"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« Je viens de passer six mois à la ferme. Je n'étais pas le fermier : j'étais le cochon. » Voici un livre à nul autre pareil.
L'auteur, fragilisé depuis longtemps par une tendance dépressive, sombre un jour dans une crise mélancolique aiguë. Il est interné durant presque six mois dans un service psychiatrique, où on lui administre une thérapie par éléctro-chocs, présentée comme anodine. Mais lorsqu'il tente de reprendre pied dans sa vie... il n'a plus de vie : il est devenu étranger à lui-même, souffrant de graves troubles de la mémoire.
Comment faire face au quotidien, amnésique, dans une société où tout doit être mémorisé? La vie matérielle se dérobe : du code de la porte d'entrée à celui de la carte bancaire, du portable ou de l'ordinateur. La vie familiale, amoureuse, amicale aussi : un homme sans mémoire est un homme radicalement seul.
D'autant qu'il ne fait pas bon critiquer aujourd'hui les dangers des thérapies de choc, à nouveau à la mode, et leurs défenseurs, au pouvoir dans les hôpitaux.
Ce voyage aux limites aurait pu se prêter à un traitement sentimental, pathétique et larmoyant, faisant appel à la compassion du lecteur.
L'auteur a choisi une toute autre voie : un texte littéraire, à la fois érudit, burlesque et paradoxal, composant les « Mémoires d'un amnésique ».
Erudit parce que l'auteur dévore toute la littérature psychiatrique sur l'histoire du traitement par électro-chocs en s'interdisant tout recours à internet et en menant une enquête historique pour trouver la clef d'une énigme personnelle.
Burlesque parce qu'il met en scène et à distance ce combat à l'aveugle pour y voir clair, ses confrontations avec les médecins traitants (dont il enregistre les propos à leur insu), les réminiscences incertaines de sa vie d'avant...
Paradoxal car l'entreprise même de l'écriture de ce livre est un défi à son handicap : soit il triomphe de sa mémoire défaillante et donne raison aux psychiatres qui le soupçonnent de simuler, soit il donne tort à ses médecins et produit un livre illisible.
Mauvaise nouvelle : le livre est une réussite magistrale !
Marc Grinsztajn est hospitalisé dans un grand hôpital parisien pour des troubles psychiques. Il est traité par ECT, sigle aseptisé désignant les antiques électrochocs. Après six mois de traitement, l'auteur sort de l'hôpital en grande partie amnésique.
Dans son livre, l'auteur détaille toutes les contraintes du quotidien quand la mémoire fait défaut. Comme faire ses courses quand on est incapable de retenir son numéro de carte bleue ?
Il dévoile aussi les difficultés émotionnelles dans sa relation aux autres qu'il a presque entièrement oubliés. Il partage également ses lectures concernant la psychiatrie et son histoire et, de façon drôlissime, l'opacité du corps médical quand ses méthodes se trouvent contestées.
J'ai beaucoup aimé ce livre aussi drôle qu'intelligent et bien écrit.
A lire un stylo à la main, pour ne rien oublier.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !