Myènè et son père est un diplomate blanc en poste à Libreville. De lui elle a hérité son teint clair et ses cheveux blonds qui lui valent le surnom de « Bouton d'or ». Mais pour elle cette double culture n'est pas une richesse. Elle se sent incomplète « je n'ai même pas été fichue d'être noire en Afrique, ni blanche en Europe. Je suis à demi-blanche, je suis à demi-noire ». Incomprise, voire rejetée par les femmes de sa famille elle n'arrive pas à se construire en tant que femme « Une noire blanche, ce n'est pas normal répétaient mes tantes. Mes sœurs, elles, elles étaient bien comme il faut. Noires, cheveux crépus, elles avaient tout pris de notre mère ». Stigmatisée comme étant le vilain petit canard, d'autant qu'elle est surdouée, qualifiée d' « enfant-zèbre » cela ne l'aide pas dans sa construction mentale ni dans l'acceptation de son corps. « Les adultes ont tué l'enfant sachant et inventif en moi, l'enfant originel ». « Les femmes de ma famille m'ont peu à peu anéantie ».
Il en résultera un rapport compliqué à la maternité. Après une fausse-couche et un avortement médicamenteux naît Ida, fruit des amours de la narratrice avec Alfonse, sculpteur de trente ans son aîné. Se pose alors la question de savoir ce qui fait d'une femme une mère : l'accouchement ou aussi l'amour qu'elle a reçu enfant de sa propre mère et qu'elle transpose. La narratrice fait un douloureux constat « je ne me suis jamais sentie la fille de quelqu'un, comment puis-je être mère ? »
Elle qui n'aime déjà plus Alfonse, comment pourrait-elle aimer Ida ? « Ida pue Alfonse ».
Pétrie de sentiments paradoxaux elle aime sa fille autant qu'elle la déteste. La maternité est vécue par la narratrice comme une entrave à sa propre liberté « Une femme émancipée ça ne passe pas son temps à changer des couches, allaiter, bercer, mixer des purée ». « Une femme émancipée ça prend le risque de ternir l'image de la bonne mère universelle ». Ida est une enfant-objet. Objet d'amour, de répulsion, qui réveille des sentiments de haine, de fureur, des instincts animaux. Amour et mort, possession et rejet se partagent le cœur de la narratrice. « Je l'aime si fort que je pourrais la broyer, tordre son petit cou, l'envoyer bouler contre un mur ». « J'ai ce pouvoir de vie et de mort sur elle. C'est ma fille, elle est à moi ». « Depuis qu'elle est entrée dans ma vie je l'adore autant que je la déteste ». La violence la plus extrême transpire sous les mots, la folie qui s'observe elle-même.
La narratrice entretient un rapport tellement excessif, exclusif avec Ida (son tout, son doudou, sa chose, son bébé d'amour) qu'elle fera de sa fille un « enfant-fantôme », sans existence aux yeux de la loi : elle ne se fera pas suivre durant sa grossesse, accouchera seule chez elle et ne déclarera pas l'enfant aux services de l'Etat Civil. Aux yeux de la loi « Ida n'existe pas. Ida n'a jamais existé ».
Tout n'est pas noir chez Adeline Fleury qui se fait peintre d'atmosphère dans la description pittoresque et réaliste des quartiers de Liberville. Nous sommes loin d'un paysage de carte postale. Adeline Fleury, par la voix de sa narratrice s'attache à l'âme, à l'authenticité des quartiers fréquentés dont la misère quotidienne est mise en lumière et en mots. Il y est question de « la rouille des entrepôts des mécanos ». C'est visuel, olfactif, sonore : « le sang de la chèvre égorgée au milieu de la ruelle », « l'odeur poisseuse et lancinante de la mort », « les pneus que les gamins des rues faisaient cramer », « le son assourdissant des klaxons des bagnoles en furie ».
Adeline Fleury par ce roman sans fard, sans filtre, réussit le tour de force non pas de me faire aimer mais de me faire comprendre, d'éprouver de l'empathie (à défaut de sympathie) pour cette mère devenue infanticide « par amour ».
Les phrases s'entrechoquent, les mots s'entremêlent dans l'urgence de dire dans un acte libérateur, de démonter l'engrenage ayant mené à l'acte ultime. Un acte qui est perçu comme la conséquence inexorable de souffrances vécue dans l'enfance, d'une image de soi dévalorisée par le comportement maltraitant des adultes.
J'ai été happée, voire harponnée, par la force d'une écriture singulière, à fleur de peau, sensible, brute et sensuelle. L'auteur semble gratter ses plaies avec la plume d'un stylo pour en faire jaillir les mots, comme certains s'automutilent pour que la douleur physique apaise la douleur psychique.
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J'adore votre analyse .Merci pour cette chronique qui m'a apporté un point de vue complètement différent du mien qui était purement psychiatrique.
Merci