"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Ce n'est pas un roman qui m'aurait attiré, suivant le résumé, au vu de la violence des faits relatés.
Mais il est arrivé entre mes mains et je l'ai commencé, sans plus pouvoir le lâcher.
Certes, les faits relatés qui démarrent l'intrigue sont violents.
Une jeune mère assiste depuis sa fenêtre à une agression, et elle le signale finalement à la police, témoigne.
Elle était seule avec ses deux enfants tout petits.
À partir de là, va se tricoter un récit de plusieurs histoires nous permettant de comprendre la vie ( survie) des personnes autochtones sur le territoire du Canada actuel.
Toute une famille avec ses ramifications, les enfants en rupture, celles qui ont maintenu les liens, la difficulté de rester vivre dans les traditions donc la réserve, ou bien vivre en ville, avec un très relatif confort, mais confrontés au racisme que l'on soit métis ou pas.
Les enfants placés dans des foyers, ceux qui sont restés dans leur famille, l'école au modèle occidental...
Tout, l'Histoire et l'actualité contemporaine a créé de la violence, de la dureté.
Et, pourtant, au milieu de ces incroyables histoires d'une dureté folle, il reste encore des liens magnifiques, propres à la culture autochtone.
La façon de resserrer tous autour de celle qui en a besoin, savoir écouter si bien, la grand-mère ( kokoom ) qui diffuse son expérience avec douceur et compréhension.
La façon dont les femmes savent seules réconforter en caressant le dos en dos, d'une façon inimitable.
Et bien d'autres choses.
Je ne veux pas dévoiler plus.
Je déteste en savoir trop avant de lire moi-même...
Mais, vraiment, c'est un très bon bouquin.
Le récit est magistralement mené, l'intrigue est très bien construite, sans oublier l'essentiel, la bonté, les valeurs d'une histoire qui rejoint subtilement la grande Histoire sans être lourde.
Il y a quelque chose de spécial dans ce livre, une vérité qui n'exclut pas l'ombre, une grâce de la l'espoir dans les gestes de bonté, dans le silence présent, et une fin qui ne se contente pas de clore, mais qui réussit à ne pas nous anéantir sous le désespoir, sans renier la réalité racontée, mais allumant des possibilités lumineuses pleine de solidarité et d'amour et de tendresse.
Magnifique et rare.
( Pour compléter, je me permets de vous conseiller la superbe et bouleversante série '' Little bird '' diffusée sur Arte. )
Dans le quartier déshérité du North End à Winnipeg, on rencontre les femmes de la famille Traverse.
L'agression violente d'une jeune fille est le point de départ de ce roman : une agression qui ne laissera aucun des personnages indifférents, et qui amène chacun à regarder son histoire personnelle, à se retourner sur "un passé comme le sien". Les voix mélangées de neuf femmes et d'un homme se succèdent au fil des chapitres et racontent la violence, la misère, les enfants placés par les services sociaux, les gangs et toute cette vie quotidienne d'une communauté autochtone en souffrance. Mais au coeur de ce quotidien dune grande noirceur, ces femmes sont puissantes, résilientes, et font preuve entre elles dune solidarité sans faille.
Il m'a fallu un peu de temps au début de la lecture pour identifier les personnages - nommés indifféremment par leur prénom ou leur surnom - et les liens entre eux, mais l'arbre généalogique au début du livre m'a bien aidée. Mais une fois passée cette difficulté, ce roman se dévore et les récits s'enchaînent de façon très fluide.
Servi par une écriture très enlevée et rythmée, ce roman réussit le tour de force de raconter une histoire à la fois atroce et lumineuse. On se surprend, sous l'impulsion de ces femmes fortes, à regarder vers l'avenir et à croire en des jours meilleurs...
Stella habite dans une maison, pas loin de la Brèche, sorte de terrain vague. Une nuit, Réveillée par son bébé, elle est témoin d’un drame, elle pense à un viol. Elle ne sait si elle doit porter secours à la victime ou s’occuper de ses enfants, dont un bébé, qui hurlent, alors elle appelle la police. Un jeune policier métis, avec son binôme un peu frustre, raciste et totalement désabusé sont chargés de l’enquête.
La victime ? Emily, adolescente qui rêvait d’un certain garçon. La façon de procéder dans ce viol est aussi atroce qu’absurde et, très inattendue.
Katherena Vermette, à partir de ce fait divers sordide raconte une famille qui tourne autour de Kookom, l’aïeule et pivot de la famille dans le quartier défavorisé du North End à Winnipeg habité par les amérindiens et les métis. Dix personnages, dix voies ou voix tous de la même famille racontent . Neuf femmes et un seul homme, Tommy le jeune policier.
