"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« La chanson de Lara » , me trotte dans la tête , musique du film Docteur Jivago. Pour moi, elle évoque une grande histoire d’amour. Lara Prescott a raison d’écrire que de ce « récit de guerre et d’amour, plus tard nous ne nous souvenons plus que de l’histoire d’amour ».
Lara c’est Olga, la maîtresse de Boris Pasternak et sa muse. Ce premier roman évoque les circonstances de l’écriture de ce chef-d’œuvre de la littérature russe en ce milieu du XXème siècle. Une Russie où l’envoi au goulag, est une réalité pour tous ceux qui menacent le régime communiste. Et un artiste est une menace. Les mots d’un écrivain sont une arme. Pourtant ce n’est pas Pasternak qui ira au goulag mais Olga. J’ai été sidérée de voir perdurer la passion amoureuse d’ Olga pour Boris malgré les années de goulag et la menace constante d’y retourner.
Dans ce contexte de guerre froide, à l’Ouest, la publication du roman de Boris Pasternak est une évidence. La CIA est vraiment intervenue pour diffuser Docteur Jivago à des fins de propagande. Dans le roman c’est Irina, une dactylo devenue espionne qui va distribuer le roman lors de l’exposition universelle de 1958 et dont on va suivre l’ idylle avec sa collègue Sally.
L’autrice nous entraine dans un roman palpitant d’ espionnes, d’amours passionnées mais aussi de sociétés machistes et intolérantes d’une période pas si éloignée de nous.
Historiquement ce livre est fort instructif et captivant. C’est un bel hommage aux femmes de l’ombre, des femmes aussi diplômées que les hommes et que l’on cantonne à des emplois de dactylos.
Quant au Docteur Jivago, c’est Evgueni Pasternak qui a reçu en 1989 à Stockholm la médaille et le diplôme du prix Nobel de littérature décerné à son père en 1958 mais auquel Boris Pasternak a dû renoncer face aux pressions des autorités soviétiques. Interdit pendant 30 ans en URSS , il est inscrit sur la liste des lectures obligatoires à l’école en Russie depuis 2003.
Le Docteur Jivago, roman culte qui valut à son auteur Boris Pasternak, le prix Nobel de littérature.
Pourtant, ce livre aurait pu ne jamais passer à l'ouest, censuré par les autorités soviétiques, non publié et oublié.
Pourtant, sa chance vint notamment d'un éditeur italien mais également d'un programme de la CIA finançant les œuvres pouvant servir à la propagande anti- soviétique.
Lara Prescott part de cette base historique, pour combler les blancs en mettant en scène trois femmes. L'une d'elle, Olga Vsevolodovna est la muse de Pasternak. Une maîtresse dans l'ombre de l'épouse officielle, payant le prix fort son amour pour l'écrivain russe.
Sally Forester, est un moineau de l'Agence, une femme usant de ses charmes pour soutirer des informations.
Irina, enfin, débute sa carrière au sein des services secrets, officiellement comme dactylo mais officieusement pour bien d'autres missions.
Ce roman met en lumière un aspect souvent moins étudié de la guerre froide : celui de la propagande. La diffusion en URSS du Docteur Jivago n'étant qu'une manœuvre afin de déstabiliser le régime ennemi. Malheureusement, dans ce genre de combats, malgré l'absence de bombes, les victimes collatérales ne sont que les pièces d'un jeu les dépassant.
Le destin d'Olga apparaît comme poignant. Elle sera condamnée à deux peines de plusieurs années au Goulag, punition liée à ses liens avec Pasternak.
Si j'ai été moins séduite par le destin d'Irina et de Sally, j'avoue avoir néanmoins en appris beaucoup sur le rôle des femmes au sein des services secrets à cette époque avec son cortège de misogynie et de plafond de verre.
C'est un roman agréable, sans longueurs qui donne envie de découvrir le Docteur Jivago.
Vous aimez l’Histoire, la littérature, les beaux personnages de femmes, l’espionnage et le courage ; vous voulez voyager de Washington à Moscou, en passant par Paris et Milan ; ce roman est fait pour vous !
J'ai repéré ce livre alors qu'il était en anglais dans la liste des livres du Reese Witherspoon bookclub. Alors à sa sortie en français, il me fallait absolument le lire.
Ma lecture a été à la hauteur de mon attente. J’ai adoré ce roman choral inscrit dans la guerre froide entre l’Est et l'Ouest.
En 1959, plusieurs personnages prennent la parole pour nous révéler l’ampleur de cette histoire et la faire avancer. Ce sont les voix d’Olga, la muse de Boris Pasternak, auteur de l'œuvre “Le docteur Jivago” et celle de Boris Pasternak de côté Est. A l’Ouest ce sont celles de Sally, l’espionne de la CIA, et Irina, dactylo qu’elle doit former à l’espionnage.
L’intrigue tourne autour du livre “le docteur Jivago” que la CIA compte avoir en main pour l’utiliser et véhiculer une image négative de la révolution russe.
Espionne dactylo, muse, mère, amante, prisonnière, ce roman choral met en scène des femmes à l’Est et à l'Ouest avec plusieurs visages, plusieurs rôles dans l’histoire dans un monde essentiellement mené par les hommes.
Ces femmes, malgré leur talent, leurs actions, leurs sacrifices ne seront qu'à l'arrière-plan, faisant avancer les hommes, restant discrètes dans l’ombre.
Il y a un personnage que je n’ai pas cité mais qui est bien présent, c’est cette “armée “ de femmes dactylo embauchée pour taper et surtout garder les secrets… souvent mieux que les hommes. J'ai adoré ce “tout”
À travers le récit de chaque personnage c'est le périple d'un livre qu'on suit, un livre dont l'auteur ne peut qu'admirer de loin son succès à l’étranger car interdit en Russie.
Le contraste entre chaque histoire, le rythme soutenu avec les changements de prise de parole, changement de masque, la fin des chapitres qui laisse l'histoire en suspens, viennent nuancer le ton posé général.
Au centre de cette histoire d'espionnage, de jeu de rôle, de tromperie, il y aussi l'amour, celui de l'auteur pour sa muse, celui de la muse pour son amant, pour ses enfants, l'amour impossible entre deux femmes. Pas de romance ici mais des amours qui ne peuvent être pleinement savourés.
Une lecture fluide avec des personnages bouleversants.
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