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Le dimanche 2 août 1914, l'affiche de la mobilisation générale est placardée sur toutes les portes des mairies de France. C'est le début d'une tragédie internationale, mais aussi un drame qui concerne toutes les familles du pays, car aucune n'a été épargnée. Il s'agit ici de découvrir quel a été le destin de ceux qui n'ont jamais pu raconter leur histoire. Des hommes simples, dans le sens noble de ce mot, d'hommes dans lesquels on pourrait se reconnaître. Ils ne sont plus aujourd'hui qu'un nom parmi d'autres, dans la liste gravée sur nos monuments aux morts.
L'ambition de ce livre est de démontrer que n'importe lequel de ces monuments peut à lui seul nous expliquer cette période, dont on va prochainement commémorer le centenaire.
L'histoire de France est au seuil de nos maisons, sur la place de nos marchés, à l'angle de nos champs de foire ou devant nos églises. Il s'agit ici d'Auriat, un petit village limousin, dont trente-sept de ses enfants ont payé de leur sang, la folie meurtrière de cette époque. Trente-sept soldats, qui deviennent le prétexte pour décrire quel a été le sort de millions d'autres.
Ils sont les anonymes de la grande histoire. Des hommes jeunes, pour la plupart célibataires, mais également de jeunes mariés, pères depuis peu et qui n'avaient d'autre souhait que de vivre paisiblement, se sont retrouvés après quelques jours de marche, dans la chaleur accablante et la poussière de ce mois d'août 1914, sous les obus et face à la mitraille. Rien ne les prédestinait à ce qu'ils allaient vivre.
Pourtant, tous ont fait leur devoir. L'un d'eux a croisé le lieutenant Charles de Gaulle sur le pont de Dinant, un autre était au côté de l'adjudant Chèvre à Gerbéviller, un autre à Salonique, un autre témoin de la première attaque des chars dans la Somme, un autre à Vittorio Veneto.
Ils étaient partout, sur tous les fronts. Le premier, vêtu de son pantalon garance, est mort dans les premiers jours de la Bataille des frontières. Le dernier est décédé en mars 1919, les poumons rongés par les gaz qu'il avait respirés. Ils se sont battus comme jamais on ne l'avait fait, comme on ne le fera jamais plus. Ils sont morts dans l'anonymat d'un paysage dévasté, en se lançant à l'assaut ou en subissant le tir de l'artillerie au fond d'une tranchée, sous la canicule ou dans la neige, dans une infirmerie qui gérait l'urgence et pour certains, dans un lit d'hôpital, emportés par des fièvres sournoises.
C'était il y a cent ans.
C'est en se promenant dans le village d'Auriat avec son père que l'idée de retracer le destin de ces 37 soldats est venue à Laurent Guillemot. Il a fouillé les archives, lu les Journaux de marche des régiments et de nombreux documents sur cette époque. Une grande partie de sa famille est originaire de la Creuse, où il séjourne très souvent. Né à Paris en 1950, Laurent Guillemot travaille dans l'édition.
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