"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Une femme confie son bébé à un jeune inconnu sur le quai d'un RER et s'en va.
Une fiction inspirée d'un « fait divers » récent.
Un enfant crie dans le RER. Sa mère laisse le bébé à un jeune homme qui l'a aidée à descendre la poussette sur le quai. Tout s'est passé en quelques secondes, les portes du wagon se sont refermées et la mère s'est fondue dans la cohorte des voyageurs, regardant à travers la vitre son enfant et l'inconnu, assez désemparé. Que faut-il faire ? Se rendre au commissariat et confier l'enfant aux assistantes sociales ?
L'homme qui lui aussi a une vie difficile, fumeur de shit désoeuvré ne sortant quasiment plus de sa chambre, s'imagine quelques heures garder le bébé, mais il finit par «suivre la procédure».
Lors du procès de la mère, il est dans l'assistance et relate le passé de cette femme sans prénom, anonyme parmi les anonymes, abandonnée par le père de l'enfant. Elle ne cesse de répéter qu'elle n'y arrivait plus, tout simplement. Sous les regards accusateurs, il est le seul à essayer de la comprendre et croise une dernière fois son regard, comme ce fameux jours, à travers la vitre du RER.
Catherine Benhamou, qui excelle dans la capacité d'exprimer les émotions les plus retenues en peu de mots, signe un texte poétique percutant sur le désarroi d'une mère au bord du précipice.
« Parce qu'ils ne savent pas, ils n'imaginent même pas ce que c'est de ne pas y arriver, bien sûr il y a des jours où c'est difficile pour tout le monde, il y a le travail, la fatigue, ça c'est pour tout le monde, le manque de place dans les crèches, pour eux aussi, la vie elle est compliquée parfois, mais on se
débrouille, tu n'y arrives pas eh ben tu fais comme toutes les autres, tu essayes encore jusqu'à ce que tu y arrives et même si tu n'y arrives toujours pas, tu y arrives quand même un peu, tu ne fais pas toutes ces histoires avec un procès pour toi toute seule au tribunal correctionnel, rien que ça, et faire déranger tout ce monde pour même pas un animal. » C.B.
Un jeune homme aide une femme à descendre du RER en lui tenant son bébé. Alors qu’il l’attache dans sa poussette, la femme disparaît, laissant son enfant au jeune homme. 5 secondes qui vont chambouler trois vies.
Très court et très beau texte qui montre l’indifférence des gens dans les transports qui jugent cette femme dépassée avec son bébé qui hurle et dérange. Ce jugement tellement simple qui évite de se poser des questions et derrière lequel ils se cachent pour justifier leur inaction. Jugement que je peux entendre parfois à propos des parents des enfants que j’accueille en protection de l’enfance : "ces parents qui n’assument pas, qui font des enfants sans penser aux conséquences, qui vivent au crochet de la société, des assistés…" ça et tellement d’autres choses. Tellement simple lorsqu’on est confortablement installé et qu’on ne connaît rien de la vie de ces personnes, de leurs difficultés.
Ce texte fait justement référence à cela, aux difficultés de chacun, au hasard qui est parfois heureux, mais d’autres fois beaucoup moins, aux rencontres, aux relations humaines. La jeune femme abandonnée par le père de son fils est en déroute totale, pas aidée, seule.
Catherine Benhamou écrit avec beaucoup de délicatesse, beaucoup de tendresse pour ses trois personnages. Et nous-mêmes, lecteurs, nous y attachons, avons envie qu’ils se sortent chacun de leurs difficultés, qu’ils puissent vivre sereinement.
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