"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Mario França n'est pas un privé comme les autres. Sûr de ses qualités et de ses déductions qu'il juge infaillibles, il peut paraître agaçant, voire hâbleur, d'autant plus que c'est lui qui nous raconte cette histoire, à la première personne du singulier. Ça change un peu des détectives ou des flics désabusés, alcooliques ou déprimés ; Mario va plutôt bien. Sa technique est simple, il questionne, observe beaucoup, emmagasine toutes les informations qui décantent lentement dans son esprit. Les passages sur le divan défoncé de sa psy, Ophélia -qui l'y rejoint parfois-, l'aident également. Mon bémol viendrait du fait que nous aussi lecteurs, nous emmagasinons, mais sans le recours d'Ophélia, nous pouvons nous perdre dans tous les noms, j'avoue parfois n'avoir plus su si tel ou tel nom faisait partie de l'enquête sur Gladys ou sur Lopes, ce qui sera au final secondaire puisque comme convenu, les deux intrigues se rejoignent. Une autre réserve concerne quelques longueurs et répétitions inutiles, et pour être complet je précise que j'ai eu un peu de mal au début du bouquin, par sa construction : Miguel Miranda plonge son héros dans une situation que l'on ne comprend pas et arrivent ensuite, quelques lignes plus loin, les explications ; une fois le pli pris, ça va.
Pour revenir aux passages sur le divan d'Ophélia, ils aident Mario à mettre toutes ses idées en ordre et lui donnent accès à des retours en arrière sur sa vie de combattant contre la dictature de Salazar. Ce point est important car il permet d'entrer en plein cœur du mouvement qui amènera la Révolution des Œillets en 1974. Intéressant et instructif, même s'il peut paraître nécessaire de prendre des informations supplémentaires sur cette période au Portugal (bon point, c'est toujours bien un livre qui oblige à aller chercher des compléments d'information pour parfaire sa culture).
Finalement, malgré mes réserves, ce polar est bien agréable, changeant un peu les codes du héros revenu de tout. Mario França est parfois énervant dans ses certitudes mais on le suit avec plaisir et son mode de fonctionnement est original : il saisit les odeurs sur la scène de crime pour établir sa liste de suspects, il enregistre un document à peine l'a-t-il eu sous les yeux et fait preuve de plus d'intuition que de découverte de preuves matérielles. Et puis un héros n'a pas besoin d'être entièrement sympathique pour qu'on ait envie de suivre ses aventures, Mario França ne l'est pas, sans être antipathique et son assurance affichée est une façade qui cache des questionnements et des doutes que Miguel Miranda esquisse et a sûrement exploité dans ses autres romans dont il est le héros.
Ce roman a été écrit en 1998, il n'était pas le premier de l'auteur et d'autres ont suivi, notamment deux autres titres traduits et publiés chez le même éditeur : Quand les vautours approchent (écrit en 2004 et traduit en 2012) et Donnez-leur, Seigneur, le repos éternel (écrit en 2011 et traduit en 2013). Les trois titres existent en collection poche
Réjouissons-nous gens de France, nous n'avons plus le monopole de la prétention et de l'arrogance. Bien que le patronyme du héros de «Quand les vautours approchent» dénote un ironique cousinage, le grand - l'immense - détective de Porto, Mário França, nous surclasse. Comment ? Vous ne connaissez pas Mário França ! Tout droit sorti d'un imaginaire cocasse et provocateur, cet enquêteur au pouvoir de déduction hors norme donne déjà sa pleine mesure à travers ce premier opus. Sur les rives du Douro les rapaces ne manquent pas comme en témoignent les scientifiques qui composent le Conseil des sages, fraîchement endeuillé par l'assassinat de son président. Fort heureusement, la prescience de Mário França l'avait déjà conduit sur les lieux du crime alors même qu'il suivait une piste concernant une autre affaire. Un meurtre là encore mais sans cadavre. Une artiste peintre, diva de la nouvelle vague picturale, s'est volatilisée mais pour le détective cela ne fait aucun doute : il trouve ra son assassin. Horripilant «monsieur-je-sais-tout» et exaspérant de compétences claironnées («C'est une autre de mes grandes qualités, l'aptitude à faire croire, à convaincre, même en braille.»), il constitue un cocktail roboratif de clichés revus et corrigés. Loin des investigations frileuses, Miguel Miranda signe un polar pétillant qui verra son privé aller jusqu'au Brésil pour se délecter de «ces eaux bleu Caetano» et dénicher la clé de l'énigme. Et lui offrir au passage une leçon d'humilité : non, Mick Jagger ne connaît pas le grand Mário França !
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