"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Métral est chauffeur routier. Piégé par une cargaison dont il ignorait tout, par fidélité, il accepte d'aller en taule... Mais au moment d'entrer à l'ombre pour quinze ans, Angela lui annonce qu'elle est enceinte.
Alors Métral attend. Il écrit à sa fille. Il tente d'avoir des nouvelles avec des téléphones portables interdits en prison. Et quand il sort, il débarque dans la vie d'une ado survoltée, une pile électrique en pleine rébellion qui est serveuse au Hard Rock Cargo.
Et même si Métral sait garer un semi-remorque au millimètre près, il n'a jamais appris à gérer une nana. Alors, celle-là...
Mais Métral est patient. Métral est papa. Il peut enfin servir à quelque chose.
À quelqu'un. Alors il s'accroche. Il apprend. Et il n'est pas au bout de ses surprises.
Pas de chance pour lui, Métral est beau, beau comme le camion qu’il conduit de main de maître pour le père d’Angela dont il fait vibrer les courbes de voiture de luxe, une carlingue magnifique, bien au-dessus de ses moyens. Et Métral le sait. Alors, si ça ne l’empêche pas de foncer vers cet amour en sens unique, ça le met en situation de n’être pas toujours maître de son véhicule et d’accepter de franchir l’une ou l’autre ligne continue pour tenir la route. Par manque de visibilité et d’anticipation, il lui en coûtera un permis de suivre son petit bonhomme de chemin comme il l’entend pendant quinze longues années. Quinze ans de stationnement à ronger son frein pendant que grandit loin de lui quelqu’un qui devrait l’appeler Papa.
C’est la première incursion de Nicolas Kempf dans la pure fiction, hors des cases de la BD historique, où il officie comme scénariste depuis plusieurs années, ou des biographies dont il accompagne la rédaction, et, pour une première sortie de route, il fait preuve d’une belle maîtrise. Car malgré l’une ou l’autre incohérence un peu difficile à avaler (l’énorme naïveté de Métral et la rupture narrative un peu acrobatique…), on se laisse emporter par la fluidité de son style et l’immense capital sympathie dont il dote sa figure centrale. On retrouve dans la solidité de la construction de chaque personnage toute l’expérience acquise au contact de tant de vies racontées et on jurerait, en les quittant, avoir croisé leur regard au coin d’une rue strasbourgeoise, avoir surpris leurs conversations dans un café du coin, les avoir rencontrés, vraiment, car leurs portraits sont denses et précis et leurs voix claires et distinctes lorsqu’elles ricochent dans les dialogues plein de vie de leur facétieux créateur. C’est la très grande force de cet attachant roman.
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