1306 : Philippe le Bel ordonne l'expulsion de tous les juifs du royaume de France.
Installées depuis des siècles, entretenant des rapports complexes avec les autorités ecclésiastiques et séculières autant qu'avec la population chrétienne dans laquelle elles sont immergées, les communautés juives se voient brutalement signifier qu'elles disposent de quelques semaines pour quitter le territoire, abandonnant aux mains du roi la totalité de leurs biens meubles et immeubles. Au terme de longues opérations de saisies, ventes, et de recouvrement des contrats de prêt, le produit de la spoliation rejoint les coffres du trésor royal.
L'épisode, aussi dramatique soit-il, est resté jusque-là peu étudié dans ses détails, et l'année 1306 n'est pas traditionnellement présentée comme une date-clé de l'histoire du règne de Philippe le Bel.
Elle l'est pourtant. D'abord pour les communautés juives de France, dont la tentative de retour, quelques années plus tard, se fait dans un contexte populaire désormais si difficile qu'elles choisissent rapidement l'exil pour des siècles. Pour l'histoire de l'administration royale ensuite, qui s'organise et se renforce à l'occasion de la gestion d'une opération dont l'envergure est inédite. Elle l'est enfin pour la figure royale elle-même, qui trouve, par le biais de l'expulsion, un nouveau moyen d'affirmer sa prééminence dans le royaume.
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