"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En Géorgie, le fleuve Altamaha et ses multiples bras forment un vaste labyrinthe marécageux avant de se jeter dans l’Atlantique en un immense delta. Il alimente une zone de nature préservée, riche d’une formidable biodiversité incluant des espèces rares, ainsi que d’impressionnantes créatures comme de gigantesques poissons-chats, des brochets-crocodiles, des alligators, des serpents venimeux, et même, selon la légende, un monstre semblable à celui du Loch Ness, l’Altamaha-ha. Le marais n’abrite que peu d’humains : autrefois de pauvres familles ruinées par la Grande Dépression, de tout temps des marginaux et des hors-la-loi fuyant le monde, tout un petit peuple survivant de la chasse et de la pêche et logeant misérablement dans des habitations flottantes.
Le pêcheur de crevettes Hiram Loggins était l’un de ces habitants. « Etait », parce qu’il est mort voilà un an, dans d’obscures circonstances qui font s’interroger ses deux fils, Lawton et Hunter. Les deux frères se sont lancés dans la descente du fleuve en kayak, un voyage de quatre jours avant l’océan où ils comptent disperser les cendres paternelles. Le trajet est pour eux un pèlerinage sur les lieux de leur enfance et sur ceux où leur père acheva sa vie en vieux solitaire, mais aussi, espèrent-ils, l’occasion d’en savoir un peu plus sur l’accident qui lui fut fatal. Car l’homme connaissait le fleuve et ses dangers comme sa poche. Brutal et attaché comme il l’était à son marais, il aurait aussi bien pu gêner quelque braconnier, pêcheur à l’explosif, ou encore récupérateur des « mérous carrés » largués par avion par les narcotrafiquants colombiens...
Dès lors, la narration ne cesse d’alterner entre trois récits, vibrants de la même tension addictive : les investigations contemporaines, teintées d’aventure et de nature-writing, des deux frères ; la vie du père, toute entière dédiée au fleuve et réservant bien des surprises ; enfin, dans une mise en perspective éclairant l’histoire du marais et l’origine de ses légendes, la dramatique installation au 16e siècle des premiers colons français sur ces terres inhospitalières et leur confrontation violente aux amérindiens Timucuas. Trois époques, trois tableaux, mais un théâtre unique : une « cathédrale marécageuse » dédiée au culte d’une nature sauvage, splendide et impitoyable, qui, jusqu’ici, mais pour combien de temps encore, s’est toujours montrée plus puissante que la convoitise humaine.
Réaliste dans ses moindres détails et proposant même quelques-uns des dessins du cartographe et membre de l’expédition de 1564, Jacques Le Moyne de Morgues, le roman se construit autour de personnages croqués au plus près de leur psychologie et de leurs ambivalences. Epique, violent, sans concession, il emmêle, dans un fil narratif qui n’a rien à envier à la puissance du grand fleuve, l’Histoire, l’aventure, le mystère et le nature-writing. Bousculé dans les rapides du récit ou suspendu à la majesté de ses évocations, jamais le lecteur ne sent fléchir sa fascination pour cette contrée envoûtante, dont la magnificence n’a d’égale que son inhospitalité. Une dualité qui imprègne tout le livre, puisque capable d’autant de mal que de bien, la nature humaine y apparaît elle aussi d’une complexité pleine de contradictions.
Le fleuve des rois est un roman touffu, épique, dans lequel le delta du fleuve Altamaha, en Géorgie, est un personnage à part entière, sinon le principal. Un monstre que seuls quelques uns ont entre-aperçu au cours des siècles, hante toujours les lieux. Je peine à chroniquer ce récit ou plutôt ces trois récits qui m'ont transportée sur les eaux sombres de cette Altamaha River, tant j'aurais de choses à en dire. Avec ce "nature writting" Taylor Brown s'est lancé dans une somptueuse épopée. On y avance, au rythme du kayak, au gré des méandres, détours et bras multiples du fleuve. C'est un hymne à la nature sauvage de ces lieux qu'il faut préserver.
Le récit se déroule en alternance sur trois époques. Dans la plus récente deux frères descendent le fleuve en kayak pour aller disperser en mer les cendres de leur père mort dans des conditions douteuses.Taylor Brown remonte dans les années 1970 pour nous raconter, par bribes, ce père à la vie rude et aventureuse. Enfin, l'auteur nous emmène sur les traces de Jacques Le Moyne, un dessinateur qui a participé, en 1564, à la première expédition française dans la région. Cette partie est illustrée de nombreuses gravures d'époque.
La vie dans le delta du fleuve Altamaha est difficile. La nature grandiose et si elle ne fait pas de cadeaux aux hommes, ces derniers ne la respectent pas beaucoup et la souillent. Ils y vivent en marge de la société et à la limite de la légalité. On y trouve quelques restes de forêt primaire mais pour combien de temps encore?
Dans ce roman très masculin, les deux frères, comme leur père et beaucoup d'autres
personnages qu'on y croise, sont un peu rustres, toujours prêts à en découdre, chatouilleux, aux coups de poing facile. Les mentalités du XVIème siècle étaient très différentes. Du coté du colonisateur comme de celui de l’autochtone, la violence et la cruauté dominaient tous les rapports. Il faut dire que cet environnement que Taylor Brown sublime, est bien hostile à l'homme.
