Des incontournables et des révélations viendront s'ajouter à cette liste au fil des semaines !
Magistral, un livre aux mille attaches.
Un chef-d’œuvre dont chacune des phrases est un parchemin d’exemplarité.
Cet immense classique est un tissage intemporel qui apporte sa pierre à l’édifice des valeurs.
« Le bourreau affable » de Ramón Sender détourne l’immobilité de notre contemporanéité.
Il apporte la preuve d’un lent et puissant chemin de vie dont on aimerait voir le battement de cœur en nos vies.
Cette épopée humaine, transcendante de justice, vertigineuse, irradiante, élargit nos espaces intimes.
C’est une chance infinie d’apaisement et de beauté que de lire un tel livre.
Ramino est l’épicentre de ce roman certifié. Il est ici. Sur la place. Bourreau affable. Un point de lumière entre la vie et la mort qui va advenir immanquablement.
« Surtout ne prononcez pas, ici, le mot bourreau.
- Ce sont des exécuteurs de justice. »
« En face des poteaux, il y avait une porte. Celle de la chapelle. Ils sont en grande tenue pensais-je, par respect pour les condamnés, ou peut-être, par respect pour la mort elle-même. »
Ramino Vallemediano conte au narrateur sa vie, les points fixes et les honneurs, les chutes et lui, le regarde parler.
Nous sommes dans l’esthétique d’un récit lumineux.
Cultivé, doux, posé, charismatique, c’est un bourreau venu d’ailleurs, de ses émancipations et de ses éthiques.
« Il ne faut pas se faire trop d’idées sur la vie, parce que même les plus courageux des princes ne sont au fond que peu de choses. »
Ramiro n’a jamais connu son père, enfant. Sa mère est célibataire. Mais naître n’est pas une erreur, il l’apprendra. Il forgera l’idée en explorant ses intériorités, en puisant en l’autre les adages jusqu’à se faire sa propre idée du mot prince.
L’affabilité est le fil rouge. Ramiro empreinte les chemins de traverse. Les voies où il puise ses métamorphoses. D’un cirque ambulant, au couvant, femmes aimées, le périple initiatique, christique, jusqu’aux toiles de Goya.
Ramiro, la faim au ventre, souvent, les rencontres labyrinthiques. Le secret d’une fable à ciel ouvert. La métaphore d’un homme dont on aime l’écho qui transperce les pages.
« Le secret – se dit-il, comme il cherchait à s’orienter dans le labyrinthe des choses immédiates – c’est de rester seul et en marge de tout, en marge, si c’est possible, de ce songe que nous vivons. »
« Mais les souvenirs de Graco, du Chino, le blessaient au fond de sa conscience par une espèce d’exemplarité morale. »
Anarchiste, volontaire et prêt à rejouer la scène de l’égalité. L’épreuve du courage des rois, dans la conviction même de n’être qu’un mendiant ou un sage.
Le sceau de ce récit est l’auréole que Ramiro perçoit souvent, dans un rite pavlovien.
À l’instar d’une connivence avec ses quêtes, d’une effusion douée d’onirisme. « Une nimbe dorée. »
Ramiro est le double cornélien de Ramón Sender. Les croisements des destinées, paraboles bienfaisantes, une polyphonie silencieuse. La rémanence des honneurs légitimes et bien-fondés.
Ramiro, bourreau affable, altruiste et juste, dans l’ésotérisme de ses choix. L’écoute comme une prière, un contre-chant à flanc d’église. La vérité pour clef et la lumière, la balance même de la justice.
L’équité dans l’heure sublime et rédemptrice d’une prise de conscience.
La philosophie d’un livre, « être mauvais n’est pas le contraire d’être bon, mais le contraire d’être. »
la grâce par la douleur, bourreau métaphysique. Sommer l’homme à l’affront de ses errances. La responsabilité individuelle semblable à l’héroïsme du pardon.
« Demain vous serez un bourreau, un autre jour un saint. »
Atteindre, ici, l’intensité.
La marche de la prodigalité.
Traduit de l’espagnol par Michel Alvès et Armand Pierhal. Conçu un an avant « Requiem pour un paysan espagnol ». Publié également par les majeures Éditions Le Nouvel Attila.
Espagne, années 30. Sur fond de guerre civile, Ramón Sender nous fait revivre un épisode dans la vie d’un petit village de la province d’Aragon. Le curé, Mosén Millán, attend dans son église l’assistance en vue d’une messe de requiem, et se remémore la vie du défunt. Requiem pour un paysan espagnol est un récit court mais extrêmement fort.
https://evabouquine.wordpress.com/2017/04/30/ramon-sender-requiem-pour-un-paysan-espagnol/
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