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Un livre de cinéaste, qui ne se lit pas comme les autres. Sur la couverture, seuls le nom de l'auteur, Véronique Goël, et le titre: Hotel Comercio. Enigmatique. Rien n'indique encore de quoi il s'agit. On ouvre le livre et l'on découvre une série de 110 photographies réparties sur 56 pages, cernées de six lignes de texte en majuscules. L'hôtel Comercio lui-même n'apparaît que sur une ultime photographie, ajoutée à la dernière page, juste avant la quatrième de couverture. Il ferme le livre et il semble lui aussi fermé, stores baissés - presque en sursis, peut-être désaffecté. Au fil de la lecture, on l'aura donc cherché, cet hôtel, pour comprendre enfin qu'il représente à lui seul toute la ville que l'auteur a voulu étaler sous nos yeux. Mais où sommes-nous ? Ces places et ces rues, saisies à la lumière crue du petit matin, ces nettoyeurs, ces dormeurs oubliés sur leur banc, ces sacs de gravats, restes de quartiers livrés aux remodelages immobiliers, ces calicots aux fenêtres qui hurlent d'impuissance face au tapage nocturne, toute cette dérive urbaine, c'est Barcelone. Mais le lecteur comprend vite que le propos ne relève en rien de la couleur locale: tout cela, tôt ou tard, il pourra le lire dans sa propre ville - à moins qu'elle ne soit pas (exception, miracle) un «hôtel comercio» assujetti aux seules chimères du profit pour assurer sa prospérité.
Le texte ne commente pas les images. Une suite de phrases informatives (en trois langues, espagnol, français, anglais), sous forme de «dépêches» d'agences mises bout à bout, se déroule comme un long ruban amenant le lecteur à revenir au début du livre, et donc à repasser toutes les images, chaque fois qu'il arrive à la fin d'une ligne. La fonction de ce texte (certaines informations concernent Barcelone, mais la plupart sont des flashs d'actualité internationale) est donc de constituer une toile de fond, un miroir du monde, de manière à orienter la contemplation des photographies. Les phrases se développent ainsi comme un écran sur lequel sont projetées des images que le lecteur est invité à recomposer dans un imaginaire de spectateur.
Un livre de cinéaste. Un livre d'artiste.
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