"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le titre, Un dimanche à Ville-d'Avray, est un lointain écho du film féérique - et mystérieusement inquiétant -, sorti en 1962, qui a marqué, tel un météore, le cinéma français.
Même sentiment d'inquiétude dans le livre de Dominique Barbéris : deux soeurs se retrouvent, alors que fléchit la lumière, dans un pavillon de Ville-d'Avray, avec chacune dans le coeur les rêves et les terreurs de l'enfance, le besoin insatiable de romanesque, de landes sauvages dignes de Jane Eyre et d'un amour fou, tout cela enfoui dans le secret d'une vie sage.
L'une se confie à l'autre. Lui raconte une invraisemblable rencontre dans le décor en apparence paisible de Ville-d'Avray, de ses rues provinciales. L'autre découvre, stupéfaite, son errance entre les bois de Fausse-Repose, les étangs de Corot, les gares de banlieue et les dangers frôlés...
Ce sont des pages à la Simenon. Les grands fonds de l'âme humaine sont troubles comme les eaux des étangs.
Après une enfance étriquée et morose dont elles s’évadaient par de grandes rêveries romanesques inspirées de Jane Eyre, deux sœurs, l’une parisienne, l’autre habitant Ville-d’Avray, mènent désormais une vie rangée, sans éclat ni surprise, entre mari et enfant. Un dimanche d’ennui, l’aînée et narratrice rend visite à sa cadette. Au cours de leur tête à tête au jardin, le soir tombant, elle recueille avec stupéfaction les confidences de sa sœur sur ses envies vagues et réprimées d’autre chose, qui l’ont un jour conduite à une rencontre inattendue, à quelques rendez-vous secrets, et à l’éternel regret d'un possible finalement repoussé.
Il se passe peu de choses dans cette histoire, à l’image de l’existence étale de ces deux femmes engluées dans un quotidien morne et sans vie. Pourtant, bien des courants serpentent dans les profondeurs de ses non-dits, venant soudain troubler la surface apparemment sans ride de ce qui semblait un bonheur tranquille. Un bonheur dont avait d’ailleurs fini par se persuader la narratrice, perturbée que sa sœur ose laisser le doute s’infiltrer. Etait-ce donc finalement cette vie à laquelle aspiraient les deux fillettes romantiques, quand elles rêvaient de grands sentiments passionnés dans leur quotidien gris ? En toute honnêteté, n’ont-elles pas refoulé au fond de leur âme bien des élans déçus, piétinés par une réalité aussi morne aujourd’hui qu’autrefois ?
Par simples allusions où insidieusement le doute affleure, se laissent peu à peu deviner désenchantement et regrets, d’autant plus prégnants que l’une des deux femmes aura cru croiser un parfum d’aventure, presque tendu la main pour l’attraper, pour finalement reculer au moment de confronter rêve et réalité. Au gré de petites touches presque sans couleur, imprégnées des ombres du couchant et de l’odeur de la pluie d’automne, se dessinent deux silhouettes de femmes restées en marge de leur vie, portant au plus creux d’elles-mêmes les rêves et les aspirations qu’elles auront laissé échapper.
Un texte délicat, subtilement et poétiquement empli de sensations et d’impressions mouvantes, où la nostalgie du temps passé et des possibles à jamais perdus donnent vie à une très vraisemblable Bovary contemporaine.
Lu dans le cadre du prix des libraires Folio Télérama 2021. Deux soeurs élevées à Bruxelles, dopées aux épisodes de « Thierry la fronde » à la télévision et stimulées dans leurs études par leur maman qui leur prédisait un avenir effrayant de caissières dans un super marché si elles n'y mettaient pas un peu plus d'ardeur, sont maintenant mariées et vivent dans la région parisienne. Un dimanche, la parisienne, va rendre visite à sa soeur Claire Marie, habitante de ville d'Avray, dans une zone pavillonnaire cossue. Un bel après midi d'été au jardin, en l'absence du mari et de la fille est propice aux confidences de Claire Marie qui évoque, pour la première fois à sa soeur une rencontre masculine qui l'a beaucoup marquée. Une atmosphère mélancolique avec beaucoup d'émotion rend cette narration agréable à découvrir.