Pour se raccrocher aux branches, il y a l’arbre généalogique en début d’ouvrage et cela me fut très utile au début, mais rapidement, les personnages sont entrés en moi.
A tour de rôle, les protagonistes parlent. Quatre générations de femmes racontent leur vie pendant que le seul homme, le jeune policier continue d’enquêter malgré le sarcasmes de son collègue blanc. Pas facile de trouver sa place dans un monde de blancs. On suit pas à pas leurs relations, les liens qui les unissent, la mise à jour des circonstances du viol.
Ces femmes forment un cocon autour de la victime et, petit-à-petit, dévoilent leur intimité, les secrets de famille, leur inaptitude à garder leur homme ou à bien le choisir. La violence, la drogue, l‘alcool sont monnaies courantes dans ce quartier défavorisé ou habitent les amérindiens.
Ce que j’aime chez elles, c’est qu’elles ne s’effondrent pas ou peu longtemps et savent faire face, peuvent-elles faire autrement ? L’entraide est leur force, les liens familiaux quasi indéfectibles. Kookom est leur centre. Elles sont vivantes, à la fois dures et fragiles.
Leurs hommes, elles les aiment, mais voilà, ils ne pigent pas. La réponse de l’aïeule « ils sont tous comme ça. Ce n’est pas leur rôle de comprendre ».
Un livre rude, poignant, d’actualité sur ces femmes seules, fières, libres, en colère et tellement attachantes. Pardonnent-elles, oublient-elles ? Non, mais elles veulent avancer, font avec, la résilience leur permet de vivre et d’avancer. Je n’oublie pas Tommy qui ne lâche rien.
« A la fin tout ce qui compte c’est ce qui est » Maxime préférée de Kookom
https://zazymut.over-blog.com/2022/07/katherena-vermette-les-femmes-du-north-end.html
Les femmes du North End est un premier roman puissant, souvent noir, qui se déroule dans le quartier de Winnipeg où vit la communauté amérindienne. Le quartier de North End est de sinistre réputation, son taux de criminalité y étant très élevé. Gangrené par l'alcool et la drogue, la violence est quotidienne et des gangs font la loi
Katherena Vermette, qui est elle-même métis, décrit avec beaucoup d'empathie une lignée d'Amérindiennes, dont certaines ont un caractère bien trempé. C'est un roman choral à 10 voix, dont une seule masculine. Un nuit, une jeune femme, de sa fenêtre, est témoin d'une scène d'une extrême violence. A l’hôpital, une famille fait bloc autour d'une jeune ado victime d'un viol. Les femmes qui sont toutes liées, parfois de manière fusionnelle, vont s'exprimer tour à tour. Le seul homme à prendre la parole est un jeune policier métis. L'enquête est intéressante, mais ce qui m'a passionnée c'est de suivre et essayer de comprendre cette famille amérindienne.
Toutes les femmes sont soudées dans le malheur et, de génération en génération, les mêmes calamités s'abattent sur elles. Dans la société moderne, elles ont perdu tous leurs repères. Les hommes sont brutaux mais quasiment inexistants au sein des familles. Elles n'ont aucune confiance en eux et doivent tout assumer seule. L'alcool et la drogue les aident un temps mais entraînent certaines au plus bas.
Les conditions de vie de la communauté amérindienne et le racisme sont au cœur de ce roman. Les Amérindien regroupés à North End, sont généralement pauvres et mal considérés par les Blancs, même dans les couples mixtes. Ils semblent, eux aussi, avoir beaucoup de préjugés peu flatteurs sur les Blancs. Katherena Vermette donne l'impression que ses personnages se considèrent Amérindiens, avant d'être hommes ou femmes ou tout simplement humains. Ils sont déchirés entre leur attirance pour le mode de vie contemporain et le retour à celui de leurs ancêtres.
L'auteur a eu la bonne idée de mettre un arbre généalogique au début de son récit. Néanmoins je me suis parfois un peu perdue, aux 10 voix qui tour-à-tour s'expriment, il faut ajouter de multiples autres personnages. De plus, les prénoms sont parfois étranges et les diminutifs insolites. Il m'a fallu un petit temps d'adaptation pour bien réaliser que Paul est une femme (diminutif de Paulina).
https://ffloladilettante.wordpress.com/2022/07/10/les-femmes-du-north-end-de-katherena-vermette/
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