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Professeur d'histoire au lycée professionnel de Nérac, spécialiste de la Résistance en Lot-et-Garonne, François Frimaudeau vient de publier un remarquable ouvrage aux éditions d'Albret : «7 juin 1944 : château de Laclotte, Castelculier, Saint-Pierre-de-Clairac, un massacre de la division Das Reich en Lot-et-Garonne». Un livre basé notamment sur des sources inédites, et qui apporte enfin un véritable éclairage historique sur cette tragédie.
Ce drame, survenu au lendemain du débarquement de Normandie, met aux prises d'un côté les SS (dont l'état-major divisionnaire est basé à Montauban, mais dont des éléments stationnent aussi à Valence d'Agen) et la Gestapo d'Agen (et ses supplétifs français que sont Henri Hanack et Prosper Delpuch alias «Bouboule»), et de l'autre les résistants locaux. Au lendemain de l'invasion libératrice alliée, ces derniers décident de passer à l'action pour affaiblir l'occupant, et freiner sa remontéevers la Normandie.
Mais sur renseignements, les Nazis attaqueront le 7 juin 1944 le château de Laclotte (Castelculier), où se trouvent des maquisards, et tueront deux résistants et quatre paysans voisins.
Quelques heures plus tard, ces mêmes Allemands seront les auteurs d'une nouvelle tuerie, à Saint-Pierre-de-Clairac, où onze autres personnes seront assassinées, Résistants ou civils. Un monument commémore ce martyr, et chaque année une cérémonie patriotique entretient le souvenir d'un événement ayant profondément traumatisé le village.
«Les habitants, les familles, ont toujours voulu savoir ce qui s'était passé réellement le 7 juin 1944, explique François Frimaudeau. Dans les ouvrages sur la Résistance en Lot-et-Garonne, les éléments d'information étaient faibles. En 2004 j'ai rencontré Michel Sercan, fils d'une des victimes de Saint-Pierre-de-Clairac, qui disposait d'éléments. Il m'a sollicité, et nous avons effectué ensemble des recherches.» Une véritable enquête au long cours, qui passera par le recueil de témoignages, l'étude des archives de la gendarmerie nationale, et le fond du préfet de Lot-et-Garonne (dossiers conservés aux archives départementales). Est notamment découvert un rapport datant de 1946, et établi par la police judiciaire de Bordeaux, et permettant de mieux comprendre ce qui s'est passé.
Ce patient travail de recherche durera des années, et voit donc la publication de ce livre - le premier à être intégralement consacré aux tueries du 7 juin 1944 dans l'Agenais.
La première partie de l'ouvrage «plante le décor», et rappelle qui étaient les Résistants de la région, quels étaient les différents maquis, quand ils ont été créés. Ils sont combattus par les «collabos», puis par les occupants et la Gestapo (après l'invasion fin 1942 de la zone dite «libre»). Dans sa seconde partie, François Frimaudeau raconte l'enchaînement chronologique qui mènera aux massacres.
Le livre, qui est également construit à partir du témoignage inédit d'un maquisard, met en avant plusieurs éléments neufs : une délation émanant d'un milicien d'Agen serait à l'origine des attaques allemandes ; le groupe attaqué au château de Laclotte était «un petit maquis en phase de constitution» ; en ripostant, les patriotes tuent non pas un officier SS mais plutôt un jeune soldat ; si la délation a été le déclencheur de la répression nazie, la piste de l'imprudence de la Résistance locale n'est pas écartée.
Le crime de guerre du 7 juin 1944 (17 morts) est la première tuerie perpétrée par les SS après le débarquement, et précède les massacres de Tulle ou d'Oradour-sur- Glane, entre autres. Le livre de François Frimaudeau éclaire enfin cette zone d'ombre. En rendant hommage aux victimes, il honore leur mémoire et répond à la quête de vérité qu'expriment encore les descendants.
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