"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Les Femmes qui craignaient les Hommes, Keeper dans la version originale parue en 2020, a été publié par les éditions Belfond en 2021 et en version poche en 2022 par les éditions Pocket. Le style est sobre, fluide: "Son pas de côté hésitant devient un grand arc de cercle, qui la ramène là où l'attend Jamie. Il est une heure du matin. La foule compacte s'est muée en un organisme vivant. La musique était chouette il y a cinq ans, mais aujourd'hui elle est poussive, tapageuse." (Page 33).
Construction: Avant/Présent: vie de Katie avec Jamie, son nouveau copain.
Maintenant/Passé: l'enquête menée par Whitworth: on ne sait toujours pas les circonstances de la mort de Katie.
Thèmes: féminisme; féminisme radical; violences faites aux femmes; protection des femmes violentées.
Le corps de Katie Straw est retrouvé échoué en aval de Widringham: "le lieu, le sens du courant, la lividité -tout suggérait une chute depuis le vieux pont qui se situait dans le secteur du lieutenant Daniel Whitworth." Le suicide ou l'accident seraient des conclusions logiques au vu des circonstances.
A moins qu'il ne s'agisse d'un meurtre en lien avec le travail de la victime au refuge pour femmes battues de Widringham. Pourquoi la police ne trouve aucun trace d'elle, ni sur les listes électorales, ni sur le registre de l'assurance maladie, ni à l'université où elle disait pourtant avoir poursuivi des études? Ni adresse, ni passeport, ni certificat de naissance, ni relevés bancaires?
Ce que la police sait: Katie Straw avait des antécédents d'automutilation et de maladie mentale; elle a sauté d'un pont connu pour être le lieu de nombreux suicides; son petit ami trouvait qu'elle avait un comportement bizarre. Aucun signe de lutte, aucun marque sur le cadavre, aucun ADN étranger, apparemment aucun ennemi.
Le lieutenant Whitworth et l'inspecteur Brookes, fraîchement arrivé de Manchester, auront fort à faire pour éclaircir cette mort mystérieuse. D'autant que, en tant qu'hommes, ils ne sont pas vraiment les bienvenus dans le refuge où travaillait Katie pour mener leur enquête...
Un premier roman intéressant, traitant d'un thème délicat avec beaucoup de pudeur et d'objectivité. Ne pas mettre tous les hommes dans le même sac: l'auteur laisse la parole aux détracteurs de l'action de la directrice du refuge sans porter de jugement. Tout en ménageant la sensibilité et les ressentis des femmes malmenées par la vie qui souhaitent prendre du recul pour se reconstruire, envisager une autre vie, fuir la violence. Jessica Moore excelle à démonter les mécanismes de la domination psychologique, de la peur au quotidien, des séquelles que la violence sous toutes ses formes peut engendrer. Et la difficulté de mener une enquête criminelle dans un tel contexte.
23 juillet 2022
La banlieue de Manchester abrite une maison pas comme les autres : une résidence sécurisée réservée aux femmes. Ici, elles sont nombreuses à vivre loin de ceux qui ont fait de leur quotidien un cauchemar. Alors, quand le corps de Katie, leur conseillère et amie dévouée, est retrouvé dans la rivière et que l'inspecteur Whitworth entreprend de les interroger, leur réflexe est de se cacher, de se taire.
J'aime bien aimer l'alternance du passé et du présent, je trouve que cela donnait de l'entrain au récit. le sujet principal est la violence faite aux femmes, donc un sujet qui m'intéresse beaucoup.
Il y a un meurtre et il y aura une enquête dirigée par l'inspecteur Whitworth, bon, ce n'est le point fort du roman, faut avouer que ce n'est pas très vif, et assez lent.
Mais ce que j'ai apprécié dans ce livre, c'est la vie dans cette résidence sécurisée, le témoignage des femmes : leurs ressentis, leur expérience.
L'histoire de Kate est aussi palpitante, car je la découvre peu à peu, j'ai trouvé cela haletant, et surtout cela montre comment une relation peut basculer.
J'ai bien aimé cette lecture et surtout, il ne faut pas se centraliser sur le rythme ce qui est souvent mon cas, j'avoue, mais là, le sujet as pris le pas sur le reste, et je pense que c'est grâce a cela que j'ai passé un bon moment de lecture.
L'autrice qui a parlé de ce livre au quai du polar en 2021, disait ce qu'elle vivait chez le cadre professionnel était si difficile qu'elle a eu besoin d'écrire ce livre, puisque qu'elle est travailleuse sociale. Tout de suite, j'ai eu envie de le lire.
Et je trouve que c'est un pari gagner, car son écriture est parlante et j'ai ressenti ce que pouvait vivre les personnes qui accompagnaient les femmes subissant de la violence.
C'est le premier livre que je lis dans le cadre du Prix Nouvelles Voix du Polar, et je trouve, cela commence très bien, il m'en reste trois autres à lire pour le 27 juillet, donc j'espère que je les aimerais autant que celui-là. Et pourquoi pas plus encore...
Dans la proche banlieue de Manchester (Widringham) le corps sans vie d’une jeune femme est repêché, après être tombé – semble-t-il – d’un vieux pont, où il est fréquent de se suicider … Le lieutenant Daniel Whitworth (qui fêtera bientôt ses soixante ans) ainsi que l’inspecteur James Brookes (son jeune et nouvel assistant) sont chargés de l’affaire. Le cadavre est celui de Katie Straw, jeune employée dans un Centre pour femmes battues …
Une Katie, qui tentait de redonner espoir et goût de vivre à Nazia, Lynne, Sonia ou encore Angie, toutes frappées et brisées par Sabbir, Frank, David et Charlie … Oui, mais voilà, le « hic », c’est que d’après l’avancement de l’enquête policière, Katie Straw n’existerait pas ?…
Jessica Moor, qui a travaillé (comme son héroïne) dans un foyer pour femmes battues, signe ici un premier roman remarquable, où le déroulement de la manipulation mentale des pervers narcissiques (ou autres conjoints, frères et pères violents) est au coeur de l’intrigue. Un récit dont le fil conducteur est – non pas cette mort énigmatique – mais plutôt l’emprise que certains hommes peuvent avoir sur leurs victimes féminines !
Ainsi l’auteure a découpé son histoire en deux parties distinctes : des chapitres intitulés « Maintenant » (concernant le développement détaillé de l’enquête, auprès des jeunes femmes du foyer – ou de ses peu nombreuses amies et collègues) et d’autres dénommés « Avant » (basés sur le témoignage post-mortem de Katie, ladite victime ou suicidée …) Le procédé est bluffant ! Et Jessica Moor semble entretenir soigneusement un « flou littéraire » volontaire, afin de ne pas déflorer un épilogue inattendu ! Une jolie performance !
J'attendais beaucoup...ma lecture fut empreinte d'agacements:peut-être le fait que ce soit une traduction!J'avais l'impression d'une suite de dialogues cinématographiques!Le sujet sensible,porteur,pouvant amener à une réflexion plus large sur les ravages de l'emprise.
Une déception,un goût d'inachevé,une construction en alternance qui ne laisse pas le lecteur pénétrer l'intrigue.MAIS à lire pour ceux et celles qui s'intéressent aux ressorts de l'emprise.
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