"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ils étaient si jeunes, quand ils se sont rencontrés, qu'ils ne pouvaient imaginer leur destin. La Madrilène Berta Isla et l'Hispano-Britannique Tomas Nevinson pensaient que leur histoire serait celle de beaucoup de couples de leur époque et de leur condition. Mais il suffit parfois d'une journée - d'une journée quelconque - pour voir sa vie basculer et se retrouver ensuite dans une relation distante, condamnée au secret et à la dissimulation, au faux-semblant et aux conjectures. Ainsi qu'il l'avait fait dans Comme les amours (2013), Javier Marias donne ici la parole à un personnage féminin qui vit de ses souvenirs, aux prises avec l'impossibilité de connaître vraiment celui qu'elle aime. Quant à Tomas Nevinson, son récit est celui d'un Ulysse qui, progressivement, devient «personne» et dont l'existence, au service de l'Histoire, avec une majuscule, se transforme en une interminable fantasmagorie. Avec Berta Isla, ample roman en dix parties au titre aussi mélodieux qu'intrigant, Javier Marias creuse brillamment son sillon et offre au lecteur non seulement un formidable portrait de femme, mais également une nouvelle peinture du couple comme l'un des laboratoires les plus secrets de la vie contemporaine.
WAOUH ! WAOUH ! WAOUH !
Mais comment j'ai pu vivre jusqu'à présent sans avoir lu un seul livre de Javier Marias ?
Berta Isla a été un véritable coup de foudre littéraire !
On peut résumer ce livre en cinq mots : attente, incertitude, ignorance, tromperie et emberlificotage.
Javier Marias est le Machiavel de la littérature !
Il nous dupe à la manière d'Hitchcock et il manipule nos émotions un peu comme Flaubert dans Madame Bovary.
Berta Isla, c'est tout ce que j'aime en littérature : de l'intelligence, du style et un texte parsemé de références littéraires (T.S. Eliot, Balzac et, à mon avis, Shakespeare) ainsi que des clins d'œil à une culture plus "populaire" (comme le personnage de l'inspecteur Morse).
Mais le rythme lent, le manque d'action, des phrases longues, bref ce que j'aime, va déplaire à d'autres...
Berta Isla – Javier Marias
Berta est une femme Madrilène aux idées bien arrêtées qui plait à beaucoup et qui rêve d’une vie de couple de son époque, de sa condition. Elle fait la connaissance en classe de 1ère de Tomas Nevison un jeune homme charmant issu d’un père britannique qui parle plusieurs langues et grand imitateur à ses temps perdus.
Il sera poussé par son père à poursuivre ses études à Oxford.
L’éloignement aura raison de leurs corps jeunes et auront tous deux des aventures sans lendemain jusqu’au mariage en mai 1974.
Tomas se rapprochera de Wheler, son professeur qui verra en lui un avenir hors du commun, mais Tom refusera sa proposition d’intégrer les services secrets.
Lors d’une soirée quelconque où il retrouve Janet pour assouvir un bien être sexuel, il apprend e lendemain sa mort. Il sera alors le premier que la police soupçonnera.
Pour se dégager d’une condamnation, Wheler lui proposera de rencontrer un homme avec lequel il n’aura pas le choix d’accepter la proposition d’emploi pour étouffer l’affaire.
Et c’est maintenant que l’histoire devient pour le jeune couple
Une liaison intermittente
Une cicatrice dans le temps
Des questions sans réponses
Des incertitudes latentes
Une rancune inévitable
Une vie pleine de surprise
Une introspection sous tension
Des scrupules immoraux
Une communication esseulée
Une extrême solitude
Une vie dans la mort
L’auteur plonge le couple dans un langage sans paroles et arrive tout de même à travers 580 pages à donner corps à deux âmes prises dans le désarroi, à remplir le vide de pensées rationnelles et humaine d’une femme, d’une mère de famille à rechercher des solutions, à déchirer le silence.
Un livre d’amour, de Services secrets, de suspens avec une écriture aux descriptions de film.
Un coup de cœur.
Lu dans le cadre du prix des libraires Folio Télérama 2021. Berta Isla, jeune Madrilène et Tomas Nevinson issu de cultures croisées hispano-britannique se rencontrent très jeunes et se promettent de lier leur destin pour le meilleur et le pire. Brillant étudiant à Oxford, surdoué en capacités linguistiques, il est remarqué par des recruteurs d’agents secrets qui souhaitent faire profiter le pays de ses dons exceptionnels. Contraint d’accepter de collaborer, le voilà embarqué dans une vie partagée entre Madrid et Londres(mais pas seulement!) qui le laissera parfois très longtemps absent du foyer familial. La culture impérative du secret sur ses activités rend sa vie difficile et de plus en plus distendue avec Berta et leurs deux enfants. De très longues explications et digressions sur le métier d’espion, sur l’obéissance, sur la capacité à endurer des situations diverses et variées, sur la peur omniprésente sont menées très intelligemment par l’auteur mais finissent par lasser un peu le lecteur. Une plus grande compacité du texte en aurait accru l’intérêt !
