"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
J'ai découvert @La longue nuit , récit de @Ernst Bornstein grâce aux éditions @HERMANN dans le cadre de Masse critique non-fiction organisé par Babelio.
L'auteur, arrêté par les nazis alors qu'il n'a que 19 ans, sera retenu prisonnier des camps de concentration (il en traversera 7) entre 1941 et 1945.
Son témoignage, puissant, précis et éprouvant, s'attache à redonner vie aux personnes qui ont croisé son chemin, qu'il s'agisse de sa famille, de ses amis ou de personnes rencontrées dans les camps, victimes comme bourreaux.
C'est un livre difficile mais nécessaire, écrit à la fin des années 1950, édité en Allemand en 1967 et traduit en Français (seulement) en 2022.
En ces temps troublés où l'on constate dans de nombreux pays la montée du nationalisme, je ne peux qu'en conseiller la lecture - même si elle est particulièrement éprouvante - pour ne pas oublier que l'Homme est capable du pire...
La Longue Nuit est un récit autobiographique rédigé en yiddish à la fin des années 1950 par Ernst Israël Bornstein. Traduite une première fois en allemand en 1967, il faudra attendre 2022 pour que cette œuvre soit enfin disponible en français. Et quelle œuvre ! Il s’agit incontestablement d’un roman indispensable pour comprendre à la fois l’absolue absurdité et la mécanique bien huilée de l’univers concentrationnaire et pour en saisir toute l’horreur. Il est particulièrement intéressant car il donne à voir le parcours complet d’un homme victime de la barbarie hitlérienne. Le premier chapitre s’ouvre sur une date, le 1er septembre 1939, marquant le début de la guerre entre l’Allemagne et la Pologne, tandis que le dernier chapitre se clôt sur la mention du 30 avril 1945, date à laquelle Ernst Israël Bornstein écrit avoir été définitivement libéré. Entre ces deux dates, l’enfer vécu, de sa ville natale devenue ghetto, à la succession des camps dans lesquels il sera envoyé – sept au total –, pour finir sur l’interminable « marche de la mort » que d’autres, comme Simone Veil, ont également relatée, l’objectif étant de ne laisser aucun prisonnier vivant dans les camps. L’univers concentrationnaire et son fonctionnement sont décrits avec une minutie incroyable et saisissante. Le passage sur l’évacuation des camps est exceptionnel de réalisme et de cruauté. La volonté de vivre, malgré l’effroyable quotidien qui ne peut qu’être synonyme de désespoir, envahit toute l’œuvre, jusqu’aux derniers mots du texte qui, eux, abordent avec beaucoup de pudeur l’infinie solitude de ceux qui sont revenus et ont eu à porter deux fardeaux : le souvenir immuable de cette tragédie et la suffocante résignation de ne pouvoir être compris.
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