"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans le Grand Duché d'Eponne au cœur de l'Europe où se négocient des accords financiers et l'ordre de marche du monde, alors que quelques amis tentent d'écrire un pamphlet sur la société d'aujourd'hui et notamment sur la déraison capitaliste, un écrivain en panne d'inspiration décide d'accueillir un migrant chez lui pour en tirer matière à écriture.
En parallèle les différents protagonistes vont peu à peu se laisser découvrir. Va t-on apprendre à les connaître sous leur meilleur jour ? Que va-t-il ressortir de ces rencontres, de ces échanges ?
Ce Grand Duché, pourtant sans difficulté, envisage de prendre des mesures à l'encontre de l'arrivée de migrants, il va mettre en place tout un arsenal visant à limiter l'accès aux papiers officiels, comme être obligé de se connecter au réseau d'Etat pour justifier de l'intérêt que l'on porte au pays, mais comment faire quand on n'a pas d'existence légale ni même de domicile attitré ?
La société occidentale aurait elle atteint son apogée ? amorcerait elle son déclin ? comment envisage t-elle son avenir face à une migration accrue : migration de guerre, migration économique, migration climatique ? Dans cette société, l'être humain est-il vecteur de bienfaisance ? On rebondit sur l'écrivain accueillant : fait il cette démarche pour venir en aise ou pour se valoriser, pour retrouver sur lustre d'antan ? Quid des écrivains néophytes qui tentent de se rebeller contre la société dans laquelle ils vivent ? mais que font-ils à leur niveau et selon leur parcours de vis, ne s'en prennent ils jamais aux plus faibles ?
L'écriture de ce roman n'est pas vindicative mais fait plutôt état d'un constat. Elle met en exergue la personnalité de chacun d'entre nous selon notre positionnement dans tel ou tel groupe et de là notre rapport à l'autre: dominant/dominé ou force/faiblesse et nous montre à quel point l'être humain peut être vil lorsqu'il se sait en position de supériorité.
J'ai beaucoup aimé ce roman, cette façon d'écrire les choses tout en douceur mais néanmoins avec beaucoup de réalisme mais j'ai été partagé dans "ma relation" avec les différents protagonistes et c'est en ça que je me dis que l'auteur a réussi car elle m'a fait réagir.
Merci à la membre du café littéraire qui a proposé ce roman en lecture et qui de fait me donne envie d'en savoir plus sur cette auteur et de lire d'autres écrits de sa main.
https://quandsylit.over-blog.com/2023/07/sous-le-ciel-des-hommes-diane-meur.html
Dans le Grand Duché d’Eponne la vie semble couler avec l’ennui calme d’un dimanche en province.
Jean-marc Féron, grand reporter, journaliste reconnu, a perdu l’inspiration et, sur la demande de son éditeur, accueille un migrant sans papier, Hossein. De cette co-habitation devrait naître un livre, à succès bien sûr. Comment se comporter, Féron ne sait pas, il est plus habitué aux scènes de guerre qu’à la proximité avec une réalité quotidienne, à être le seul. D’ailleurs, il ne réussit pas à créer un lien amical avec le jeune homme. Hossein, quant à lui, garde optimiste, fait tout pour ne pas être un poids. « Il a fallu que je construise mon image, puis que je reste à la hauteur de cette images, des attentes, … Tenez, vous savez ce qui m’insupporte chez Hossein ? Tout ce bagage réel qu’il traîne avec lui, cette épaisseur humaine » Il est confronté à un être humain et ne sait comment se comporter.
De l’autre côté, un groupe de personnes lancé, avec l’aide d’Eugène Waiser, un vieux professeur de philo et maître à penser dans la création d’un long pamphlet où chacun écrit un chapitre. « « Remonter le courant avec comme sous-titre, « Critique de la déraison capitaliste »
Gravitent dans le Duché des ombres, hommes et femmes migrants attendant leur sésame pour demeurer dans le Grand Duché. Tous essaient de trouver de petits boulots payés avec des lance-pierre et juste le droit de ne rien dire, de rester à leurs places, même s’ils n’en ont pas de place parmi les habitants.
Diane Meur réunit dans ce petit pays tout notre mode de vie et démontre, par des exemples de situations l’ironie de notre monde moderne. Il y a hiatus entre être, dire et faire.
