Blanche vient de perdre son mari, Pierre, son autre elle-même. Un jour, elle rencontre Jules, un vieil homme amoureux des fleurs...
Dans la cour de l'école, Laure joue à un jeu qu'elle adore où les garçons courent après les filles pour les embrasser ou leur infliger la brûlure indienne. Plus tard, adolescente, dans le Paris des années 1990, elle veut sortir avec des garçons, rêve de baiser mais dit faire l'amour pour ne pas avoir l'air de... Elle leur laisse le soin de faire le premier pas. Parce que c'est comme ça. Parce que ça a toujours été comme ça. Et puis, dans les années 2000, Laure rencontre Samuel. C'est l'amour enfin et la vie qui va avec. Impérieuse et décevante. Magnifique et cruelle. L'amour peut-il résister aux temps qui changent, aux années percutées par #metoo ? Laure saura-t-elle rester une fille difficile ?
Mon amie, mon amour, mes emmerdes
La vie ordinaire d'une jeune femme d'aujourd'hui. Ce résumé laconique ne dit pourtant rien de la force et de la colère qui sourd du nouveau roman d'Elsa Flageul. On y suit le parcours de Laure, son « héroïne » de ses premiers émois amoureux à sa seconde vie après 30 ans.
L'amour au fil des ans, des premiers émois à la vie de couple, en passant par les années l’adolescence : ce roman est un voyage intime où les émotions se livrent nues, où les doutes se dévoilent et où les espoirs se concrétisent.
Cela commence dans une cour de récréation en 1989. La narratrice n'est alors qu'une fillette qui joue avec délectation à la brûlure indienne, un jeu dans lequel les garçons courent après les filles. « Une fois la fille capturée, il a deux possibilités : soit il la couvre de baisers, soit il ne souhaite pas l’embrasser et lui inflige la brûlure indienne. Il se saisit de son bras à deux mains et exerce une pression inverse avec chaque main. On pourrait dire qu’il essore son bras. » Bien entendu, toutes espèrent que la première variante leur sera réservée.
Une année plus tard, Audrey et Samuel ont oublié la brûlure indienne. Cette fois il s'agit de sortir avec la fille choisie. Samuel va s'enhardir et adresser un petit mot à Audrey pour lui demander si elle veut bien sortir avec lui. Ô miracle, elle veut bien !
En 1992, c'est lors d'un séjour en colonie de vacances qu'un moniteur de vingt ans tombe amoureux de Laure. Mais au moment de passer aux choses sérieuses, il se rend compte du risque qu'il prend et laisse la fille à sa déception.
En 1994, lors d'une fête chez une amie, les choses se concrétisent avec Aurélien. Ils s'embrassent et s'embrasent, se touchent et se cherchent. Et en restent là.
En 1995, elle échappe à une tentative de viol après avoir fait de l'auto-stop avec sa meilleure amie Justine. En 1996, lors de la fête du bac de nouvelles relations se nouent, mais ce n'est qu'en 1997, à 18 ans, qu'elle perdra sa virginité. « Peau du visage en feu. Sexe en feu. Cœur en feu. Je marche vers la voiture et je me dis : ça y est je l'ai fait. Ce n’est pas une fleur vénéneuse qui vient d'éclore en moi, mais des milliers. Je suis un champ de fleurs vénéneuses et magnifiques. »
Après ce chapitre initiatique, nous basculons en 2005. Dans cette seconde partie, on va suivre Laure dans sa relation avec Samuel, son mariage, la naissance de leur fils Éli, puis l'usure du couple et leur séparation. De la joie à la peine, du rêve à la peur, du bonheur au malheur.
On pourrait, en s'appuyant sur le titre, dire qu'au fil des ans, on est passé de la fille facile à la fille difficile. Mais ce serait trop facile, car il y a de l'ironie dans ce titre. Ce qui est difficile, ce sont les diktats de la société, toutes ces règles non-écrites qui sont autant d'obstacles sur le parcours des femmes. Quand il est évident que le mari continue à travailler et à faire carrière lorsque la famille s'agrandit. Que ce choix entraîne une répartition totalement inégale des rôles et que l'isolement social s'ajoute à la fatigue, alors la rupture est programmée.
Elsa Flageul est loin du manifeste féministe, mais rarement il ne m'a été donné de lire avec une telle acuité la mise en place du processus d'aliénation. Un roman qui rappellera sans doute des souvenirs - quelquefois douloureux - aux lectrices, mais qui devrait surtout être lu par des lecteurs. Ils se rendront alors compte ce qu'une société patriarcale construit comme mécanismes. L'égalité partout revendiquée est loin d'être atteinte. Ce roman a le grand mérite d'en apporter une éblouissante démonstration.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici ! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre et en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Une ecriture tout en légèreté qui nous berce
Mais un sujet déjà vu et revu qui a rendu ma lecture un peu ennuyeuse
Nous allons suivre Laure, depuis 1989, dans la cour de l’école primaire où, comme les autres enfants, elle aime jouer à la brûlure indienne (jeu pendant lequel les garçons attrapent les filles et choisissent ensuite de les embrasser ou de leur infliger une torsion de la peau du bras), jusqu’à nos jours.
Elle va traverser l’adolescence avec son amie Justine, découvrir la place de la femme dans notre société, les différences de traitement entre les hommes et les femmes, jusqu’à la période charnière de MeeToo et de BalanceTonPorc.
J’ai adoré le ton employé pour nous faire réaliser tout ce qu’un enfant né fille doit encore endurer dans notre société aujourd’hui, pour nous montrer chaque fois que les hommes ferment les yeux, minimisent, effacent la femme.
Laure ne voulait pas devenir une fille facile; Est-ce forcément une fille difficile ? n’a-t-on donc pas d’alternative à ces deux solutions ?
C’est un roman qui interroge le lecteur à travers une histoire contemporaine addictive. Laure pourrait être votre voisine, votre sœur, votre amie. Le temps d’une lecture, elle a été la mienne.
Un roman nécessaire pour ouvrir les yeux sur la condition de la Femme, dans notre société, aujourd’hui.
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