Je le savais ! Je le savais qu'il était pour moi celui-là… Comme j'ai aimé ce roman, l'atmosphère mélancolique qui s'en dégage, ce sentiment de tristesse et de nostalgie qui s'empare des êtres et des lieux…
Deux sœurs se retrouvent un dimanche chez l'une d'entre elles, l'aînée, Claire Marie, installée à Ville-d'Avray dans une banlieue pavillonnaire cossue de l'Ouest parisien. Après une enfance complice (un vrai délice que cette évocation de l'enfance...), des lectures communes et un amour fou pour certains personnages romanesques tel Rochester dans « Jane Eyre » (comme je comprends!), la vie semble les avoir toutes deux un peu déçues et séparées aussi...
Or, dans la tiédeur de cette après-midi de septembre, autour de la table du jardin, Claire Marie va raconter, sur le ton de la confidence, une rencontre qu'elle a faite des années plus tôt, celle d'un homme, d'un inconnu, qu'elle a vu, qu'elle a suivi dans des bois, aux abords d'étangs, dans des gares, sans même savoir qui il était, s'il lui mentait, s'il y avait du danger… Et la cadette découvre éberluée que sa sœur, femme de médecin rangée et plutôt sage, s'était livrée à des rencontres troubles, faites d'attirance et de désir, dans des lieux isolés et glauques avec un inconnu énigmatique pour le moins inquiétant.
« Qui nous connaît vraiment ? Nous disons si peu de choses, et nous mentons presque sur tout. Qui sait la vérité ? »
Un texte magnifique (on pense à Duras, Modiano), à la fois désenchanté et magique, qui petit à petit enferme son lecteur dans une tension envoûtante faite d'ambiguïté et de mystère.
Superbe !
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Il émane de ce livre à la fois étrangeté et douceur. Deux sœurs se retrouvent dans un pavillon de Ville-d’Avray, avec chacune dans le cœur le besoin insatiable de romanesque.
« C’est un roman sur le rêve. C’est ce qu’il y a dans la vie de plus important ». Dominique Barbéris
http://leslivresdejoelle.blogspot.com/2019/12/un-dimanche-ville-davray-de-dominique.html
Deux sœurs se retrouvent un dimanche après-midi de fin d'été dans un pavillon de Ville-d’Avray. La narratrice, parisienne, a rejoint sa sœur Claire Marie dans son pavillon de banlieue de l'Ouest parisien.
Claire Marie, femme au foyer sans histoire, dont la "vie est sur les rails", se confie à sa sœur et lui raconte une invraisemblable rencontre qu'elle a faite quinze ans plus tôt dans le décor en apparence paisible de Ville-d’Avray. La narratrice découvre, stupéfaite, l'errance de sa sœur avec un homme entre les bois de Fausse-Repose, les étangs de Corot, les gares de banlieue, elle imagine tous les dangers qu'elle a frôlés et découvre une sœur qui a agit d'une façon qu'elle ne s'explique pas elle-même "C'était plus fort que moi"... A la faveur de cet échange, les deux sœurs vont revivre certains de leurs souvenirs d'enfance.
Mais ce récit n'est-il pas une pure invention ? Claire Marie raconte-t-elle tout à sa sœur?
"Un dimanche à Ville-d’Avray" est le titre d'un film féérique et mystérieusement inquiétant sorti en 1962. Ce roman fait écho à ce film qui a marqué le cinéma français, il distille avec un petit air de Simenon, un sentiment de mystère et d'angoisse diffus, une étrange sensation d'apesanteur. Dominique Barbéris excelle à créer une ambiance restituant à merveille la langueur des longs dimanches après-midi qui s'étirent, le désœuvrement et l'ennui sources de désarroi dans cette ville de banlieue "tout petite et tellement tranquille". Un roman trouble, déroutant et plein de nostalgie. Un original roman d'ambiance entre rêve et réalité.
Ce roman a été remarqué par les jurés des prix littéraires d'automne, il a fait partie de la deuxième sélection du Prix Goncourt 2019 et a été finaliste du Prix Fémina 2019.
Voilà un joli petit opus de 125 pages qui se lit d’une traite, l’écriture y est délicate , empreinte de douceur ... j’ai eu la sensation de tourner les pages d’un album photos à la couleur sépia ... Qui n’a pas senti cette ambiance si particulière quelque peu triste , ce vague à l’âme du Dimanche soir...
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