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Pissarro partage avec l'avant-garde littéraire et artistique de la fin du XIXe siècle l'esprit de pitié, de générosité et de révolte sociales - la mal- pensance, pour l'époque.
Il n'en laisse passer que de discrètes traces dans ses paysages, ruraux et urbains. Mais en novembre-décembre 1889, dans le secret, il compose vingt-huit dessins à la plume sur le thème du malheur des pauvres et de la cupidité indifférente des nantis : Turpitudes sociales. Restés inconnus jusqu'en 1972 conservés à Genève dans la collection Jean Bonna, ils sont publiés aujourd'hui pour la première fois en France, avec une introduction d'Henri Mitterand.
Lecteur de Kropotkine et de Jean Grave, ami de Mirbeau et de Fénéon, Pissarro se fait ici le continuateur de Daumier et se rapproche de Steinlen, Vallotton, Luce, comme du Zola de L'Assommoir. Pour autant, il accorde avec cette inspiration populiste et pamphlétaire la virtuosité de ses traits, de ses variations optiques et de ses effets d'éclairage, dans le souci absolu de sa liberté d'artiste. "Y a-t-il un art anarchiste ? Oui ? Décidément, ils ne comprennent pas.
Tous les arts sont anarchistes - quand c'est beau et bien ! Voilà ce que j'en pense".
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