"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Comme la blancheur de la baleine, le "colorless-all color" du Moby Dick de Melville, semble le présager, l'absence est souvent rendue visible, voire tangible, dans la fiction américaine. Cet ensemble de contributions est consacré aux différents moyens de re-présentation de l'absence dans les romans ou nouvelles. Sont ainsi évoqués les voiles et vernis de l'illusion, mais aussi les blancs et les silences du texte.
Comment les secrets intimes et obsédants ou les soupçons de conspiration émergent-ils dans la fiction ? Si "Voir, c'est perdre" (Georges Didi-Huberman), la réflexion du texte sur les limites du voir et du dire n'est-elle pas un moyen de recréer les miracles de l'invisible, les mystères de l'inconnu ou l'étrangeté de l'ordinaire ? L'expression du deuil peut également être considérée comme un moyen de survie.
Comment parle-t-on des absents, qu'ils soient des proches décédés, des amis perdus de longue date ou des anonymes disparus ? Que reste-t-il de leurs vies, leurs corps, leurs voix, leurs secrets ? Comment la voix qui prend en charge le texte réussit-elle à évoquer, voire à recréer cette "altérité" absente qui suppose la présence d'un "je" vivant ? Ce numéro cherche à savoir, enfin, si les disparitions, dans la fiction américaine, ne seraient pas un lieu de ralliement pour les écrivains et les lecteurs, l'émanation d'une rencontre, ou d'une émotion partagée.
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