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Le cimetière est l'espace public le plus ancré dans le territoire communal aux côtés de la mairie, de l'église, de l'école et du monument aux morts. Il est le reflet de la société, de sa représentation, de ses pratiques aussi bien religieuses que sociales ou économiques. Les cimetières, et leur corollaire les funérailles, engageant collectivement les hommes, ont exigé un encadrement permanent dans le temps. Les espaces funéraires des Alpes-Maritimes offrent de multiples visages, liés à la double influence française et italienne, aux reliefs géographiques, ainsi qu'à la présence d'une colonie d'hivernants étrangers au département venus se soigner, et parfois finir leurs jours. Les sources permettant de retranscrire l'histoire des cimetières sont nombreuses. Aux Archives départementales, le dépouillement des testaments médiévaux (sous-série 3 E) nous amène à connaître les pratiques funéraires anciennes et le lieu choisi d'inhumation. Les séries G et H, des fonds des clergés séculier et régulier, fournissent les principales infor- mations pour les périodes médiévales et modernes. Les visites pastorales des évêques dans les différentes paroisses sont particulièrement précieuses pour être au fait de l'état des cimetières. Après la Révolution française, accompagnée de la municipali- sation des cimetières, les éléments sont à chercher dans les fonds des archives communales (archives municipales et dépôts des communes, E dépôt) et, surtout, dans les dossiers d'administration commu- nale de la préfecture et des comptes communaux (sous-série 2 O) et, après 1940, dans les fonds de diverses administrations (W). Les fonds privés rendent possible l'étude des architectes et de leurs clients, de même que des entreprises de maçonnerie. La première partie du catalogue s'intéresse à l'es- pace funéraire et à son organisation. Sont abordés les cimetières paroissiaux mis en place autour des lieux de culte au Moyen Âge central, tout comme la pratique persistante de l'inhumation dans l'église même. Jusqu'à la fin de l'époque moderne, le cime- tière est un espace familier, sous le contrôle de l'Église et placé bien souvent au centre du village. Vivants et morts s'y côtoient. À partir de la fin du xviiie siècle, et en particulier de la déclaration royale du 10 mars 1776 puis du décret du 23 prairial an XII, les espaces funéraires tendent à être rejetés hors des agglomérations. L'évolution la plus notable est la mise en place du contrôle public de la mort et des cimetières, fruit de la Révolution française. Le cime- tière devient une compétence communale obligatoire suite au décret de prairial. Le principe de la conces- sion funéraire est également introduit dans le droit français. L'ordonnance du 6 décembre 1843 impose au conseil municipal de proposer des concessions perpétuelles, trentenaires ou pour quinze ans. Le paysage du cimetière contemporain du départe- ment est passé en revue, de l'espace d'inhumation urbain du littoral, pourvu de tombeaux monumen- taux, au modeste cimetière de montagne. Si l'extrême majorité de la population maralpine a longtemps été de religion catholique, une place a été faite aux cimetières des autres confessions et à leurs particularités. Enfin, un chapitre est consacré aux carrés militaires du département établis notam- ment au cours de la Première Guerre mondiale. La deuxième partie étudie les funérailles, de l'ex- plosion dévotionnelle de la fin du Moyen Âge aux pratiques contemporaines. Le rôle indispensable des confréries, véritables entreprises de pompes funèbres des siècles durant, a été mis en valeur. Jusqu'à la loi du 28 décembre 1904 et son abroga- tion, le monopole des pompes funèbres est confié aux fabriques d'églises et aux consistoires. À partir de 1904, on distingue le service intérieur (fourni- ture d'objets pour les funérailles et la décoration des édifices cultuels) du service extérieur (le trans- port du corps). La neutralité des espaces funéraires est progressive- ment imposée. La loi du 14 novembre 1881 abroge la séparation matérielle des différents cultes au sein du cimetière. Celle du 9 décembre 1905 affirme le principe de neutralité et interdit d'élever des emblèmes religieux, qui restent cependant possibles sur les tombes elles-mêmes. L'organisation des funérailles est liée aux contextes de mortalité et un chapitre expose les épidémies ayant ravagé les Alpes-Maritimes et leurs consé- quences funéraires. L'étude se termine sur une présentation des diffé- rents métiers liés aux cimetières. Une troisième partie s'attache enfin aux cimetières urbains de quelques communes emblématiques du département, ainsi qu'à une sélection de tombes d'un intérêt aussi bien historique qu'architectural.
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