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Le narrateur, dont on ignore tout, nous raconte l'histoire de la famille de Danny en s'adressant directement à lui en utilisant le "Tu", comme si le Danny devenu adulte s'adressait au Danny enfant pour se remémorer cette enfance faite de déménagements et de tempêtes intra-familiales. On comprend rapidement que le père est un tyran domestique doublé d'un ivrogne très violent qui s'arroge le droit de cogner sa femme et brutaliser ses enfants. C'est plein de la violence de ces hommes qui s'autorisent tout, jusqu'à reprocher à leur femme d'être de nouveau enceinte ou d'être jolie. Des fous furieux qui croient que le monde leur appartient, que leurs femmes sont leurs possessions, qu'ils peuvent en disposer à leur guise. Des pères et maris qui se comportent en seigneurs et maîtres, en despotes, en tortionnaires.
On pourrait croire que l'histoire se situe dans une époque reculée tant les nombreuses maisons occupées par la famille sont insalubres, tant la mère enfante souvent, tant ça contrarie le père parce que, tous ces gosses, ça coûte ! Elle a transmis une maladie terrible à certains de ses enfants et ça lui est reproché aussi. C'est oppressant d'injustice et de l'angoisse du moment où la violence va de nouveau se déchaîner.
C'est aussi l'histoire d'une Amérique pauvre, qui fait son possible et qui souffre. Ça sent la misère, où les gens pourraient être malgré tout heureux mais ne le sont pas. À cause de l'alcool, de la suspicion, de la jalousie, de la concupiscence, de la convoitise, de la misogynie, du racisme, de ce sentiment de toute puissance de certains hommes... de cet homme qui se sent amoindri et humilié par la vie, et s'en prend à moins fort que lui, à sa famille qu'il est censé aimer et protéger et non pas asservir et rabaisser.
Dès que la violence apparaît, tout le reste du roman se passe en apnée dans un incroyable sentiment de révolte. Je suis arrivée au bout de cette lecture épuisée, démoralisée, sidérée, avec un grand sentiment de vide intérieur tant l'auteur nous fait vivre ce que vit cette famille et c'est d'une noirceur totale ! Il n'y a que l'amour entre cette mère et ses enfants qui amène un peu de lumière. Cette mère, grandiose car magnanime, qui refuse que ses enfants considèrent leur père comme quelqu'un de méchant, comme un monstre. Mais peut-être qu'en faisant ça elle les protège. Mais de quoi ? Je ne sais pas... Des remords ? du sentiment qu'en ayant un père infect on ne peut pas être vraiment quelqu'un de bien ? Je me demande d'où vient la grandeur d'âme de ces femmes.
Jim Grimsley vous emmène sans faillir et avec talent dans les ténèbres que cet homme fait entrer chez lui. Quand le danger et la terreur sont dans la maison, quel endroit du monde reste-t-il pour se sentir en sécurité ? Danny a trouvé et rejoint par moments son monde imaginaire. Mais la terrible réalité n'en est pas moins là.
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