En 1974, Berta Isla épouse Tomás à Madrid. Elle est espagnole, il est hispano-britannique. Tous deux ont 23 ans, ils s'aiment depuis le lycée. Mais Tomas ne peut dire à sa femme Berta la vie qu'il mène loin d'elle lors de ses fréquents et longs déplacements ni la nature réelle de ses missions. Elle doit l'accepter sans poser de questions, et elle l'accepte. Berta sait qu'elle vit en partie avec un inconnu. Mais un jour Tomás s'évapore, les mois et les années s'écoulent sans aucun signe de vie, il a disparu sans laisser de trace.
Reprenant le thème du colonel Chabert ou de Martin Guerre, dans ce roman très original, Javier Marías nous invite à partager le quotidien d'un agent des services secrets britanniques. de Londres à Madrid, de Berlin à la guerre des Malouines, nous voici entraîner dans le monde des vies fictives, des gens qui ne figurent nulle part, qui agissent dans l'ombre, qui obéissent à des ordres qu'il n'est pas question de discuter, ni même d'analyser.
Trois voies se font entendre dans ce récit : un narrateur anonyme, Tomás et Berta, qui attend avec angoisse le retour de son mari, toujours discrète, c'est que dans ce genre de boulot, une épouse qui harcèle son époux et qui veut tout savoir est un fichu problème.
Si parfois quelques longueurs, des détours ou des méandres m'ont un peu donné un sentiment de lassitude, je me suis laissé prendre à cette sombre machination, ce coup monté inimaginable, ce piège implacable qui va déterminer le cours de l'existence de Tomás et Berta.
Pour ceux qui éprouveraient une certaine méfiance à lire un roman d'espionnage, je les rassure ce livre va bien au-delà, car ici l'histoire est racontée de l'intérieur par ceux qui la vivent et ceux qui la subissent.
Quelle histoire !! Une histoire extraordinaire vraiment, mais pas une histoire d’espion de plus : pour une fois le point de vue est celui de l’épouse qui vit à ses côtés, Berta Isla (titre éponyme) qui subit cette situation dans toute son injustice et avec abnégation.
Cette vie rythmée par des d’absences imprévisibles, longues, sans explications, elle la supporte avec détermination. Parfois elle se révolte puis fini par s’accommoder de cette situation incompréhensible au point de la justifier et même si elle en mesure les limites, elle se construit autour de ces abandons jusqu’à accepter la disparition définitive, ou en tout cas inexpliquée de son mari. Le personnage nous entraine dans une profonde introspection autour de l’acceptation d’une situation normalement insupportable : le renoncement à sa vie sociale, à sa vie de couple, à sa vie de famille complètement annihilée par les absences déroutantes de l’autre.
Berta Isla, une jeune madrilène élégante et belle fréquente Tomàs Nevinson (Tom), moitié anglais-moitié espagnol, depuis la classe de première. Un couple précoce qui se rencontre à 15 ans et se marie en 1974, ils ont 23 ans. Elle deviendra professeure au département de littérature anglaise, il poursuivra ses études à Oxford où il se révèlera un élève brillant par sa culture et son don pour les langues, très doué pour les imitations. Tomàs Nevinson ferait une taupe idéale. Ça se passe dans l’Espagne de Franco, un pays où il n’y a pas de politique, juste les ordres du Généralissime. En fil rouge on trouve la trahison, ce qui n’étonnera pas les fidèles lecteurs de Javier Marias tant ils le savent obsédé par la chose.
Une journée dans leur vie commune suffira à faire basculer leur destin vers l’inconnu. Quelqu’un a tué Janet et le piège s’est refermé sur ce couple.
Douze après sa disparition, Berta retrouve Tom, son jeune mari qu’elle croyait disparu au cours d’une opération spéciale des services secrets britanniques pour lesquels il effectuait une mission. Pénélope et Ulysse s’inscrivent en filigrane tout au long de ce récit empli d’incertitudes, de masques, de silences et d’effacements. Le colonel Chabert est en embuscade dans certains chapitres : on espère retrouver le disparu donné pour mort mais on craint autant sa résurrection que son retour. Berta ne saura jamais ce que Tom a fait pendant toutes ces années et en nourrira un ressentiment de femme trompée.
Berta Isla connaît-elle vraiment celui qu’elle croit aimer ? On en revient à Proust, dont la musique résonne en sourdine, et à ce qu’il en disait dans une lettre : « Nous vivons auprès de gens que nous croyons connaître. Il nous manque l’événement qui nous les révèlera autres que nous les savons ». La fidélité ne s’explique pas et « les loyautés imméritées » encore moins.
