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Les bons esprits en ont fini avec Marx, et rangé au musée des errances l'utopie selon eux contraire au projet démocratique. La faillite du marxisme, sanctionnée par l'Histoire, serait soi la déroute d'une espérance finalement meurtrière, soit la fin de l'illusion qui cherchait à fonder une transformation sociale du monde sur le savoir et la rigueur scientifique.
Pourtant, l'effondrement du communisme soviétique n'offre-t-il pas une chance, pour la pensée de Marx, de se libérer de la postérité totalitaire dans laquelle l'Histoire l'avait pour l'essentiel enfermée ? Et, pour que l'utopie, de se débarrasser d'un malentendu qui l'a trop confondue avec les rêves d'une conscience malheureuse ?
Henri Maler, philosophe et chargé de cours de sciences politiques à l'université Paris VIII, a voulu accompagner ce courant libérateur en étudiant la confrontation de Marx avec l'utopie. L'auteur du Capital, malgré ses intentions, n'a pu congédier entièrement l'héritage de « l'utopie des perfections imaginaires ». Mais la critique de cet impensé permet à un lecteur attentif de reconstruire un concept d'utopie de « bon aloi » dégagé des impasses de l'eschatologie.
Ainsi le détour par Marx enseigne-t-il, avec et contre lui, les conditions d'un sauvetage de l'utopie qui ne serait pas un mirage, mais une stratégie de transformation du réel.
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