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Wolfgang Rihm, né en 1952, est l'une des figures majeures de la création musicale.
Ce recueil de ses textes, le premier qui lui soit consacré en français, permet donc de faire connaître les idées et les conceptions qui sous-tendent son oeuvre. Aussi bien dans sa musique que dans ses réflexions, Rihm est un anti dogmatique : lors d'une séance d'analyse à Darmstadt, publiée sous le titre « Le compositeur en état de choc », texte repris dans notre volume, Rihm expliquait que la nature de ses « solutions personnelles » n'avait aucune prétention à une quelconque universalité de la méthode, mais que seule l'oeuvre achevée avait vocation à être comprise universellement, et cela « par ses propres forces ». On « se trouve donc dans l'impossibilité réjouissante de ne pouvoir faire l'objet du moindre enseignement ». La liberté musicale et la subjectivité sont pour Rihm des notions fondamentales, au nom desquelles il n'hésite pas à explorer des territoires qui ont été longtemps tabous dans le monde de la musique contemporaine.
Dès ses débuts, il fut associé au courant de la « Nouvelle Simplicité », avant de se frotter aux extrêmes de l'expérience contemporaine, s'appuyant notamment sur les écrivains de la folie comme Lenz, Hölderlin, Artaud, Wölfli. Son goût littéraire très sûr l'a également conduit vers Jean Tardieu, Paul Celan ou Heiner Müller. Il s'est lié d'amitié avec le philosophe Peter Sloterdijk. L'une de ses impulsions les plus fondamentales, dans l'Allemagne ravagée de son enfance, fut l'écoute d'une grande oeuvre d'orchestre de Varèse : « J'avais l'image du son que je désirais ; de façon très étrange, il se situait entre sévérité et exaltation, entre austérité et brûlante sensualité. Ces deux pôles m'attirent toujours magiquement, et je recherche l'un dans l'autre. » Dans ses textes, Rihm ne procède pas par affirmations péremptoires mais use volontiers du paradoxe afin de poser des questions souvent dérangeantes. Dans le choix que nous proposons, il aborde de nombreuses questions : celle de l'humanisme, de la postmodernité, des rapports entre langage et musique, de la tonalité, du théâtre musical, de la spiritualité, du progrès. Notre sélection se concentre sur les écrits les plus essentiels, ceux qui révèlent le mieux la pensée du compositeur. Elle s'appuie sur deux recueils parus en allemand : ausgesprochen (édition en deux volumes réalisée par Ulrich Mosch aux éditions Amadeus en 1997), et Offene Enden (réaliséeégalement par Ulrich Mosch aux éditions Carl Hanser en 2002). Une lettre programmatique sur la notion de « ligne » en relation avec les oeuvres de Brahms et un entretien inédit avec le compositeur réalisé pour cette publication par Ulrich Mosch et Pierre Michel constituent les témoignages les plus actuels.
Cette pensée en perpétuelle évolution depuis les années 1970 a ainsi accompagné une production musicale impressionnante, qui comporte à ce jour près de 350 opus, et où tous les genres musicaux sont abordés, du lied au grand opéra, de la pièce solo au grand orchestre, sans oublier l'oratorio et même une Passion.
C'est Martin Kaltenecker, l'un des meilleurs connaisseurs de la musique récente dans les pays germaniques, qui a traduit l'ensemble des textes. Il a déjà été le traducteur, pour les éditions Contrechamps, de textes fondamentaux comme ceux de Carl Dahlhaus, Theodor W. Adorno, Helmut Lachenmann et Luciano Berio.
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