"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« J'ai grandi dans un foyer, ça s'appelait l'assistance sociale à l'enfance, moi je dis le foyer des enfants abandonnés, mais les gens qui l'ont nommé préféraient mettre l'accent sur leur propre rôle ».
À dix-huit ans, la narratrice se dirige douloureusement vers l'âge adulte. Elle découvre qu'on peut se retrouver à la rue, qu'elle n'était que de passage dans son foyer ou à l'hôpital, qu'elle croyait immuables. Lorsque l'hôpital vous déclare inadapté, ou "Hors-Saveur" comme elle choisit de le traduire, être un adulte "officiel" semble d'autant plus difficile. Pourtant, elle s'acharne à suivre les séances d'"Entraînement aux Habiletés Sociales" dans l'espoir de trouver sa place dans la société.
Traduire le monde qui l'entoure et renommer les choses devient une façon de s'inventer un espace dans lequel survivre, forger un langage qui deviendra, avec l'humour et l'amitié, une arme de résistance.
La narratrice a dix-huit ans et vit dans un foyer. Sa mère ne voulait plus s'en occuper. Elle suit des cours d’entraînement aux habiletés sociales à l’hôpital car elle a des difficultés à communiquer et comprendre les autres.
Cette jeune femme entretient des relations avec « l 'actrice » dont elle est tombée amoureuse. C’est aussi sa professeure. Et Framboise, une jeune étudiante en médecine de son âge qui suit les mêmes cours à l’hôpital.
Dès le début, j'ai été surprise par le style de l'auteure assez atypique mais je m'y suis habituée au fil de ma lecture pour y prendre goût. Cela est dû en partie, au langage inventé par la narratrice : « Les Ouste », « Intègre Action Sociale », « solésismique » etc.
J'ai trouvé le thème abordé très original et intéressant. Qu'est-ce que la norme ? Est-ce que tout le monde doit s'y conformer ?
Dans ce roman surprenant, la norme est représentée par la détention de « La saveur Universelle ». La protagoniste est exclue de la carte officielle du bon goût, car elle ne sait pas dire les mots ou faire les gestes attendus en société. Elle a été cataloguée « Hors Saveur » par l’hôpital. Alors elle essaie d'acquérir la « Saveur Vanille » qui représente un goût universel.
La pathologie de l'héroïne n'est pas nommée mais existe-t-elle vraiment ? Cette dernière est touchante car elle met beaucoup de soin à suivre « le Manuel des habiletés sociales » remis par le médecin de l’hôpital afin d'acquérir les capacités lui permettant de répondre aux situations de manière adaptée. Elle veut pouvoir nouer des relations et appréhende beaucoup de se faire exclure.
Comment s'intégrer à cette société qui n’autorise pas la différence ? Faut-il renoncer à ce que l'on est, ce qui nous définit pour se fondre dans la masse et se faire accepter ?
Camille Cornu à travers « Habiletés sociales » aborde aussi le délicat passage de l'adolescence à l'âge adulte qui n'est jamais aisé. La narratrice est en pleine construction identitaire, se cherche des modèles, se pose de nombreuses questions sur elle, essaie de s'affranchir des règles posées par les institutions. Elle a des préoccupations d'adulte mais utilise un langage très enfantin par moment. L'auteure soulève la question de l'avenir et de l'accompagnement des jeunes majeurs placés à l'Aide Sociale à l'Enfance.
J'ai aimé son ton décapant et son humour qui lui sert à dénoncer des situations totalement absurdes.
Un premier roman intelligent, étonnant et bluffant d'une jeune auteure qu'il faudra suivre. Un livre très bien construit qui amène à la réflexion.
Je remercie les éditions Flammarion !
Quelle étrange histoire ! Quelle étrange fille !
Fille de l’assistance sociale, la narratrice vient d’avoir 18 ans et se retrouve dans un foyer.
Ses seules richesses, une boussole de son père et le manuel d’ « Entraînement aux Habiletés Sociales ». Il faut dire qu’elle a bien du mal avec la société et avec ses rapports aux autres.
A l’hôpital où elle va régulièrement, il y a « L’actrice », professeur d’habiletés sociales.
Episodiquement, elle va déserter le foyer et vivre chez l’actrice.
Il y a aussi Framboise, sa seule amie, avec qui elle suit les cours de l’hôpital.
Elle semble autiste tant sa difficulté de créer des rapports humains est difficile. Pourtant elle fait des efforts, elle suit avec assiduité son manuel.
Mais elle a un rapport au langage très particulier et une vision du monde très personnelle.
Elle se pose perpétuellement des tas de questions.
Etrange histoire, étrange fille, étrange livre !
Il y a d’un côté les gens normaux, les « Vanillés », et de l’autre, les gens comme elle, les « Hors-Saveur »
Où est la normalité ? Comment y accéder ?
Un livre dérangeant et prenant à la fois qui nous enveloppe dans une atmosphère bizarre dont on ne sait trop comment sortir.
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