"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
La vie qu'on m'a choisie est l'histoire de Lilly et de Julia que l'on suit en parallèle. Lilly est retenue par ses parents dans une petite chambre aménagée dans le grenier du manoir des Blackwood. Elle n'est jamais sortie de ce grenier, sa mère profondément croyante et dure lui dit que c'est pour son bien, que si les gens la voyaient ils prendraient peur et lui feraient du mal. Lilly ne reçoit que des brimades de la part de sa mère qui lui dit qu'elle n'est qu'une aberration. Son père lui témoigne plus de gentillesse et de tendresse mais ne s'oppose guère à sa femme. Lors d'un déplacement de son père, sa mère se débarrasse d'elle en la vendant à un cirque de passage...
Vingt plus tard, Julia qui avait fui l'environnement familial toxique hérite de Blackwood Manor, la maison de son enfance. Si cet héritage pourrait marquer le début d'une nouvelle vie, il va avant tout ressortir un passé sombre et secret. Julia va découvrir en fouillant dans le bureau de son père d'énigmatiques articles de journaux sur un cirque et surtout une pièce cachée au grenier, une chambre d'enfant...
Je suis très vite rentrée dans l'histoire, difficile de rester insensible à l'histoire de Lilly et surtout on se demande quelle est donc la raison de sa séquestration. Une maladie? Une malformation? Il faut attendre un peu avant de le découvrir ce qui pousse encore plus à avancer dans la lecture. Le style est simple et fluide, les pages défilent sans que l'on s'en rende compte. On s'attache aux personnages, on ressent leurs émotions, on essaye de comprendre comment elles en sont arrivés là. Si beaucoup de choses se devinent et que certaines trames sont sans surprises (j'avoue qu'il m'a manqué quelques rebondissements inattendus au cours de l'histoire car on sait un peu trop où l'on nous emmène) la fin est cependant plus travaillée et recèle quelques petites surprises bien trouvées.
Alerte coup de cœur
Alors que la première, encore petite fille, rêve de sortir de Blackwood Manor, pour découvrir le monde, la seconde a fui le manoir depuis quelque temps déjà mais va devoir y retourner par la force des choses.
20 ans séparent ces deux destins et pourtant un lien indéfectible les unit.
J’ai été bouleversé par la vie de Lilly, fillette différente que ses parents enferment sous prétexte de la protéger de la cruauté des Hommes, cette même cruauté qu’ils font subir aux animaux, omniprésents dans ce livre.
Mais comment qualifier l’acte d’une mère qui vend sa propre fille à un cirque ? Cruauté ? Lâcheté ? Folie ? Et si cet abandon était finalement la seule chose positive qu’elle n’aura jamais fait pour son enfant ?
Je ne suis pas prête d’oublier cette lecture et ces deux femmes extraordinaires, fortes et déterminées.
J’ai lu La vie qu’on m’a choisie d’Ellen Marie Wiseman, traduit de l’anglais américain par Thypaine Ducellier est sorti aux Editions Marigny en mars 2021.
La découverte de deux personnages à deux époques différentes aux Etats-Unis: d’un côté Lilly en 1931, de l’autre Julia en 1956.
Un lieu en commun Blackwood Manor, un lieu austère recouvert d’un grand voile de mystère. Les murs renferment des secrets insoupçonnables et des histoires étouffées.
Un roman haletant qui vous happe jusqu’à la fin. On veut absolument savoir ce qui lie Julia et Lilly. Impossible de s’y soustraire.
Petit à petit, les pièces du puzzle vont s’assembler et va apparaître un portrait de famille bien loin de ce qu’on puisse imaginer. La vérité n’est pas ce qu’elle paraît être. La cruauté est abominable et va au-delà de l'imaginable.
Totalement addictif ! Un vrai coup de coeur pour moi !
