Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka, le principal opposant au roi du Maroc, Hassan II, a rendez-vous à la brasserie Lipp, à Paris, avec trois personnes : Philippe Bernier, journaliste, Georges Franju, cinéaste, et Georges Figon, producteur. L'enjeu de cette rencontre est la signature d'un contrat pour la production d'un film sur les luttes anticoloniales, écrit par Marguerite Duras, réalisé par Franju et produit par Figon. Avec, comme têtes d'affiche : Fidel Castro, Che Guevara, Mao, Ho Chi Minh, Nasser... Un casting de rêve, orchestré par Mehdi Ben Barka. Bernier, un ami de Ben Barka, est, à son corps défendant, l'un des rouages du complot qui s'est mis en place. Figon est un voyou et il est de mèche avec les comploteurs. Avant même d'entrer dans la célèbre brasserie, Ben Barka est interpellé, sur le trottoir, par deux hommes qui se présentent comme des policiers... Il est embarqué dans une Peugeot 403, direction Fontenay-le-Vicomte, en région parisienne. On ne le reverra jamais plus... Dès le début, maître Maurice Buttin, avocat de la famille Ben Barka, comprend que l'enquête sur la disparition de l'opposant marocain va être très compliquée. C'est le moins qu'on puisse dire... Qui a tué Ben Barka ? Dans quel but ? Quel est le rôle des services secrets marocains ? Et celui de la France ? Une enquête fouillée et passionnante de David Servenay, journaliste au long cours, et de Jacques Raynal, dessinateur au noir et blanc intransigeant.
Mehdi Ben Barka a été vu pour la dernière fois vivant à Paris le 29 octobre 1965 après 12h15 alors qu'il allait entrer dans la brasserie Lipp sur les Champs-Elysées. Il est alors emmené en voiture par deux hommes ayant présenté des cartes de police. Qu'est-il arrivé au jeune leader des forces populaires du Maroc ? Qui est derrière ce qui apparaît comme un complot bien orchestré ?
C'est la plus ancienne enquête criminelle en cours dans les annales de la justice française que nous raconte Davide Servenay, journaliste indépendant. Il a interrogé les proches de Ben Barka, il interroge le rôle du SDECE, services de renseignements français, et pointe la responsabilité du Maroc à son plus haut sommet ainsi que du gouvernement français. Et il s'agit surtout de comprendre pourquoi Mehdi Ben Barka apparaissait aussi gênant.. Exilé car condamné à mort dans son pays, principal opposant de gauche, très populaire, il propose d'organiser avec Che Guevara la conférence tiers-mondiste Tricontinentale. Il disparaîtra avant.
Après La septième arme (La découverte, 2019), Jacques Raynal, plus connu sous le nom de Jake Raynal par les lecteurs de Fluide Glacial, retrouve David Servenay. Il est aussi créateur de Francis avec Claire Bouilhac (Cornélius). Son dessin en noir et blanc se fait ici sérieux et documentaire. Sans vouloir être forcément précis sur les visages notamment, il place des ambiances sombres et évite les pages lourdes d'informations croisées parfois dans les bandes dessinées du réel. Cela donne une lecture très digeste, prenante, bien complétée par un dossier très complet.
Ben Barka, La disparition est le récit d'une enquête qui se heurte au mur du silence et qui tente de reconstituer les faits. Si tu aimes les enquêtes journalistiques en bande dessinée, tu ne seras pas déçu.e !
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