"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Alors que Bartley, sur le point d'embarquer avec sa jument et son poney pour les vendre à la foire, fait ses adieux à ses soeurs et à sa mère, celle-ci reçoit les habits d'un noyé qui pourrait être un autre de ses fils. À peine l'a-t-elle identifié, on lui ramène le cadavre de Bartley que le poney a précipité du haut de la falaise. Nous assistons à l'effondrement de la vieille femme, égrenant sur scène, dans une langue d'une beauté antique, la litanie de ceux que la mer a fini de lui prendre jusqu'au dernier, laissant toute la place à la douleur désormais dans sa vie : « Qu'est-ce qu'on peut vouloir de plus ? Personne au monde ne peut vivre toujours, et nous devons tous consentir. » Remaniant son texte de 1975, Fouad El-Etr donne ici une traduction admirable de rythme et de dépouillement de cette pièce en un acte, un classique du genre, dans laquelle Synge atteint le sommet de l'art tragique, chant pur, intime, intemporel, qui touche au silence.
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