Que s’est-il réellement passé pour Tom durant tout ce temps, puisque ses supérieurs eux-mêmes ne semblent pas être au courant ? Nul ne peut le dire, même pas Tom à qui on a volé sa vie. On lui avait promis qu’il deviendrait quelqu’un et il n’est plus personne. Ce qui n’est pas raconté sera effacé, tout ce qui est arrivé au loin tient de l’imaginaire, lui avait-on dit. Les services secrets sont-ils une machine à broyer les êtres ? Puisque le temps anéantit tout, que le récit exact est impossible, que reste-t-il à la fin ? En toile de fond, l’ombre du franquisme pèse sur l’histoire politique de l’Angleterre de Mme Thatcher, sur l’IRA et la guerre des Malouines.
Il serait vain de dresser l’inventaire d’un tel roman, non seulement parce que cela gâcherait sa lecture, sa découverte mais encore parce que sa richesse ne se réduit pas à une accumulation de morceaux de bravoure, de formules, de faux-semblants ou de situations. C’est une histoire envoûtante qui nous enveloppe dès le début et ne nous lâche pas.
L’auteur s’installe, prend son temps, digresse. Ses descriptions sont minutieuses. Visiblement, il s’y plaît. Portrait de femme ou portrait de couple, ses portraits se déploient en un luxe inouï de détails dans la peinture de chaque trait. Il ne lui faut pas moins de trois pages pour dessiner le visage de son héroïne. Voilà un romancier qui engage à chaque fois une conversation avec l’invisible lecteur que nous sommes et qui nous traite en ami. Javier Marias a une rare qualité de conteur dont il fait preuve de bout en bout.
Auteur espagnol contemporain, Javier Marias est aussi un journaliste engagé, de renommée internationale. Une partie de son enfance s’est passée aux Etats-Unis où son père, le philosophe républicain Julian Marias Aguilera, rejeté par le régime franquiste, est enseignant. Cette expatriation est liée à un événement profondément traumatisant de la guerre civile : la dénonciation de son père, aux phalangistes par … son meilleur ami !
Sa double culture lui permet de nous livrer des descriptions aussi minutieuses que riches de ces deux mondes dans lesquels navigue son personnage Tomàs. Ses références littéraires sont foisonnantes, Shakespeare, les poèmes de TS Eliot, Dickens, Conrad.
C’est un livre passionnant, remarquablement bien écrit que nous donne Javier Marias. Ses multiples digressions n’en rendent pas moins haletante cette histoire dont on se sépare difficilement. Une histoire de destruction, de trahisons, d’amour, vaste métaphore de la condition humaine.
Je ne connaissais pas Javier Marias, quelle chance de découvrir un auteur de cette envergure au travers de ce roman ! Comment noter un auteur de cette qualité ? Je me régale d’avance du plaisir de pouvoir me replonger dans son univers avec ses autres romans qui ont également connus une reconnaissance internationale « un cœur si blanc », « Demain dans la bataille pense à moi » « si rude soit le début » etc… !
Un roman que je recommande donc sans hésitation à tous et à toutes, véritable pageturner, et auteur à découvrir pour les heureux lecteurs qui ne l’ont pas encore lu.
Berta Isla est le récit d’un amour contrarié et le portrait d’une femme. Berta et Tomas se rencontrent dans un lycée de Madrid et tombent amoureux. Rien à voir avec les amours adolescentes. Tout est bouleversé quand Tomas est recruté malgré lui par les services secrets britanniques.
Le jeune homme mène une vie de secrets puisqu’il ne peut raconter ses activités. Un jour, Tomas disparaît sans donner de nouvelles.
Berta reste persuadée que son mari est vivant.
Il y a quelque chose qui sent l’espoir, quelque chose d’Un Long dimanche de fiançailles de Japrisot.
Tomas, finalement, à force d’endosser des rôles perd son identité. Seule Berta reste son repère.
Javier Marias écrit une réflexion fine et complexe sur l’identité et sur le sens qu’on cherche à donner à sa vie.
J’ai adoré le style de l’auteur avec ses phrases très longues, très lyriques. L’auteur s’empare de thèmes intemporels qui font écho à chacun d’être nous. Une lecture exigeante qui sous des faux airs de romance invite à réfléchir sur les liens qui nous unissent à ceux que nous aimons.
Ce n’est un roman d’espionnage mais un roman sur l’espionnage, ou plutôt sur les effets sur le couple d’un engagement tel que l’espionnage. La définition de l’homme selon laquelle l’agent secret est une sentinelle œuvrant pour la sécurité du pays s’affronte à la celle de la femme qui pense que cette version n’est qu’un boniment pseudo-patriotique. Le couple est en suspens, face au secret. Quant au concept selon lequel on peut choisir sa vie, l’auteur le décrit comme une notion moderne et subjective : en ne se rebellant pas contre la vie qu’on lui a imposée, l’homme l’a finalement acceptée (et appréciée par moments, selon ses aveux).
« Ainsi en va-t-il de ces vies qui, (…) se contentent d’exister et d’attendre ». J’ajouterai que pour Tomás, il convient d’attendre pour exister.
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