"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
En 1956, Muriel a 21 ans et vit à San Diego, sur la côte Sud-Est des Etats-Unis, avec son mari Lee. Originaire des Plaines du Kansas, elle se sent déracinée et a le sentiment de ne pas avoir fait les bons choix. Alors qu’elle écoute les pronostics hippiques au bar où elle est serveuse, elle décide de se rendre en secret à l’hippodrome de Del Mar pour parier.
Cachée derrière la façade d’une femme qu’elle n’est pas, ce n’est qu’auprès de Julius, le frère de Lee, qu’elle se sent vraiment elle-même.
Julius lui, est joueur professionnel et vétéran de la Guerre de Corée. Radié de l’Armée pour homosexualité, il mène de son côté une vie dissolue qui le conduit à Las Vegas, bien loin de Muriel.
Partageant ce sentiment de ne pas être à leur place, ils cherchent tous les deux à épancher l’excès d’amour qui les habite et qu’ils ne peuvent vivre ensemble.
Derrière une image parfois violente de ces années cinquante, ce roman soulève des thèmes de société comme l’homosexualité, la libération des femmes, la pauvreté des classes ouvrières. Dans cette époque de l’après-guerre où il reste tant de choses à construire, la vie se cloisonne autour des centres d’intérêts de chacun. Et de San Diego à Tijuana, en passant par Las Vegas, il y a ceux qui rêvent de s’installer sur les terres encore à vendre, ceux qui tentent de se libérer de la morale dans les bars gays, ceux qui sont prêts à tout pour gagner un pari.
Au-delà d’un instantané très réaliste de la vie américaine où se côtoient ouvriers, marins, vétérans, parieurs et tricheurs, c’est toute une société qui évolue sous nos yeux avec un naturel surprenant.
Avec ce premier roman d’une qualité et d’une originalité incomparables, Shannon Pufahl nous livre une plongée dans l’Amérique des années cinquante, dans un style qui cultive une apparente légèreté mais qui cache une grande profondeur.
Ce n’est pas une aventure mais une histoire de gens simples mais différents, porteuse de l’espoir et des rêves de ceux qui aspirent à s’enfuir un jour sur des chevaux ardents.
Une fin sublime et un immense coup de cœur.
A travers les destins croisés de deux personnages en marge, Shannon Pufahl est parvenue à capter avec élégance et subtilité la bascule de l'Amérique des années 1950 vers la modernité. 1956. La guerre de Corée a pris fin, la guerre froide s'intensifie, la contemplation des essais nucléaires dans les étendues désertiques du Grand Ouest attirent les badauds, les autoroutes achèvent leur construction, la société de consommation naît.
Muriel et son beau-frère Julius sont à l'étroit dans la société très normée des années 1950. Elle, 21ans, vient de quitter son Kansas natal pour la Californie, fraichement installée à San Diego avec son mari Lee. le désenchantement face à sa vie maritale creuse son sillon à mesure qu'elle commence à s'émanciper, misant en secret sur des paris hippiques puis explorant des aventures amoureuses inédites. Julius, renvoyé de l'armée pour homosexualité, la fascine par sa liberté, des salles de poker de Las Vegas aux bars miteux de Tijuana. Il inspire Muriel car il lui permet d'imaginer le monde plus grand et plus excitant que ce qu'elle vit avec Lee. Leurs vies se croisent, convergent, divergent mais partagent secrets et intentions voilées.
Shannon Pufahl explore avec justesse le courage d'être soi au mépris des conventions, le risque de vivre sa vie comme on l'entend, libres et ardents comme les chevaux du titre ou la jument rebelle que Julius offre à Muriel avant de fuir au Mexique, loin de l'enfermement d'une vie étriquée. La narration place le lecteur en poursuites parallèles, alternant des chapitres centrés sur l'un puis l'autre, au plus près des personnages. J'ai parfois un peu décroché, ou plutôt les émois et aspirations des personnages n'ont pas totalement imprimé ma lecture. Et c'est la qualité d'écriture de l'auteure qui m'a à chaque fois ramené dans le récit et vers l'élan vital qui pousse les personnages à s'émanciper.
