"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans la rue Pareille, chacun est unique - et seul, à sa façon.
En ce jour d'Épiphanie, Lyon grouille d'existences minuscules, autant de trajectoires qui s'entrecroisent et tissent, sans le savoir, la toile de la vie moderne. La petite vieille facétieuse du supermarché ; la jeune mère célibataire, confrontée aux impératifs d'un métier de robot ; le DRH au langage creux et aux méthodes brutales ; l'artiste en deuil des lieux de son enfance : lignes brisées et parallèles, heurtées dans leur humanité qui, ce soir peut-être, se sentiront moins seules.
Après avoir tellement aimé "Giratoire", il me fallait absolument me replonger dans l'univers et l'écriture de Dominique Paravel. Mais - petite inquiétude de lectrice - et si j'étais déçue par "Uniques", le premier roman qu'elle a écrit ?
Que non ! Mais alors que mille fois non !
J'ai eu la confirmation du talent de Dominique Paravel, ce talent si rare de pouvoir donner chair et sens à des formes littéraires inhabituelles et audacieuses qui mettent à la lumière des déchirures intimes, sociales, universelles que l'on choisit souvent de laisser dans l'ombre pour plus de confort.
Dans "Uniques", l'éclatement des faits et le nombre des personnages forment contraste avec l'unité de temps, le jour de l'Epiphanie, et de lieu, la rue Pareille à Lyon. Ce jour-là on se promène dans cette rue à nulle autre Pareille et pareille à tant d'autres et l'on y rencontre une vieille dame qui compte les quelques sous qui lui restent pour finir le mois, une jeune femme épuisée de l'inanité de son travail de démarchage téléphonique, une adolescente qui ne veut pas se savoir pauvre. On y croise Elisa, Violette, Jean-Albert, Elisée, Jani... toute une humanité réunie sous notre regard et sous celui de Susanna, l'artiste revenue pour un temps dans cette rue où, enfant, elle a vécu. C'est elle qui par son oeuvre provoque l'épiphanie, cette "prise de conscience soudaine et lumineuse" des solitudes et des détresses portées par ceux qui passent et s'arrêtent parfois sur ces trottoirs, devant nos yeux.
La force de l'écriture donne chair, sang et larmes à chacun de ces personnages dans des scènes réalistes ou oniriques. La construction joue des points de vue comme avec un tableau que l'on regarderait de tout près, détail après détail avant de les structurer tous ensemble dans une image entière que l'on complète enfin en y insérant la profondeur de champ du réel.
C'est un livre qui affûte le regard et l'esprit et qu'on lit la gorge serrée. Un livre remarquable !
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