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Le narcissisme fait naître a priori le soupçon d'une esthétique artificieuse : les ruses de l'écrivain occupé à reproduire les jeux de l'enfance et fasciné par son " roman familial " peuvent en effet différer quelque peu le passage à la création authentique.
Qu'en est-il chez Giraudoux ? Pour l'auteur de Siegfried et le Limousin, faire de la régression un apprentissage, c'est faire du narcissisme une composante dynamique de la création romanesque, faire de la crise d'identité le point nodal du récit. Giraudoux a certes puisé, pour ses premiers romans, dans un réservoir d'images, objet d'un culte narcissique. Bientôt pourtant, du fait de leur régime singulier, ces images n'ont plus en charge de dire les délices mais plutôt la difficulté et la souffrance d'être à soi.
Prend corps ainsi un imaginaire somptueux qui, s'il se sait coupable, n'en mérite pas pour autant l'indignité philosophique ou esthétique que lui attribuait Sartre. Ouvrant sur un continent perdu, et fondant le roman d'une archéologie du sujet, l'aventure du récit, chez Giraudoux, se lit comme la biographie d'une écriture, quand esthétique et psychologie se rejoignent.
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