En fait, Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents est avant un roman d'ambiance qui repose sur la quête de soi très contemplative plus que une intrigue dument charpentée. Shannon Dufahl déploie une prose très maitrisée, délibérément lente, nourrie de métaphores évocatrices. Elle excelle dans les descriptions impressionnistes des lieux, entre lyrisme et précision, avec un souci du détail et de la concision qui immerge totalement le lecteur : bars gays clandestins, salles de jeux illégales, hôtels crasseux, champs de courses poussiéreux et surtout, Las Vegas au début de l'empire du jeu donnent naissance à des passages absolument somptueux, parfois fiévreux, souvent ouaté d'interdits, toujours empreints de mélancolie.
Habituellement, je suis une grande amatrice de la collection Terres d’Amérique aux Editions Albin Michel pour leurs parutions très dépaysantes et souvent, de grandes qualités. Il n’est pas rare que leurs livres finissent en gros coups de cœur chez moi, comme à titre d’exemple, « Le fleuve des rois » de Taylor Brown (ma chronique est disponible sur le blog).
Par contre, dans le cas présent, je dois être honnête dès le départ : je me suis fortement ennuyée avec « Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents » de Shannon Pufahl. Autant la quatrième de couverture m’avait conquise, autant la globalité du livre m’a laissée de marbre.
En substance, il y a des éléments de l’histoire que j’ai appréciés avec la place de la femme, courant des années 50 aux Etats-Unis, la façon dont était jugée l’homosexualité durant ces mêmes années. La manière de traiter de ces sujets est d’une justesse appréciable et intéressante. Le souci est la construction du récit par l’auteure.
En effet, les phrases sont très longues et les descriptions des lieux, d’environnement, de personnages se font sur des phrases et des phrases. Je suis bien consciente qu’il s’agit avant tout d’un roman d’ambiance mais l’intensité du descriptif a engendré de l’ennui chez moi. J’espérais à chaque fois que l’intrigue se réveille réellement et qu’il se passe enfin quelque chose. Mais, hélas pour moi, ce ne fût pas le cas.
En fin de compte, les « actions » peuvent se résumer en un nombre très très limités de pages si on y enlève les développements descriptifs. Et selon moi, trop d’ambiance tue l’ambiance. J’aurais pu l’apprécier si elle s’était accompagnée d’un brin d’événements notoires nécessaires au bon déroulement de l’histoire.
Dommage, c’est donc une déception pour moi. Ceci n’est et ne sera que mon humble avis personnel. Je ne peux que vous conseiller de le lire afin de vous forger votre propre opinion.
A San Diego près de la frontière mexicaine, les champs de courses remplacent les vastes plaines de l'Arkansas natal de Muriel qui est venu s'y établir pour suivre Lee, son mari.
C'est l'époque des Fiftees, la guerre de Corée terminée 3 ans plus tôt laissent encore les traces d'une ombre sur les vétérans comme Lee et son frère Julius.
Les retours en arrière sur l'enfance rugueuse de Lee et Julius renforcent leurs liens, la maison familiale de Muriel l'attache à de tendres souvenirs.
Tous les 3 rêvaient d'une petite maison commune sur les collines de Californie mais il y a trop de monde maintenant et le ciel est parasité d'avions militaires.
Alors chacun d'eux va comme il peut dans ce roman d'ambiance où les personnages peinent à se reconnaître dans une Amérique en mutation.
Il faut entrer doucement dans le roman de Shannon Pufahl sans chercher de grandes chevauchées des mots, la lenteur sert une fine observation de la société américaine d'alors que j'ai beaucoup appréciée.
J'ai aimé l'éclat des paysages, les couleurs des vergers, la poésie à certains endroits du texte comme la belle image de la robe des chevaux par exemple. Je ne suis pas une passionnée des jeux de cartes mais cela ne m'a pas gênée dans ma lecture.
Il faut dire que je me suis attachée à la côte ouest et à la forte impression d'évanescence du roman comme si tout était fondu, irréel. D'où l'intensité des désirs aux goûts de l'interdiction qui ne demandent qu'à s'échapper, être soi, aimer qui l'on veut, une envie de vivre qui surpasse les personnages eux-mêmes comme s'ils restaient en arrière-plan pour servir un plus grand dessein.
Et nous nous enfuirons sur des chevaux ardents, c'est pour moi la nostalgie du dernier cheval sauvage et des rêves à réaliser.
Une lecture américaine du #PicaboRiverBookClub.
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