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Dans une cité du nord de Londres, trois amis s'apprêtent à se retrouver pour disputer un match de foot au pied des quatre tours où ils ont grandi : Yusuf le fils de l'ancien imam de la mosquée aujourd'hui décédé, Selvon pour qui le sport est l'unique chemin vers la liberté, et Ardan dont les talents de rappeur sont encore étouffés par sa timidité. Le premier est d'origine pakistanaise, le deuxième antillaise, le dernier irlandaise. Des racines différentes et pourtant un même destin qui se profile dans ces rues qui suintent la violence, et que nous arpentons avec eux pendant les 48 heures suivant la diffusion d'une vidéo qui enflamme la cité. Sur les écrans on peut voir le meurtrier d'un soldat britannique, qui avait achevé le militaire avec un couteau de boucher, appeler au Jihad dans les rues de Londres. L'assassin est un jeune noir islamiste qui portait les mêmes baskets que Yusuf, Selvon et Ardan, avec « son visage, comme un miroir, qui réfléchissait la peur et la confusion de [leur] coeur. ».
La cité est désormais prise en étau entre les manifestations de skinheads venus en découdre et de jeunes musulmans animés par la haine de l'Occident, endoctrinés par le nouvel imam de la mosquée. La rage gronde et envahit la cité, replongeant la mère d'Ardan dans son passé lorsque sa famille, membre de l'IRA, baignait dans une insoutenable violence quotidienne ; ramenant également le père de Selvon à l'époque de son arrivée en Angleterre depuis les Antilles, et au racisme électrique qui l'avait alors accueilli. Pour les trois amis et leur famille, ces deux journées vont être douloureuses et cruciales, car dans ces rues de Londres, la colère est indispensable à la survie.
Récompensé par de nombreux prix littéraires pour ce premier roman, Guy Gunaratne revisite le roman choral pour nous offrir un livre d'une puissance inouïe. Il nous fait écouter ces cinq voix qui martèlent la terrible banalité de vies usées par la violence et dont on découvre, page après page, les blessures profondes et les combats quotidiens. Au rythme de notre colère est un livre réaliste, brut, sur la fureur de nos rues.
Quand on a de grandes attentes, on risque de grandes déceptions. Si je vous dis que c’est l’histoire de communautés qui se mélangent peu, si ce n’est sur un terrain de football, que l’air du temps est inflammable et qu’un malentendu en forme d’étincelle suffit à tout embraser, vous me direz que c’est un peu court, voire un peu cliché. Et vous aurez raison. C’est un roman choral dont une voix est juste mais totalement inaudible, celle du personnage prénommé Nelson. L’auteur/l’éditeur/le traducteur a voulu se faire l’interprète de quelqu’un qui parle mal. Le résultat est illisible.
Tout m’a déçu dans ce livre. Les personnages d’abord, que j’ai trouvés faiblards. Il y avait pourtant matière à explorer des sentiers méconnus, notamment ceux de la communauté anglo-pakistanaise dont on n’entend pas parler de ce côté de la manche. L’intrigue, ensuite, car on sait dès les premières pages que tout va péter. Le manque de descriptions psychologiques fait du dénouement une rixe de quartier qui finit mal. Je n’ai jamais eu le sentiment que l’auteur essayait de nous montrer en quoi ce fameux modèle britannique du respect mutuel et culturel avait failli. Qu’est ce qui a fondamentalement changé ? Pourquoi tout le monde opère ce repli identitaire ? Aucun élément de réponse. Je pense aussi que le livre doit être plus percutant dans sa langue originale. Étant français, il nous manque trop de références pour l’apprécier à sa juste valeur.
Bilan :
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