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La vulnérabilité, un analyseur pertinent ? L'appel à articles à l'origine de ce numéro a rencontré l'intérêt de nombreux chercheurs. Il faut y voir, sans doute, le signe de temps marqués par une perception à la fois plus diffuse et plus aiguë de la vulnérabilité de la condition urbaine. La plupart des articles le montrent, la vulnérabilité est moins un état qu'un processus, moins une qualité individuelle qu'une relation : la convergence est ici remarquable sur une diversité d'objets et une large palette de méthodes. Nous postulions aussi, seconde idée directrice, la nécessaire contextualisation des vulnérabilités, ou plus exactement des processus de vulnérabilisation. En effet, qu'ils soient exposés, voire surexposés ou qu'ils demeurent invisibles, ces processus se développent en contexte, dans des lieux de la ville, mettant en jeu des relations entre territoires et populations, entre institutions et marges, entre communautés et individualités. La vulnérabilité est constitutive du fait urbain, écrivions-nous dans l'appel. De tout temps, les événements catastrophiques ont été redoutés par la population des villes et leurs édiles. Malgré les avancées technologiques considérables, l'urbain contemporain demeure vulnérable. Peut-être même l'est-il davantage : plus un système est complexe, moins il est prévisible dans les effets en chaîne déclenchés par un accident ; il en résulte une sophistication de la prévision du risque dont les effets sont cependant difficiles à évaluer. Mais il en résulte aussi parfois un étonnant déni, comme s'il suffisait de ne pas penser le risque pour qu'il cesse d'exister. Parallèlement, dans la « société du risque », on observe des dynamiques privées et publiques, individuelles et collectives, qui, plutôt confidentielles ou ouvertement consensuelles, ont pour objet de réduire tel ou tel facteur de précarisation. Si certaines contribuent à une meilleure protection, voire participent d'une possible émancipation de l'étau du risque et du carcan de la contrainte, d'autres au contraire accentuent les vulnérabilités en tentant de les prendre en charge. La fabrique des vulnérabilités est aussi intéressante à explorer que les voies de sa réduction ; mieux, les deux dynamiques sont indissociables, et c'est le mérite de plusieurs des articles de ce numéro que de donner à voir la ville dans sa matérialité sociale et physique, comme une machine à réduire les vulnérabilités qu'elle génère. Ce sont alors les inégalités, les impuissances et les impasses, qui sont mises à jour, mais ce sont aussi, parfois, les cercles vertueux enclenchés qui retiennent l'attention.
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