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La vérité est-elle jamais mise en question par Descartes ? Entendons : comment connaître la vérité dans son essence ? Si la vérité " est une notion si transcendantalement claire qu'il est impossible de l'ignorer ", la connaissance de l'essence de la vérité doit précéder toute " recherche de la vérité ", qu'elle porte sur " toutes les choses " (l'enquête méthodique des Règles pour la direction de l'esprit), qu'elle ait lieu dans les sciences (Discours de la méthode) ou qu'elle s'applique aux " premiers fondements " (Méditations). Mais de quel savoir disciplinaire relève la connaissance de la vérité en elle-même, dès lors que sa clarté transcendantale est présupposée et par la méthode et par la métaphysique ? Le cartésianisme repose-t-il sur une connaissance infondée de l'essence de la vérité ? Nous soutenons au contraire que la question de l'essence de la vérité est à l'arrière-plan de la question du fondement, qu'affrontent toutes les oeuvres de Descartes. Elle donne lieu à une thèse constante - l'essence de la vérité est la certitude - qui constitue le fil ininterrompu de la pensée cartésienne et le motif de ses modifications. Si l'élaboration de la mathesis universalis dans les Règles pour la direction de l'esprit lui donne sa première figure, la doctrine des natures simples ne suffit pas à en rendre raison. Le dialogue La recherche de la vérité par la lumière naturelle rend à son tour patente l'impossibilité pour l'entendement, seul, de fonder la certitude. Ayant substitué à la théorie des natures simples celle de l'idée vraie, les Méditations surmontent l'aporie initiale : l'essence de la vérité comme certitude s'y accomplit, en tant que jugement de la volonté. L'idée distinctement donnée à l'entendement n'est vraie qu'à être certaine, c'est-à-dire jugée telle par la volonté (Quatrième Méditation). Penser l'essence de la vérité comme certitude, c'est au fond penser la vérité comme finie. Ainsi s'articulent, dans le corpus cartésien, les Lettres à Mersenne sur la création des vérités éternelles et les Méditations de philosophie première. Ainsi en va-t-il, pour la métaphysique en son époque cartésienne, du lien constitutif de la vérité et de la liberté. G O.
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