Le parcours en kayak ,au fil des méandres et nombreuses dérivations du fleuve, permet aux deux frères de refaire connaissance, de se remémorer leur père et de comprendre comment il est mort. Leurs caractères sont très différents mais l'amour de ce delta transmis par ce père est le même. Ils y croisent quelques hommes, pas toujours recommandables, qui vivent au milieu d'une faune et d'une flore en péril.
Qui sont les rois du titre? A mon avis, certainement pas des hommes.
L'auteur n'a pas vraiment rendu ses personnages attachants, ils sont trop rustres, trop violents pour moi, mais ça ne m'a pas empêché d'être captivée de bout en bout par ce récit. Cependant, ne comptez par sur moi pour embarquer avec eux sur ce somptueux delta de l'Altamaha River, il y a trop de crocodiles, serpents, moustiques et autres bestioles pas sympathiques.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2021/07/09/le-fleuve-des-rois-de-taylor-brown/
Voilà déjà quelques jours que j’ai terminé ce livre et pourtant encore maintenant, j’y pense souvent. Véritable épopée le long du cours du fleuve de l’Altamaha River, c’est une quête très personnelle qui sert de point de départ à ce livre, à savoir un hommage à leur père disparu pour Lawton et Hunter, deux frères que beaucoup de choses opposent.
Taylor Brown offre un livre d’une très grande qualité aux lecteurs. Au travers d’un triptyque original, on parcourt ce fleuve sauvage de Georgie, dont les eaux renferment de nombreuses légendes. Pourquoi je vous parle d’un triptyque ? Parce que c’est aux travers de trois époques bien différentes que l’on remonte son cours.
D’abord, bien entendu, la plus récente est celle de ces deux frères qui souhaitent répandre les cendres de leur père dans l’océan, mystérieusement décédé dans ces eaux. Ensuite, l’histoire même de ce père, entourée de mystères comme le fleuve qui a baigné toutes les périodes de sa vie. Et puis pour finir, on effectue un grand bond dans le passé pour se retrouver au XVIème siècle lors de l’arrivée et de l’installation des premiers colons français sur les terres indiennes du Nouveau Monde.
Alternant ces différentes périodes, c’est à la fois fortement passionnant et instructif. En ce seul livre, j’ai énormément appris sur ce coin des Etats-Unis, qu’est la Georgie et ce fleuve, ô combien sublimé par cette superbe plume. J’ai beaucoup apprécié la façon dont a l’auteur de raconter ses terres à la fois sauvages et inhospitalières. Difficilement classable, ce livre est à la fois une ode à la nature, aux liens humains, à la nécessité de préserver notre terre.
Quel merveilleux voyage que j’ai pu faire grâce à ce bouquin ! Malgré souvent des thèmes difficiles, comme la pollution, la violence, la drogue, il en ressort un roman noir éblouissant qui offre une très forte évasion, ce que je cherche aux travers des lectures en cette période encore assez difficile.
Comment vous dire combien j'aime ce roman magistral qui prend l'allure du cours du fleuve américain Altamaha en Georgie.
Le fleuve des rois et sa légende ont ce côté merveilleux qui fait briller les yeux et nourrit les rêves enfouis au plus profond des âges.
Le roman de Taylor Brown s'ouvre comme un triptyque que sont trois périodes alternées mais dont les évènements ont tous lieu sur Altamaha River.
J'ai appris tellement de choses en lisant ce livre, emportée que j'étais par la plume épique de Taylor Brown.
J'ai été séduite par la richesse et la qualité des évènements historiques que je ne connaissais pas. C'est un roman éblouissant et bien documenté sur l'expédition française des Huguenots en Floride (La Nouvelle-France) en 1564. J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt leurs aventures à travers les yeux du cartographe Jacques le Moyne de Morgues dont nous fait bénéficier Taylor Brown à travers la reproduction des dessins dans le roman.
J'ai beaucoup aimé l'histoire des habitants du Fort Caroline même si elle est tragique. Elle est auréolée d'un mystère et d'une aura dignes de l'Altamaha.
Le fleuve des rois est aussi un vibrant plaidoyer à tout un environnement en péril, à la richesse et la diversité de la vie aquatique dont la menace d'extinction se fait de plus en plus sentir.
Le fleuve et ses méandres, les îles, les marais, la foret primaire et les gigantesques cyprès. Tout un vaste monde se cache derrière l'Altamaha.
Les descriptions sont très détaillées, elles sont superbes sous la plume poétique de Taylor Brown.
Dans cette odyssée outre-Atlantique, l'intime rejoint le cours du fleuve en nous faisant entrer dans l'histoire contemporaine de deux frères que tout oppose. A la mort suspecte de leur père, Hunter et Lawton descendent l'Altamaha en kayak pour disperser ses cendres.
Leur parcours au fil de l'eau prend le cours de l'histoire présente et passée, l'époque du temps des conquérants français et des endroits fantômes.
Le milieu du triptyque est l'histoire de Hans à l'époque où les frères étaient encore enfants. La vie de Hans est marquée par la vie du fleuve et de ses maisons flottantes. Il délivre à nous seuls son secret.
J'ai vécu la descente du fleuve comme un lent rapprochement entre les deux frères mais aussi comme un véritable enfer avec la dure réalité du fleuve aujourd'hui.
Taylor Brown est un aquarelliste du détail et des couleurs du fleuve que le soleil comme un Dieu rend tous les jours changeant. Sur le fleuve, rien n'est sûr ni persistant. A défaut de preuve, subsiste le mythe.
Un grand merci au traducteur Laurent Boscq.
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