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Avec gilles clément naît un jardin totalement nouveau, le premier jardin qui n'est pas pensé en fonction de la présence humaine et dans lequel l'homme est un visiteur parmi d'autres visiteurs vivants, végétaux et animaux, une présence non nécessaire et parfois exclue, comme sur l'île du parc derborence, dans le parc matisse à lille.
Le jardin de gilles clément est effectivement une région sur laquelle l'homme n'a qu'une souveraineté limitée, et c'est la limitation de ces pouvoirs qui suscite le mystère, l'exotisme énigmatique et le charme incomparable de ces lieux. les projets présentés dans ce livre offrent une vision significative d'une activité exercée depuis presque quarante ans ; procédant à travers une multitude d'expériences, d'intérêts et de lieux différents, elle parvient aujourd'hui à exprimer, de manière extrêmement claire et complète, une vision globale.
Naturellement, gilles clément a de nombreux autres projets en cours ; ils sont animés, et il s'en est fait une règle, par une forte volonté d'expérimentation. cependant, il est aisé de reconnaître, dans le niveau qu'il a atteint au cours de cette dernière décennie, une espèce de "climax", le sommet d'une trajectoire d'une grande originalité. elle est aujourd'hui une référence incontournable, évocatrice et fertile, pour toute la culture projectuelle.
Il n'est pas exagéré, en effet, de penser que le message de gilles clément représente une véritable révolution copernicienne, à commencer par son point de départ, le jardin en mouvement. si le jardinier observe, accompagne et suit le mouvement (plus ou moins) spontané du jardin, qu'en est-il de l'idée de landscape design ? la différence est nette, le design apparaît irréversiblement hors jeu. il faut cependant établir une distinction.
Il y a le dessin formel, celui qui instaure une relation à la nature fondée sur la domination totale de celle-ci, dans la sélection et dans la disposition des essences végétales et dans la nécessaire manipulation du sol. ce design s'appuie sur un traitement fortement sélectif du sol, sur un contrôle sévère du monde vivant et sur le caractère immuable de l'ordre institué par le dessin. il existe, par ailleurs, un design différent, alternatif, plus difficile à définir, qui projette la partie permanente du jardin, ce que nous pourrions appeler l'infrastructure, et qui garantit le respect des nécessités de base : accessibilité et facilité des parcours, bien-être et sécurité, aussi bien pour les visiteurs que pour les êtres vivants du jardin.
Dans certains projets, au royal et dans le parc matisse, ce dessin se limite à quelques éléments significatifs : les escaliers, les parcours, l'île écologique, et l'on perçoit les échos de l'expérience menée dans le jardin de la vallée. ce sont les réalisations les plus radicales, celles oú le savoir et le goût expérimental du jardinier sont le plus visibles. dans les projets de blois et de valloires, la relation avec les bâtiments historiques se reflète dans une relecture des figures traditionnelles - l'esplanade, la grotte, la promenade, les escaliers, l'axe perspectif - qui sont traitées de manière utilitaire, dépouillées de l'emphase monumentale et renforcées dans leur rôle fonctionnel, dans l'organisation et la distribution des espaces.
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