"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'Histoire est le visage de l'aventure humaine.1914. Louis Kerbraz, jeune Breton passionné, part défendre la France. Au même moment, une jeune allemande téméraire, Lieselotte Ruf, arrive sur le front adverse. Cette photographe s'est engagée comme infirmière dans la Croix-Rouge. Rien ne prédisposait Louis l'immortel et Lieselotte, l'Ange des tranchées, à se rencontrer. Pourtant, faisant fi du conflit qui oppose leurs nations, ces deux âmes artistiques vont s'aimer et, de cet amour naîtra un garçon. Dans le chaos qu'engendre la fin de la guerre, les deux amants se perdent. L'« enfant de la honte » qu'ils ont conçu sera retiré des bras de sa mère, et le jeune orphelin, blessé par la haine qu'on lui voue dans son propre pays, va en concevoir un extrême ressentiment envers ses deux géniteurs... Ainsi naîtra la saga tourmentée d'une famille déchirée sur trois générations.
Sur un fond historique authentique, de 1900 à 1954, suivez la destinée de cinq personnages, de nationalités et de générations différentes, qui vont inscrire leurs destins croisés dans des mondes en guerre. Mais qu'est-ce qui détermine au final notre identité ? Qu'est-ce qui constitue ceux que nous sommes ? Face à une Histoire qui se répète, les enfants réagiront-ils comme leurs parents ? L'union des différences n'est-elle pas préférable aux conflits et aux rancoeurs, préfigurant ainsi, en miroir, la formation de l'Europe des Nations ? Une grande saga d'aventures romanesques en quatre tomes, à paraître tous en 2023.
Choisir une famille comme vecteur pour parler de, mais surtout pour expliquer, l’Histoire de la première moitié du 20e siècle, en Europe, et plus particulièrement en France, en Allemagne, en Autriche et en Irlande, voilà qui ne pouvait qu’attirer mon attention.
Avec Visages, Ceux que nous sommes, nous plongeons dès 1894, dans l’histoire d’hommes et de femmes, qui malgré leurs liens, vont être amenés à s’aimer, se haïr, se déchirer, se retrouver parce que cette période chargée historiquement en a voulu ainsi.
1927, Georg est un enfant placé dans un orphelinat en Allemagne. Sa mère Lieselotte Ruf et son père Louis Kerbraz se sont rencontrés sur une ligne de front de la Somme pendant la Grande Guerre.
Elle, Austro-allemande passionnée de photographie, est infirmière volontaire dans l’armée prussienne.
Lui, Breton artiste dans l'âme, s'est engagé pour sauver sa patrie.
De brefs moments de répit au milieu des combats leur ont permis de se rencontrer, de s’apprécier et de concevoir la vie au milieu de la boucherie qu’est la guerre.
Cet “enfant de la honte” sera enlevé à sa mère et placé sans que celle-ci ne le sache. De même pour son père, qui n'a aucune connaissance de son existence.
Mais le besoin de revanche plus fort que tout de Georg, surnommé le bâtard, va l’amener à rechercher ses parents afin de se venger d’eux.
Instiller si judicieusement des morceaux de fiction dans la réalité de l’Histoire est un exercice difficile. Mais fait ainsi, c’est à s’y méprendre. On pourrait croire que ces familles françaises (bretonne et alsacienne), allemandes, mais également irlandaises ont réellement existé.
Les auteurs Nathalie Ponsard-Gutknecht, Miceal Beausang-O’Griafa (scénario) et Aurélien Morinière (dessin et couleur) signent cette incroyable série prévue en quatre tomes sortis entre janvier et octobre 2023.
Leur travail représente tout ce que j’aime dans la bande dessinée historique.
C’est de leur part une prouesse que de nous permettre de comprendre facilement ce qui est parfois si compliqué dans notre Histoire.
Et une mention particulière pour ces excellents dossiers documentaires qui viennent aisément compléter cette incroyable histoire de familles.
Cette bande dessinée est le premier tome d’une série qui en comptera quatre. Sur chaque couverture, un visage, porteur d’une histoire intime et victime de l’Histoire mondiale. Les auteurs entremêlent les deux niveaux de lecture et croisent les douleurs d’un continent à celles de corps et d’esprits. Graphiquement, il y a un premier choc entre la couverture et la première planche. Le crayonné s’oppose à des dessins plus animés par les couleurs. Les deux conflits mondiaux sont ici résumés à des palettes et l’oeil comprend vite quand et où se situe l’histoire. Il y a un accompagnement visuel dans cette narration très agréable car cette évidence permet d’alléger les décors et les détails donnés.
Cette BD, dans son premier tome en tout cas, puise dans les connaissances visuelles que nous pouvons avoir des conflits. Les deux ont donné lieu à tant de représentations que les codes sont assez clairs. En se basant sur ceux-là, les auteurs peuvent traiter un autre sujet : l’identité. Derrière le titre – beau clin d’oeil à l’art de la BD et du dessin -, il est surtout question d’identité. Comment est-on ? par le sang, par un héritage sensible, par le sol, par l’histoire des pays et de leurs relations. Peut-on être autre chose que ce qui est attendu ? Ces questions émergent rapidement tout au long de la lecture et des allers-retours entre 1940 et 1914. Les guerres se rencontrent, se ressemblent sur certains aspects même si les spécificités de chaque conflit sont respectées. Les tranchées et ses mouvements de troupes, lancées aveuglement à la charge, impressionnent toujours autant.
Parmi les scènes très belles, celle où Lieselotte Ruf chargée de photographier des soldats pour leurs épouses, pose son objectif sur un combattant mourant. Il veut que sa femme soit fier de lui et de l’uniforme qu’il porte. Une fois la photo faite, elle s’éloigne les yeux humides. Aurélien Morinière capte les traumatismes imprégnant les pupilles de cette femme. Les regards de ces êtres sont habités par le poids du traumatisme, par la violence de ces guerres et par l’incertitude de pouvoir, un jour, oublier ces images douloureuses.
Des hommes, des femmes, des petites histoires dans la grande Histoire, de la première à la seconde guerre mondiale. Voilà le thème de ces 4 albums qui vont sortir en 2023 et dont le tome 1 vient de sortir chez Glénat.
Tout part en 1927 d'un bâtard, un jeune garçon, qui s'échappe d'un orphelinat allemand, en quête de sa propre identité. Qui est-il ? Qui sont ses parents ?
On comprend vite qu'il est un enfant de la guerre. Le fruit d'une rencontre inattendue comme il y en a eu des centaines. Pour comprendre, il nous faudra suivre la destinée de Louis, jeune français s'engageant en 1914 et de Lieselotte, allemande engagée auprès des blessés du front.
Un angle humain qui met en valeur, sur un fond historique authentique, des familles déchirées, des enfants bannis, rejetés et qui questionne la notion d'identité.
Le tout avec le trait noir d'Aurélien Morinière, déjà vu pour ma part dans "L'homme bouc". Un dessin assez sombre et réaliste qui parvient sans mal à nous plonger dans le contexte de la guerre.
Un premier album rapide et court mais intéressant qui donne envie d'en savoir plus sur cette série à suivre et à finir dans l'année.
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