Regorgeant de coups de théâtre, de renversements de situation mais surtout d’horreurs dont sont capables les êtres humains, La vie qu’on m’a choisie réserve tout de même quelques moments de bonheur que j’ai pu savourer au passage.
Ellen Marie Wiseman, autrice étasunienne que je découvre grâce à Babelio (Masse critique) et aux éditions Faubourg Marigny, maîtrise parfaitement ce roman-fleuve très addictif. Elle conduit deux histoires en parallèle, l’une éclairant l’autre, alternant régulièrement la vie de Lilly et celle de Julia, un confort de lecture que j’apprécie.
Tout débute en juillet 1931, dans l’État de New York. Blackwood Manor et son élevage de chevaux sont isolés mais c’est dans le grenier de l’imposant manoir que débute l’horreur. Lilly Blackwood (9 ans), seule avec Abby, sa chatte rousse, sa meilleure amie, est enfermée là. Elle ne connaît le monde extérieur que grâce aux livres car son père lui a appris à lire et à écrire, quand même !
Quant à sa mère, c’est une bigote rigoriste qui ne lui apporte aucune affection. Pire que ça, en pleine nuit, elle vend sa fille à un certain Merrick, membre du cirque Barlow, cirque que Lilly apercevait du haut de son grenier car il faisait halte en bordure de la propriété.
Arrachée brutalement à sa prison, parce qu’elle serait différente, elle m’a permis de vivre au quotidien avec un cirque des années 1930. Animaux sauvages enchaînés, séquestrés, musée des horreurs humaines attirent tous ces « péquenauds », comme les gens du cirque appellent les citadins qui se pressent pour admirer les spectacles. Jusqu’à présent, ce terme de péquenaud semblait désigner les gens de la campagne… subtilités de la traduction…
Je n’oublie pas l’autre histoire parallèle, celle de Julia Blackwood, que je découvre alors qu’elle a dix-huit ans, en novembre 1956, à Long Island. Sa situation est pitoyable. Elle est obligée de chaparder pour se nourrir, de se changer dans les toilettes d’un supermarché et de consacrer le peu qu’elle gagne comme serveuse dans un bar, à payer son loyer.
Seulement, plusieurs indices permettent aussitôt de penser que les deux histoires, celle de Lilly et celle de Julia, risquent de se rejoindre. J’apprends que cette dernière a fui une mère très rigoriste et que son père s’est tué en voiture. De plus, elles portent le même nom de famille.
Le décor est planté, si j’ose dire, le roman est bien lancé et je n’avais qu’une envie : tourner les pages pour savoir, pour aller de surprise en surprise… pas souvent bonnes.
En même temps qu’elle dévoile le destin de ces deux jeunes filles, Ellen Marie Wiseman détaille bien le quotidien de tous ces gens d’un cirque d’entre deux-guerres, son mode de déplacement – le train-, sa logistique, les rapports humains de domination et d’exploitation, l’utilisation de la souffrance de femmes et d’hommes dits anormaux pour attirer le public, le berner aussi.
Pendant que la vie de Julia change complètement, qu’elle se découvre un amour pour les chevaux, un don pour attirer leur sympathie, Lilly, des années auparavant, passe par tous les états, se fait brutaliser, exploiter jusqu’à ce qu’elle se réalise vraiment au contact des éléphants, grâce à Cole.
Les chevaux, les éléphants, l’autrice attire notre attention sur nos rapports avec les animaux. Certes, au cours de ces dernières années, une évolution favorable est constatée mais beaucoup trop d’animaux ne sont encore pas traités dignement, comme des êtres vivants, capables de ressentir maltraitance et privation de liberté.
La vie qu’on m’a choisie m’a passionné jusqu’au bout car c’est un roman qui va bien au-delà du sort assez extraordinaire des deux héroïnes. Même s’il se termine avec une bonne note d’espoir et d’optimisme, les malheurs et les souffrances endurées par Lilly m’ont arraché bien des larmes.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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