Du côté des pamphlétaires, Jérôme a pour maîtresse Sylvie, cadre aux dents longues, mariée et mère de famille. Sylvie de son côté a pour femme de ménage Semira, une jeune femme sans visa, qu’elle emploie au noir. Tout déraille lorsqu’elle apprend que cette étrangère aide son fils Fabio dans ses devoirs de maths « Alors tu prends des cours particuliers avec notre femme de ménage – Elle dit qu’elle a un diplôme de comptabilité, intervient enfin Bernard (le mari) Comme si les femmes faisaient des études dans ces pays-là ! »
Tout est dit, chacun à sa place et les émigrés seront bien gardés !
Ghoûn est bien embêté, il doit faire sa demande d’asile sur le site officiel du Duché, mais un bug informatique l’en empêche et, après, il sera trop tard, le délai sera passé… Vive la dématérialisation
J’admire le travail d’écriture de Diane Meur qui met en abyme de façon ironique, les chapitres du pamphlet. Un livre très politique et non politicien. Ce petit Duché nous ressemble, très arrangeant avec les riches et les puissants mais si dur pour les étrangers, les faibles, les pauvres.
« Derrière le col, c’est le grand-duché d’Eponne. Nous on ne veut pas de vous ici » OK, mais ils sont nécessaires pour faire ce que personne d’autre ne veut plus faire et puis… une main d’œuvre qui ne peut faire grève, raisonner… C’est pratique !
Notre société actuelle de consommation y est parfaitement décrite, le pamphlet très éclairant nous met face à nos propres contradictions.
Les plus : Roman aux sujets actuels sur la société de consommation, la société et la vie quotidienne d'une ville, l'écologie, l'émigration, l'adaptation et l'accueil de l'autre... Les histoires des personnages se déroulent en parallèle avec des questionnements personnels bien différents mais qui vont intéragir dans cette société...
L'auteur cherche à transmettre des idées dans son roman, et la méthode est agréable.*
Les moins : Il faut dépasser le résumé de la 4ème de couverture, peu racoleur, et le 1er chapitre... et faire confiance à la maison d'édition qui a choisi ce roman, et oser le découvrir.
Dans son nouveau roman Diane Meur confronte un réfugié à un écrivain-journaliste installé dans un Grand-duché au cœur de l’Europe. Et il va s’en passer des choses Sous le ciel des hommes !
Notre société n’est-elle pas arrivée à un point de bascule? Le système sur lequel s’est bâtie la prospérité du Grand-Duché d’Éponne n’est-il pas en train de s’effondrer? Dans ce petit confetti du cœur de l’Europe le défi climatique et la question des réfugiés constituent les premiers signes d’un dérèglement que Diane Meur va scruter de près dans son nouveau roman construit autour de deux œuvres en gestation. Le livre-témoignage d’un journaliste qui, après avoir parcouru le planète, a l’idée d’accueillir un réfugié chez lui et retracer son expérience et la rédaction par un groupe d’intellectuels d’un pamphlet intitulé Remonter le courant, critique de la déraison capitaliste.
Si le premier entend sortir de sa zone de confort et «dévoiler un peu l’homme Jean-Marc Féron, célèbre pour ses livres, ses articles et ses prestations médiatiques, mais dont on ne connaissait guère la vie privée, si ce n’est qu’il multipliait les conquêtes féminines.», les seconds sont nettement plus radicaux et entendent secouer la torpeur de ce micro-état. Jouant sur les contrastes, la romancière va faire des étincelles en montrant combien les uns et les autres sont bien loin de l’image qu’ils entendent projeter. Entre Jean-Marc et Hossein, qui fait preuve de plus d’humanité? Entre Sylvie qui travaille pour l’industrie du luxe et Jérôme, son amant qui la rejoint discrètement dans un hôtel après avoir peaufiné un nouveau paragraphe de son pamphlet intellectuel désargenté, qui est le plus honnête?
Alors que l’on voit s’ébaucher les livres dans le livre, on découvre l’ambivalence des personnages qui partagent leur hypocrisie, font le grand écart entre leurs aspirations et leur petite vie qui va croiser celles des autres de manière assez surprenante, comme par exemple lors de la Fête de la Dynastie qui célèbre tout à la fois la prospérité du pays et offre à ses habitants l’occasion de sortir d’un quotidien des plus conventionnels.
C’est à la manière d’une entomologiste que diane Meur scrute notre société et ses travers. Elle ne manque pas le petit détail qui tue. À coups d’anecdotes très révélatrices, elle va réussir son travail de sape des certitudes et des systèmes. Et si elle ne propose pas de solution – mais qui peut se vanter d’offrir le régime idéal – elle oblige le lecteur à se poser des questions, à revoir sa grille de lecture. Un travail salutaire mené avec une plume délicate qui ne fait que renforcer le propos. Bref, une belle réussite!
https://urlz.fr/eBKP
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