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Féconde et généreuse, la Provence a toujours été la terre d'asile des créateurs et des artistes venus y chercher l'inspiration. Bien au-delà de sa beauté sauvage et de son soleil, la Provence était l'âme dont on venait jadis respirer la magie auprès de ceux qui la chantaient jour après jour. Soutenue par sa langue d'oc et son génie méditerranéen, la mémoire séculaire des Provençaux s'est transmise de génération en génération, charriant avec elle son histoire et sa culture. C'est avec cette tradition ancestrale que l'Almanach de la mémoire et des coutumes de Provence renoue aujourd'hui. Car il ne suffit pas d'aller visiter la grande nécropole des Alyscamps pour savoir qu'au Moyen Age on jetait les morts dans le Rhône pour qu'une sépulture leur fût donnée lorsqu'ils arrivaient au fil de l'eau à hauteur d'Arles. Il ne suffit pas d'assister aujourd'hui à une bravade pour imaginer la terrible menace que les envahisseurs firent peser pendant des siècles sur la vie des Provençaux. Et les cours d'amour des troubadours ? On en retrouve certains raffinements dans le code amoureux des jeunes Provençaux : un prétendant ne devait-il pas attendre que l'élue de son coeur portât publiquement son foulard pour avoir la permission de se déclarer ! Terre de dragons et de saintes légendes, la Provence fut marquée par les plus grandes figures du christianisme auxquelles on vouait un culte fortement imprégné d'un paganisme déguisé. Oui, vous apprendrez, combien les Provençaux tenaient à leurs traditions. L'évêque de Fréjus, qui l'ignora en 1558, faillit passer au fil de l'épée pour avoir voulu empêcher lors de la fête des Fous que le peuple mangeât du boudin sur l'autel de la cathédrale ! Fêtes, charivaris, jeux, les Provençaux en émaillèrent leur calendrier. Entre-temps, on ne ménageait pas sa peine pour nourrir les siens. Du berceau à la tombe, les Provençaux répétèrent les gestes, les rites, les paroles qui devaient assurer la survie de leur culture et leur identité. C'est tout cela que nous tentons de restituer au jour le jour. On apprendra comment le distillateur de lavande s'embauma. A qui les jeunes filles donnaient la civade. Quel animal recevait la faveur de séjourner nuit et jour entre les seins des Provençales. Ce que signifiait le Vai te faire la mourre ! des vendangeurs à l'adresse des jeunes et jolies vendangeuses. Ou encore la fameuse pétouze (à ne pas confondre avec la pétanque) qui donnait aux femmes l'occasion de prendre leur revanche sur le sexe fort. Oui, il y a beaucoup à connaître, beaucoup à se souvenir. La Provence éternelle, celle de Nostradamus ou de Mistral, celle de Cézanne ou celle du grand Raimu, reste toujours à redécouvrir, à revivre.
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