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Si l'on pose le problème du rapport entre le poète médiéval et les auteurs de l'Antiquité, on peut d'emblée établir un lien direct entre le plaisir sexuel ou amoureux, propre aux moralistes chrétiens, et un vocable majeur de L'Art d'aimer d'Ovide, celui de mora. Ce dernier terme, qui a le sens d'« attente », se rattache à l'expression scolastique delectatio morosa, dans laquelle l'épithète a la même signification que mora. La délectation morose désigne ainsi le plaisir joint au désir d'un objet absent, inaccessible ou prohibé, tandis que, comme le répète Ovide, « la mora est l'aiguillon de l'amour ».
Plus intéressé par la littérature courtoise elle-même que par des oeuvres didactiques s'y rapportant, ce livre ouvre - des textes des troubadours à ceux des trouvères - sur un vaste champ de littérature de l'amour. Il porte, par prédilection, sur les cinq grands romans de Chrétien de Troyes, questionnant la notion de fin'amor (amor étant alors au féminin), l'amour dit courtois. Ce que l'on nomme fin'amor est un système de mots et de valeurs, à l'intérieur duquel le chevalier déroule une aventure au sein du monde de la merveille personnelle et de l'épreuve collective. C'est dans son milieu social, représenté par la cour et ses membres, que se déploie la diversité possible des discours amoureux. À condition que l'amour ne s'y perde comme tel.
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